Des programmes européens pour mieux connaître le Zika

Virus Zika
Les états avaient pris l’habitude de lancer leurs propres programmes de recherche médicale (la France l'avait fait à la Réunion après le chikungunya), mais pour la première fois l’Union européenne finance trois grands projets autour du zika, baptisés ZIKAplan, ZIKAction et ZIKAlliance. 
L’objectif prioritaire est de répondre à la question du risque pour les femmes enceintes. Une infection qui est associée à des malformations congénitales de l’enfant et vraisemblablement à des anomalies neurologiques. Mais il reste beaucoup de choses à comprendre, explique le virologue Xavier De Lamballerie : « On ne sait pas quel est le taux exact de ces anomalies chez les femmes infectées. On a encore mal caractérisé les autres anomalies que la microcéphalie. On n’a pas identifié s’il y a d’autres facteurs favorisant que l’infection par le virus Zika… Il y a beaucoup d’inconnues dans ces complications de la grossesse. Les trois projets financés collaboreront pour obtenir des cohortes de femmes enceintes qui seront étudiées, qui seront de grandes tailles et permettront d’avoir des résultats significatifs. »

Ainsi des études cliniques seront menées en Guadeloupe, en Guyane et en Martinique, dont les premiers résultats sont attendus dans un an. Des femmes enceintes seront suivies pendant leur grossesse, tout comme leur enfant jusqu’à l’âge de deux ans.
 

45 millions d’euros pour les trois programmes

Le consortium ZIKAlliance c’est 20 pays qui collaborent et 52 partenaires internationaux. « Pour les essais cliniques, tout le monde travaillera ensemble et en temps réel, confirme le coordinateur Xavier De Lamballerie. "On aura une deuxième catégorie de cohorte épidémiologique, qu’on appelle les ‘cohortes d’histoire naturelle’. On fait rentrer dans ces groupes des gens qui ont attrapé le virus : on les suit avec de grands détails pour savoir exactement quelle est l’histoire naturelle de la maladie chez les patients infectés. »

Un réseau de centres de recherche

Dans les zones où le virus a déjà circulé comme en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, les données seront analysées. Les territoires de l’océan Indien, considérés comme « à risque », seront associés aux programmes. Le consortium a également pour objectif de mieux organiser les recherches en vue de futures menaces d’épidémies dans les zones touchées. Ainsi un réseau de centres de recherche sera mis en place en Amérique latine et dans la Caraïbe. « On pourra ainsi continuer le travail même à l’issue du programme (censé durer 3 ans, ndlr), et contribuer à la surveillance et à l’étude de nouvelles maladies infectieuses dans leurs zones », espère le professeur Xavier De Lamballerie.