Qui sont les frères Clain, les deux djihadistes réunionnais neutralisés en Syrie ?

Natifs de La Réunion, Fabien et Jean-Michel Clain sont des figures du djihadisme. Vétérans de la filière dite d'Artigat, les deux frères avaient revendiqué les tueries commises le 13 novembre 2015 à Paris au nom de l'Etat islamique. Fabien Clain a été tué, mercredi, en Syrie. Son frère est blessé.
 
Ils avaient revendiqué les tueries du 13 novembre à Paris au nom de l'État islamique. Fabien Clain et son frère Jean-Michel, deux figures du djihadisme français, font de nouveau la une des médias. Fabien, l'ainé, a été tué, mercredi 20 février en Syrie. Son frère, Jean-Michel a été grièvement blessé. Retour sur l'itinéraire des deux djihadistes de La Réunion à la Syrie.  

A La Réunion de 1991 à 1995

Nés en métropole, les frères Clain ont grandi dans le quartier du Moufia à Saint-Denis à La Réunion, dans les années 90. D'après le site Copains d’Avant, Fabien Clain aurait notamment fréquenté le collège de la Jamaïque à Saint-Denis à partir de 1991, puis le lycée professionnel l’Horizon. 

Son frère cadet, Jean-Michel, aurait lui été scolarisé à l’école des Bancouliers au Moufia et au collège de la Jamaïque entre 1991 et 1995.

Selon Réunion La 1ère qui avait rencontré une cousine des frères Clain qui vit dans l’île, "Fabien, l’aîné, était un adolescent attentif, un peu espiègle. Jean-Michel, lui, était toujours dans son sillage". Tout jeunes déjà, les deux frères semblaient inséparables.
Les frères Clain à La Réunion.
 

Alençon puis Toulouse

La famille Clain aurait quitté La Réunion en 1995 pour retourner vivre à Alençon dans l’Orne. Selon des informations de l’Obs, "Fabien Clain galère. Il ne termine pas son BEP métallurgie, s'inscrit à l'Afpa en plomberie. Il enchaîne les missions d'intérim. En 1998, il se met en couple avec Mylène F., une ancienne camarade d'école".

Les frères Clain se seraient convertis à l’islam à la fin des années 90, "pour rester dans le droit chemin et ne pas basculer dans la délinquance", se souvient leur cousine à La Réunion. En 2001, les deux frères et leurs femmes partent s’installer à Toulouse. Ils se radicalisent dans la première moitié des années 2000 et apparaissent dans les radars des services de renseignements. Ils auraient endoctriné à tour de bras dans leur quartier du Mirail à Toulouse, avant de se rapprocher de la communauté islamiste d'Artigat basée dans l’Ariège.
 

Des proches de Mohamed Merah

Selon une note des services de renseignement, révélée par Le Monde en août 2015, Fabien Clain apparaît dès 2001 dans le radar de l’antiterrorisme. "Son frère Michel et lui ont fondé un groupuscule salafiste et épousé deux converties qui portent la burqa - ce qui leur vaut le surnom de "clan des Belphégor" dans le quartier du Mirail", écrivait alors le quotidien.

En 2004, "leur groupuscule fusionne avec une autre communauté, structurée autour d’un Français d’origine syrienne, Olivier Corel, dit - l’Emir blanc -". C’est pendant leurs réunions avec la cellule d’Artigat que Fabien et Jean-Michel Clain côtoient les frères Merah.
Extrait d'une vidéo réalisée par Mohamed Merah avant son passage à l'acte.

Entre temps, les frères Clain se seraient installés en Belgique et auraient effectué plusieurs voyages en Egypte. L'aîné, Fabien, est l'un des organisateurs d'une filière d'envoi de combattants islamistes en Irak. Il aurait été l'un des pivots entre le groupe toulousain et les groupuscules radicaux belges. Les frères Clain sont finalement arrêtés en 2008 pour l'organisation de cette filière. 
 

Cinq ans de prison

En 2009, Fabien Clain est condamné à 5 ans de prison pour avoir animé cette filière vers l’Irak. Avant son procès, Mohammed Merah lui aurait écrit une lettre, selon le magazine L'Express. A sa sortie de prison en août 2012, Fabien s'installe en Normandie. Il s’indigne alors contre un reportage de "Pièces à conviction" de France 3, qui le présente comme un proche de Mohamed Merah. Le Réunionnais se plaint des conséquences de ce reportage.

Enseignant l’arabe, il assure à l’époque que sa vie est un "enfer" après la diffusion du sujet. "Tout le monde s’est passé le mot très rapidement, confie-t-il alors à 20 Minutes. J’ai vite été assimilé au tueur d’enfants". "Je n’ai jamais été proche de Merah ! Quand il a tué tous ces gens, j’étais en prison. J’ai découvert cela dans ma cellule",s’insurge-t-il. Fabien Clain porte plainte pour diffamation contre France Télévisions et affirme alors qu'il "envisage de déménager". Son frère Jean-Michel, père de six enfants, était, lui, probablement déjà en Syrie.
La voix du djihadiste réunionnais, Fabien Clain aurait été identifiée dans la vidéo de revendication de Daech.
 

Départ pour la Syrie

Fabien Clain aurait pris le chemin de la Syrie en 2014, en compagnie de sa femme, ses trois enfants et plusieurs membres de la mouvance islamiste radicale toulousaine. Ensemble, ils rejoignent l’État islamique et reconstituent sur place la cellule d'Artigat. De là, il reste en contact avec des aspirants-djihadistes en France et est considéré comme l'un des instigateurs de l'attaque avortée en avril contre une église à Villejuif en région parisienne, menée par le jeune Algérien Sid Ahmed Ghlam. Selon le Monde, le nom de Clain apparaissait déjà dans un projet d’attentat avorté au Bataclan, en 2009, fomenté par une cellule Al Quaida.

En 2015, Fabien Clain avait été rapidement identifié comme la voix du message sonore du groupe EI diffusé au lendemain des attaques perpétrées par trois commandos d'hommes revenus de Syrie. Son frère cadet, Jean-Michel, avait été identifié dans les Anasheeds - chants religieux - de l'enregistrement. Les deux djihadistes auraient été intégrés à la préparation de l’attaque. Ils étaient visés depuis fin juin par des mandats d’arrêts internationaux. 
Regardez ce portrait des frères Clain : 
©la1ere