Le projet de mine responsable n'est pas encore accepté par le gouvernement, mais il fait déjà beaucoup parler de lui. L'extraction d'or en Guyane suscite une forte opposition de la part des défenseurs de l'environnement.
165.800 signatures ont été recueillies, dans le monde entier, par une pétition en ligne contre le projet « Montagne d'or », prévu près de la ville de Saint-Laurent-du-Maroni dans l'Ouest guyanais. Au même moment, le Brésil décide de s’ouvrir encore plus à l’industrie minière internationale, officiellement, pour créer des emplois.
Un dossier industriel sensible
Selon une note d'information interministérielle de février 2016, les taxes associées à la production minière représenteraient 80,6 millions d'euros et celles à l'importation 325,5 millions d'euros. Le projet Montagne d’Or prévoit la création de près de 3 750 emplois dont 750 emplois directs dans une région touchée par un chômage de masse. Les emplois seraient assurés après une formation aux métiers de la mine, ils seraient réservés aux Guyanais et bénéficierait de la convention collective nationale du secteur minier.
Interrogé ce mardi matin sur LCI, le député REM Matthieu Orphelin, expert des questions écologiques s’est exprimé sur le dossier guyanais : « Le sujet Montagne d’Or est complexe, nous voulons avancer, tout ne passe pas par les médias ».
Concilier emploi et environnement
Les responsables de la société minière Montagne d’Or prévoient d'extraire 6,7 tonnes d'or par an pendant douze ans, soit une valeur estimée à plus de trois milliards d'euros, ils souhaitent un débat public. La Compagnie Minière a annoncé qu'elle organiserait ce débat « au cours du quatrième trimestre » avec « le public directement concerné » par le projet. Les opposants dénoncent la proximité du site avec des massifs à haute biodiversité dont la plus vaste réserve biologique intégrale de France. Ils s'inquiètent aussi des déchets par la création d'une digue étanche de 70 m de haut renfermant les boues issues du processus pour détacher l'or de la roche. Pour fonctionner, la mine demandera aussi des investissements importants. Interrogé par la 1ere.fr, le maire de Saint-Laurent-du-Maroni s’est déclaré favorable au projet : « C’est aux Guyanais de se prononcer sur cette opportunité de développement intégré…Nous avons une jeunesse nombreuse, victime du chômage...La Guyane n’est pas un espace sous cloche » a déclaré Léon Bertrand. On le voit, les positions paraissent, pour le moment, irréconciliables.
Le Brésil sacrifie la forêt
Dans ce contexte, la décision du Brésil, voisin de la Guyane française, d’abroger le statut de réserve naturelle de près de quatre millions d'hectares de forêt amazonienne, qui pourront être exploités à l'avenir par des entreprises minières interpelle. Le décret, publié mercredi 23 août au Journal Officiel, met fin à cette réserve créée en 1984, durant la dictature militaire au Brésil, qui réservait l'exploitation minière aux compagnies publiques. L’idée, selon le chef de l’État brésilien, est d’y ouvrir l’extraction minière au secteur privé afin de créer de l’emploi et dynamiser l’industrie dans un Brésil plongé dans la pire récession qu’il ait connue en un siècle. La décision brésilienne qui aura, sans doute, des conséquences majeures pour l'environnement est d'une tout autre ampleur que le projet guyanais de Montagne d'Or. Celui ci est présenté dans le cadre d’un développement minier responsable de la région de Saint-Laurent-du-Maroni.