Quasi-pénurie de letchis réunionnais pour la fin de l'année

Les letchis de La Réunion seront rares sur les tables pour les fêtes de fin d'année : la faute à des conditions météorologiques inhabituelles pour la saison dans le département d'outre-mer, qui ont drastiquement fait chuter la production.
En 2016, la filière du letchi réunionnais avait réalisé un chiffre d'affaires d'environ 5 millions d'euros pour 10.000 tonnes de fruits récoltés. Cette année, les producteurs voient leur chiffre d'affaires divisé par deux. Une récolte désastreuse comme celle-ci, ils affirment en avoir rarement connue. "Je n'ai jamais vu aussi peu de letchis, cela veut dire moins d'argent que l'an dernier et moins de main d'oeuvre", déplore un exploitant agricole du sud. Regardez le reportage de Réunion 1ère : 

©la1ere

Hausse des prix

Une baisse de 85% et un total de ventes de 1,5 million d'euros étaient envisagés dès la mi-novembre par les professionnels de la filière. Début décembre, la prévision se vérifie : mercredi matin, sur un marché forain de l'ouest de l'île, à peine 10 à 15 kg de letchis s'étalent sur les stands. Le kilo, lui, coûte entre 5 et 7 euros. Habituellement à cette période de l'année, le prix est d'un euro.

Des letchis réunionnais dans un marché bio, près de l'île de la cité

Températures élevées

La cause de cette chute de production du petit fruit rouge sucré ? Les arbres n'ont pas été suffisamment "stressés", en raison des températures élevées pour la saison. "Quand l'hiver arrive, l'arbre se stresse pour pouvoir mettre en place ses mécanismes de floraison dans le but de se reproduire, en faisant des fruits. Là, les conditions étaient bonnes, les arbres n'ont pas enclenché leur mécanisme", explique Eric Lucas, technicien au sein de la Chambre d'Agriculture du département.

Bon positionnement

L'année dernière, le bon chiffre d'affaires avait permis un bon positionnement à l'export pour le letchi, nom spécifique à la Réunion, malgré la concurrence des litchis malgaches. Un millier de tonnes de fruits avait été exportés en 2016 contre une dizaine de tonnes seulement cette saison.


Catastrophe naturelle

"Nous avons mis plusieurs années à être présents sur le marché métropolitain. Cette année, nous allons le perdre au vu de la baisse de la production. Il nous faudra au moins deux ans pour récupérer ces parts de marché", déplore Eric Lucas. Plusieurs des producteurs réunionnais, menacés de faillite, réclament même la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle.

Aide exceptionnelle

Le Conseil départemental de l'île a décidé d'ouvrir une instruction en matière de calamité agricole. Dans le même temps, une aide exceptionnelle à l'entretien des vergers, à hauteur de 2.000 euros par hectare - dans la limite d'aide globale de 1,4 million d'euro -, a été annoncée.

Symbole de festivité

Autres victimes de cette quasi pénurie : les consommateurs réunionnais. Le letchi est en effet l'un des symboles des festivités de Noël et vivre un réveillon sans le petit fruit juteux à la peau rugueuse "n'est pas un vrai réveillon", soupirent beaucoup de Réunionnais.

Les mangues aussi

Pour ajouter à leur morosité, pour les mêmes raisons que les letchis, les mangues se font rares. Si 3.000 tonnes ont été produites en 2016, la récolte 2017 ne devrait pas dépasser 1.200 tonnes, annonce la Chambre d'agriculture. Pas d'autre choix que de se rabattre sur d'autres fruits, tels que le pitaya, l'ananas, la banane et la papaye.