La réforme du bac risque "de fragiliser l'enseignement des langues d'Outre-mer" selon le CESE

Membres du CESE : Sarah Mouhoussoune (Mayotte), Octave Togna (Nouvelle-calédonie), Jean-Etienne Antoinette (Guyane) et Isabelle Biaux-Altmann (Saint-Martin)
Le Conseil économique, social et environnemental s’inquiète des conséquences de la réforme du Baccalauréat prévue par le gouvernement pour 2021. Ce mardi 25 juin le CESE a voté un avis présenté en assemblée plénière afin de valoriser les langues des Outre-mer.
 
La France possède une richesse linguistique largement méconnue. 75 langues de France reconnues par l'Etat sont parlées aux quatre coins de la planète. Parmi celles-ci, 54 proviennent des Outre-mer. De nombreux scientifiques et linguistes s’accordent à dire aujourd’hui que l’apprentissage de plusieurs langues est pour tout enfant, non pas une source d’échec, mais au contraire un atout considérable, un gage de réussite.  
 

Langues dévalorisées

Pendant longtemps ces langues ont été "dévalorisées par la colonisation et le système jacobin français", estime Dominique Rivière du Conseil économique et social. "Grâce au rôle des mouvements culturels, aux études scientifiques, aux Français d’Outre-mer favorables à la réussite éducative de leurs enfants, on ne part pas de rien", souligne ce Réunionnais.


Réforme du bac

Mais le CESE, avec cet avis voté à l’unanimité (121 voix pour, 30 abstentions), ne cache pas son inquiétude face à la réforme du lycée et du baccalauréat initiée par le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer.
 

Un enseignement fragilisé

Selon le conseil : "le projet de réforme prévoit la possibilité de choisir l’enseignement de langue régionale en langue B (seconde langue), au détriment d’une deuxième langue vivante étrangère dans le cadre des enseignements obligatoires".

"Ce choix entre une langue étrangère et une langue régionale risque de fragiliser cet enseignement, de conduire dans certains cas à la disparition de l’enseignement optionnel de Langue et culture régionales, et de diminuer le temps consacré à l’apprentissage de la langue régionale".

-Projet d'avis du CESE du mardi 25 juin 2019 (Préconisation 3)

►Interview ci-dessous :

CESE : Isabelle Biaux-Altmann
 

Ex-recteur de Guyane

La Polynésien Christian Vernaudon, lui aussi membre du CESE, espère que cet avis consultatif aura un écho auprès du ministère de l’Education. Il rappelle que "le ministre, ex-recteur de l’académie de Guyane avait tenu des propos très favorables aux langues d’Outre-mer lors des Etats généraux du multilinguisme dans les Outre-mer de Cayenne en décembre 2011".


"Revoir sa copie"

Pour le Guyanais, Jean-Etienne Antoinette, président de la délégation à l’Outre-mer du CESE, "le ministre doit revoir sa copie". 

►Sa réaction ci-dessous :


Des membres de la délégation à l’Outre-mer du CESE espèrent prochainement être reçus par le ministre de l’Education afin de l’alerter sur les dangers de la réforme du lycée et du bac pour ces langues d’Outre-mer.
 

►Consulter l'avis du CESE :

Les autres préconisations de CESE
  • Renforcer et faciliter l’enseignement des langues des Outre-mer
  • Ratifier, au nom de la France, la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires.
  • Créer d'une Journée nationale des langues et cultures régionales des Outre-mer 
  • Encourager les pratiques de traduction, d’interprétation et d’accompagnement en langue régionale pour favoriser l’accès notamment à la santé, l’éducation, la police, au droit et à la Justice.
  • Formation d'accueil aux fonctionnaires, agents publics et personnels dans les Outre-mer, en particulier les enseignants, pour une meilleure approche des langues et cultures du territoire dans lequel ils exercent.
  • Renforcement de la visibilité des langues et cultures régionales dans le groupe France Télévision et le maintien de France Ô.
  • Reconnaître le "créole anglais" de Saint-Martin comme langue de France.