Projet de loi climat : "une petite déception" pour les Ultramarins de la Convention citoyenne

Les députés rassemblés dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale, le 12 janvier 2021.

Depuis lundi 29 mars, les députés débattent à l'Assemblée nationale du projet de loi "Climat et résilience", issu des 149 mesures proposées par les citoyens de la Convention citoyenne pour le climat. Un projet en deça des attentes des Ultramarins qui y ont contribué.

"S'il y a un sentiment en plus de la satisfaction que j'ai, c'est peut-être une petite déception". Depuis sa Guadeloupe natale où il est rentré pour son année de césure, Carl Serin, 21 ans, reconnaît une sorte de désintérêt pour les travaux en cours à l'Assemblée nationale sur le projet de loi "Climat et résilience".

Pourtant, l'an passé, il était l'un des six ultramarins tirés au sort dans la Convention citoyenne pour le climat. Le 21 juin, avec 144 autres Français, ils ont remis 149 propositions pour agir en faveur de l'écologie, dont a été issu ce projet de loi de 69 articles. Une "expérience exceptionnelle" pour Carl, qui dit être plus "conscient" des enjeux environnementaux aujourd'hui. "On a fait notre part, poursuit-il, mais c'est vrai qu'avec d'autres citoyens on a un peu l'impression que certaines mesures ont été dénaturées, modifiées, et ont perdu un peu de leur esprit."

Carl S. à la Convention citoyenne pour le climat


Un sentiment partagé par Tristan Dourouguin. Depuis La Réunion où cet étudiant en école de commerce est rentré, il confie ses doutes : "Certains amendements améliorent notre texte, ils sont allés plus loin que ce qu'on avait demandé, mais d'autres suppriment des élements importants du texte.

Je me demande si les amendements qui sont positifs ne sont pas juste l'arbre qui cache la forêt, alors que l'heure n'est plus à la discussion mais à l'action.

Tristan Dourouguin

 

Tristan Dourouguin à l'Elysée

 

Les Outre-mer, oubliés ?

Preuve des controverses que suscite le projet de loi, près de 7000 amendements ont été déposés par les parlementaires. "On ne peut pas se permettre de perdre du temps comme ça et à ce rythme-là, on ne risque pas d'atteindre les objectifs de -40% d'émission de gaz à effets de serre et encore moins les objectifs européens de 50%", déplore Tristan.

Avec en plus au final, peu de place pour les Outre-mer, estiment les étudiants. Tous deux racontent avoir eu un "œil vigilant" pour que chaque mesure ait une "adaptation" pour les territoires ultramarins. Mais non sans difficultés, raconte Carl, qui faisait partie du groupe "Se déplacer", chargé des réflexions sur les transports. "Des experts sont venus nous apporter des données, des éléments scientifiques, des travaux, mais souvent ils n'en avaient pas sur les territoires d'Outre-mer, explique-t-il. Pour moi, c'est un manque."

 

S'il suit les débats de loin, il estime qu'il serait judicieux de créer "une sorte de convention citoyenne délocalisée". Objectif, prendre très clairement en compte les spécificités de chaque territoire, et notamment les territoires d'Outre-mer où parfois, "tout doit être créé de zéro" alors que dans l'Hexagone, la logique est plutôt à la continuité. Car, rappelle Carl, "la perception que l'on a depuis la France hexagonale et la réalité sur le terrain sont deux choses différentes."