Marine le Pen a interpellé la ministre des Outre-mer sur la fin programmée par l'Europe des quotas sucriers, l'accusant d'être "spectatrice devant le désastre qui s'annonce", faisant réagir mercredi l'ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel, qui a dénoncé sa "méconnaissance" du dossier.
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Dans une lettre ouverte adressée lundi à la ministre, la présidente du Front national explique que la suppression des quotas sucriers est une "mesure terriblement inquiétante pour nos compatriotes ultramarins", qui "verront disparaître la digue fragile qui protégeait encore la filière de la canne à sucre à la Réunion, en Guadeloupe et en Martinique".
Fin des quotas de sucre
En place depuis 1968, les quotas de production de sucre et de prix garantis seront levés le 1er octobre 2017, dernière étape de la libéralisation de la Politique agricole commune (PAC). "Allez-vous encore longtemps, Madame la Ministre, rester spectatrice devant le désastre économique et social qui s'annonce et qui n'est pas sans rappeler la situation vécue par nos producteurs de lait, confrontés eux-aussi à une mesure de suppression des quotas ?", interroge Mme Le Pen.
Ma lettre ouverte à Madame la Ministre des Outre-Mer : https://t.co/ljugOSgIzG #Guadeloupe #Martinique #LaRéunion pic.twitter.com/GHnXpI2IMG
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 13 juin 2016
Versement d'une aide
La présidente du FN estime qu'il faut "cesser de subir les diktats ultralibéraux de l'Union européenne" et "préparer le rétablissement de quotas sucriers encadrés par une Politique Agricole Française souveraine". L'entourage de la ministre a précisé à l'AFP qu'une lettre de réponse avait été envoyée à Mme Le Pen, pour lui rappeler que le gouvernement avait engagé des discussions avec la Commission européenne pour le versement d'une aide annuelle complémentaire au secteur de la canne à partir d'octobre 2017, et qu'elle avait demandé que les sucres spéciaux (sucres roux non destinés au raffinage), qui constituent un marché de niche stratégique pour les outre-mer, soient exclus des accord de libre-échange.
Réaction de Victorin Lurel
Pour le secrétaire national du PS chargé des Outre-mer et ancien ministre des Outre-mer Victorin Lurel, Mme Le Pen "fait une nouvelle fois preuve de sa méconnaissance des dossiers communautaires" et "semble ignorer le sens de l'action du gouvernement engagée depuis 2012 en matière de modernisation et de soutien des filières agricoles traditionnelles des Outre-mer".
Aide de 38 millions d'euros
"C'est bien la gauche qui a décidé d'une aide supplémentaire de 38 millions d'euros par an à la filière canne, qui a veillé à exclure les sucres spéciaux des négociations d'accords commerciaux communautaires et qui a revalorisé substantiellement la prime bagasse (résidus de canne à sucre utilisé dans les centrales électriques pour produire de l'énergie, ndlr) aux producteurs", a-t-il fait valoir.