Pour Hamida Imrane, ce premier Ramadan après le déconfinement est particulier. La jeune étudiante en 5ème année de Droit à l’Université Panthéon-Assas profite d’une respiration entre deux révisions pour venir faire ses courses. Forcément un moment important pour cette étudiante. De passage dans une boucherie hallal du 14ème arrondissement de Paris, elle commande poliment au gérant de la boutique "un kilo d’ailes de poulets s’il vous plaît". Sourire aux lèvres, elle quitte le magasin le sac de courses rempli. "Je suis arrivée en 2019. Pour tout vous dire, j’ai vraiment tout vécu : la crise avec les gilets jaunes, les grandes grèves avec les transports, le confinement avec le covid-19 en 2020. Depuis mon arrivée dans l’Hexagone, j’ai été à l’Université seulement quelques mois. Par la suite, j’étais enfermée dans ma chambre universitaire à cause du confinement. Ce n’était pas du tout été facile", poursuit-elle.
Une spiritualité qui l'accompagne tous les jours
Croyante et pratiquante, ce mois de Ramadan, permet à la jeune femme, originaire de Pamandzi de se retrouver avec elle-même. Après avoir rangé ses courses, Hamida se plonge dans la lecture du Coran. Elle confie que "la spiritualité m’a quand même bien aidée dans ma vie quotidienne. J’ai réussi à mieux m’adapter, à trouver ma place ici et j’ai fait des rencontres grâce à ça. Avec ce que j’apprends tous les jours dans la religion, ma spiritualité, ça me permet de mieux appréhender la vie, de la prendre du bon côté." Les cours de Droit sont aussi très important pour l'étudiante de la prestigieuse faculté Paris Panthéon-Assas. Inscrite cette année à l’Institut d’Etudes Judiciaires de Paris (IEJ), Hamida Imrane revient sur son parcours excellent parcours scolaire. "J’ai fait ma Licence de Droit à Mayotte au CUFR de Dembeni. Les professeurs étaient très bons, à l’écoute. Ils nous aidaient beaucoup. Aujourd’hui, grâce à ces enseignements, j’ai pu réussir à être accepté à Paris II. J’ai réussi à faire mon Master 1 là-bas, mon Master 2 à l’Université de Paris et aujourd’hui j’ai réussi à revenir à Assas pour pouvoir passer le diplôme du barreau d’avocat", explique-t-elle.
Sociable et engagée
Impliquée dans la vie associative, la future avocate, qui cumule également un job étudiant de baby-sitter, reçoit, tradition du Ramadan oblige, un compatriote de Mayotte. "J’ai fait des bananes, du manioc et des patates douces. J’ai également fait des ailes de poulet, des chaussons avec des champions poireaux et du oubou (bouillie de semoule sucrée au lait)". Layidine Youssouf est l’invitée du jour. Etudiant en Master 2 Mathématiques et aussi trésorier de l’association mahoraise CFAM 976, il aide sa camarade mais se délecte surtout de ce qu’elle prépare en cuisine. "Ce qui me fait plaisir, c’est qu’elle prépare des choses qu’on ne mange pas très souvent ici cela fait très plaisir je dois le reconnaître. Moi qui suis étudiant ici depuis quelques années, le rythme riz-pâtes, riz-pâtes et le classique riz ça fini par fatiguer", dit-il en souriant.
Il est temps de rompre le jeûne. La nuit est tombée, les portables laissent échapper l’adhan, l’appel à la prière, les deux étudiants mahorais peuvent rompre leur jêune et déguster un repas typiquement mahorais, bien mérité.