Quatre millions d'euros pour la surveillance aérienne, un million pour la vidéoprotection : les annonces du ministre de l'Intérieur à Mayotte

Gérald Darmanin et Sébastien Lecornu devant des machettes ou upanga, des armes blanches souvent utilisées par les jeunes délinquants de Mayotte.
Gérald Darmanin, en visite à Mayotte avec Sébastien Lecornu, a annoncé de nouveaux moyens pour lutter contre l'immigration clandestine et la délinquance. Son ministère va notamment débloquer quatre millions d’euros pour la surveillance aérienne à partir de l’année prochaine.

Le ministre de l’Intérieur est en déplacement pour quatre jours à Mayotte avec le ministre des Outre-mer. Une visite qui intervient alors que le naufrage d’un kwassa au sud de l'île a causé la mort d'au moins trois personnes ce samedi matin.

En marge de l’inauguration d'une nouvelle caserne de gendarmerie à Dembéni au centre de l'île, Gérald Darmanin a répondu aux questions des journalistes et il a annoncé des moyens supplémentaires pour lutter contre la délinquance et l’immigration clandestine.

 

"De manière générale cette immigration illégale est la responsablilité des passeurs et ce sont les passeurs qui sont des criminels, a tenu à rappeler le ministre de l'Intérieur. "Avec les services de l'Etat, de police et de gendarmerie (...) nous devons pouvoir regarder ces filières, interpeller ces personnes et avec le maximum de preuves, les faire condamner le plus fermement possible", a-t-il insisté.

 

Aujourd'hui, 75% de ces passeurs sont interpellés, arrêtés ou font demi-tour. Il reste une partie importante, je ne l’ignore pas. Les moyens technologiques et humains qu’on y met permettront je l’espère d’atteindre les quasi 100%.

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur

 

►Déblocage de quatre millions d'euros par le ministère de l'Intérieur

Ces moyens, quels sont-ils? Il s'agit notamment de deux navires intercepteurs attendus en 2022 pour la police et la gendarmerie et surtout d'une aide à la surveillance aérienne prévue également pour l'annéé prochaine. Une aide financière, à savoir "quatre millions payés par le ministère de l’intérieur de surveillance des côtes (...) et de la mer par des moyens aériens quasiement continus, c’est ce qui changera en 2022 très profondément pour Mayotte", a expliqué Gérald Darmanin.

A cela s'ajoute un renforcement des effectifs de police sur place. "Indépendamment des 400 policiers et gendarmes en plus déjà consentis par le gouvernement, nous en avons annoncé 40 supplémentaires rien que pour cette année et avons débloqué des unités mobiles", a déclaré M. Darmanin.

Vous pouvez réecouter les réponses du ministre dans cette vidéo :

 

►Un million d'euros pour la vidéo-surveillance

Le ministre a également annoncé aux élus mahorais une enveloppe d'un million d'euros chaque année pour aider les communes à s'équiper en vidéosurveillance. Cette aide sera fournie par le gouvernement. "Les caméras de vidéo-protection sont très utiles dans la lutte contre la délinquance", a indiqué le ministre.

 

Le ministre est aussi revenu sur le problème de la délinquance juvénile. "Quand des jeunes de 8 ans caillassent, attaquent avec des armes blanches la police ou des gens dans la rue, ce n’est pas simplement la police ou la gendarmerie qui peut intervenir", a-t-il déclaré."L’autorité parentale, c’est quelque chose. Les parents doivent s’occuper de leurs enfants, et c’est valable à Mayotte comme sur le reste du territoire."

Le ministre de l'Intérieur a aussi  rappelé le rôle de l'aide sociale à l'enfance, une compétence départementale. "L'aval est sur le répressif, mais on le sait très bien, en amont, sur cette prévention offensive, il y a beaucoup de choses à faire", a ajouté le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu. 

►Une aide à la réinsertion par la formation et l'emploi

Dans ce sens, et "sans même attendre la Loi Mayotte" qui doit être présentée en Conseil des ministres avant début 2022, dix millions d'euros seront donc débloqués dans le projet de loi de finances examiné cet automne au Parlement. 
Sur cette enveloppe, entre sept et huit millions seront dédiés à la création d'une nouvelle compagnie au régiment du service militaire adapté (RSMA), qui vise à offrir aux jeunes de nationalité française une réinsertion par la formation et l'emploi. 

Enfin, un million d'euros, sous la forme d'un appel à projets pour les associations, seront mis sur la table afin d'apporter une réponse éducative aux jeunes en déshérence, car "on ne peut pas avoir la même réponse pénale pour un enfant de huit ans que pour un jeune de 15 ou 16 ans", a observé M. Lecornu.