Procès du crash Rio-Paris : le parquet requiert la relaxe d'Airbus et d'Air France

Les deux entreprises sont jugées pour homicides involontaires et encourent 225 000 euros d'amende chacune. La catastrophe avait fait 228 morts, dont trois Ultramarins.

Le parquet a requis ce mercredi 7 décembre la relaxe d'Airbus et d'Air France au procès du crash Rio-Paris, qui avait causé la mort de 228 personnes. Le procureur a estimé ne pas être "en mesure de requérir la condamnation" des deux entreprises, jugées pour homicides involontaires.

La culpabilité de l'avionneur et de la compagnie  "nous paraît impossible à démontrer. Nous savons que cette position sera très probablement inaudible pour les parties civiles, mais nous ne sommes pas en mesure de requérir la condamnation d'Air France et d'Airbus", a déclaré en conclusion le procureur.

À ces mots, des cris de colère se sont fait entendre dans la salle d'audience pleine à craquer du tribunal correctionnel de Paris. "J'ai honte d'être française !", "à quoi sert la justice ?", ont lancé certaines parties civiles avant de quitter la salle.

Le vol AF 447 s'était abimé en mer le 1er juin 2009. Les 12 membres d’équipage et les 216 passagers étaient morts sur le coup. Deux Calédoniens et un Réunionnais voyageaient à bord de l'appareil.

Manque de formation et défaut de construction ?  

Après plus de 13 ans de procédure, Airbus et Air France étaient jugés depuis le 10 octobre devant le tribunal correctionnel de Paris. L'avionneur et la compagnie encourent 225 000 euros d'amende chacun. 

476 proches de victimes se sont constitués parties civiles pour ce procès. Ils reprochent à Airbus un défaut de construction concernant les sondes de l'avion et à Air France de ne pas avoir assez formé ses pilotes.

Le 1er juin 2009, le vol AF447 reliant Rio de Janeiro à Paris traverse la zone météo orageuse du "Pot au Noir" quand les sondes anémométriques Pitot, qui mesurent à l'extérieur de l'avion la vitesse de l'appareil, sont bouchées par des cristaux de glace. Déstabilisés, les deux copilotes, bientôt rejoints par le commandant de bord qui était en repos, n'arrivent pas à reprendre le contrôle de l'avion, qui heurte l'océan 4 minutes et 23 secondes après le givrage des sondes.

"Désir de sanction" 

Le parquet a d'abord abordé un "point central des débats" lors du procès ouvert le 10 octobre: le non-remplacement des sondes Pitot de l'A330 d'Air France, de modèle Thalès AA, par un autre modèle semblant moins givrer. " Le parquet a considéré qu'aucun "défaut de conception de l'avion" ne pouvait être retenu contre Airbus. Il a estimé que les éléments à charge rassemblés par la cour d'appel de Paris, qui a ordonné le procès en 2021, n'étaient pas fondés, et a conclu que les prévenus n'avaient pas sous-estimé la gravité des défaillances de sondes Pitot, qui s'étaient multipliées dans les mois précédant l'accident.

Le ministère public a longuement détaillé pourquoi, selon lui, ni Airbus, ni Air France n'ont pas non plus commis de "négligence fautive" en ce qui concerne la formation et l'information des pilotes à cette panne. Après avoir lu une série de témoignages, le procureur a déclaré que "Airbus et Air France pouvaient être fondés à croire à l'époque des faits que ces formations et procédures auraient du suffire à gérer la situation de l'AF447".

"Nous avons entendu l'insoutenable douleur de la perte de vos proches, votre désir de sanction, que des coupables soient désignés", a-t-il poursuivi en s'adressant aux parties civiles. "Notre devoir en tant que ministère public, c'est de nous référer (...) à la loi, sans qu'elle puisse être infléchie par les attentes de l'une ou l'autre des parties, fussent-elles ressenties comme légitimes".