Référendum en Nouvelle-Calédonie: la question proposée par Edouard Philippe fait consensus

Edouard Philippe concluant le XVIIe Comité des signataires, le 27 mars 2018.
"Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?" C’est la question proposée par Edouard Philippe à l’issue du plus long comité des signataires des accords de Nouméa. Une question qui semble faire consensus. 

Edouard Philippe aura vécu le plus long comité des signataires des accords de Nouméa depuis 2000, année de lancement de cette assemblée. La réunion a commencé à 9h dans l’hôtel Cassini, une annexe de Matignon. Puis elle s’est poursuivie à 18h à l’hôtel Matignon, en présence du Premier ministre qui s'était absenté en début d'après-midi.

Diplomatie et savoir-faire

Cette dernière réunion aura duré jusqu’à 1h30 du matin. Les débats sur la question du référendum ont été passionnés. Le Premier ministre a du faire preuve de diplomatie et de beaucoup de savoir-faire pour parvenir à rapprocher des visions totalement contradictoires sur la rédaction de cette fameuse question de la consultation du 4 novembre 2018.


Retrouvez ici le discours du Premier ministre :


Une méthode saluée

A l'issue du comité des signataires, Pierre Frogier (Rassemblement LR), Victor Tutugoro (UPM), Philippe Gomès (Calédonie ensemble), Roch Wamytan (UC) et Sonia Backès (MRC) ont unanimement salué le travail du Premier ministre qui a permis d'aboutir à la formulation d'une question au référendum. 

Retrouvez ici les réactions des participants au comité :


Réponse par "oui" ou "non"

Selon la déclaration finale de la réunion, "après échanges et concertations, le Premier ministre a proposé que la question soit ainsi formulée : "Voulez-vous que la Nouvelle-Calédonie accède à la pleine souveraineté et devienne indépendante ?", et que la réponse soit "oui" ou "non". 

Soumise au Conseil d'Etat

La formulation, qui va être soumise au Conseil d'Etat en vue de l'examen du décret convoquant les électeurs, "a un sens politique profond : elle permet à chacune des forces politiques de se positionner clairement", a fait valoir le Premier ministre lors d'une déclaration nocturne à la presse, au côté des élus calédoniens et de la ministre des Outre-mer Annick Girardin.

La paix sémantique

En accolant les deux termes "pleine souveraineté" et "indépendance", le Premier ministre a fait le choix du consensus. Les indépendantistes souhaitaient absolument voir dans la question du référendum la "pleine souveraineté" qui figure dans les accords de Matignon. Tandis que les loyalistes du Rassemblement LR de Pierre Frogier et les Républicains calédoniens de Sonia Backès plaidaient pour la présence des mots "Indépendance" et "France". 

Un compromis 

Calédonie ensemble par la voix de Philippe Michel estimait que "ce débat n'était pas vraiment le sujet" et se montrait ouvert aux deux propositions. "Les membres du comité des signataires considèrent que cette formulation, qui est un compromis, est conforme aux principes de clarté, de loyauté et de sincérité", est-il écrit dans le relevé des conclusions du XVIIe comité des signataires de l'accord de Nouméa. Regardez ci-dessous le relevé des conclusions et la déclaration du Premier ministre :

Relevé des conclusions

Déclaration Edouard Philippe


Voyage présidentiel

A la fin de son discours, le Premier ministre a  salué le travail des élus calédoniens et montré toute son estime pour le chemin parcouru. Sur ce dossier, Edouard Philippe donne l'impression de vouloir laisser sa marque, comme l'un de ses illustres prédécesseurs, Michel Rocard. Edouard Philippe a ainsi préparé le voyage du président. Emmanuel Macron est en effet attendu début mai en Nouvelle-Calédonie.  

Le réveil du chemin de l'avenir

Par ailleurs, le Premier ministre doit réunir ce mercredi 28 mars à 16h30 le groupe de travail "chemin de l'avenir" lancé lors du XVIe comité des signataires en décembre dernier. Le groupe rebaptisé depuis G10 avait explosé en février dernier, devant le G8. Les Républicains calédoniens et le Rassemblement-LR l'avaient quitté avec fracas, dénonçant une forme excessive de repentance.

Edouard Philippe va proposer "de nouvelles modalités de fonctionnement" pour ce groupe dont la mission est de "préparer l'après référendum".