Renouvellement de la licence du glyphosate : l’herbicide est-il très utilisé Outre-mer ? [SYNTHESE]

Roundup en vente, image d'archives.
Le sort du glyphosate est examiné ce lundi à la commission européenne. La France par la voix de Nicolas Hulot plaide pour un renouvellement qui n’excède pas trois ans. La1ère profite de ce débat pour s’intéresser à l’usage de cet herbicide Outre-mer. 
Faire de l’agriculture en milieu tropical n’est pas chose aisée. Pas d’hiver pour se reposer. Les plantes ne cessent de pousser et les insectes de se balader. Plus qu’ailleurs, les agriculteurs ont la tentation d’utiliser des herbicides. Et le glyphosate, cet herbicide puissant commercialisé par Monsanto sous le nom de Roundup, est le plus consommé au monde.

Glyphosate et chlordécone

En Martinique et en Guadeloupe, la crise chlordécone est passée par là. Ce pesticide qui a durablement pollué les sols est encore dans tous les esprits. Les agriculteurs sont désormais sensibilisés à la question des produits phyto-sanitaires ainsi qu’une grande partie de la population.

Bananeraies aux Antilles

Méfiance en Martinique

Dans un reportage de Martinique 1ère, Josiane Jos-Pelage, présidente de l’AMSES (Association médicale de sauvegarde de l’environnement et de la santé) estimait que le glyphosate ne devrait pas être autorisé : "Nous avons déjà une pollution permanente au chlordécone, en ajoutant le glyphosate, on fabrique un cocktail. On sait que les cocktails de pesticides multiplient les risques. Le principe de précaution voudrait qu’on l’interdise".

Essayer de faire sans

Beaucoup d’agriculteurs utilisent du glyphosate en Martinique. Certains essaient de faire sans. "C’est sûr qu’au début c’était bizarre de passer la débroussailleuse dans un champs, confiait un agriculteur à Martinique 1ère, mais on est de plus en plus nombreux à le faire. C’est un produit qui dangereux, cancérigène", dit-il. Regardez ci-dessous le Reportage de Martinique 1ère :

Débat intense en Martinique où les opposants au glyphosate redoutent un scandale comme celui du chlordécone ©martinique


Démarche innovante en Guadeloupe

En Guadeloupe, l’entreprise GAGE (Guadeloupe agriculture gestion écologique), produit sans herbicides et sans pesticides des tomates, des concombres, des haricots, des choux et des laitues 100% écologique. Franciane Gamiette, la gérante a mis en place du côté de Saint-Rose 2000 m2 de cultures maraîchères.

Franciane Gamiette

Formations à Cuba

Cette ingénieure agronome qui a travaillé pendant 30 ans à l’INRA en Guadeloupe a démissionné. Après plusieurs formations à Cuba, elle a ouvert un petit laboratoire de recherche et s’est lancée progressivement dans la culture maraîchère.

Des alternatives existent

Contactée par La1ère, elle explique que le glyphosate est l’un des herbicides le plus consommé en Guadeloupe. "Des alternatives au glyphosate existent, ajoute Franciane Gamiette comme par exemple l’arrachage mécanique ou l’utilisation de plantes de couverture notamment dans les champs de canne à sucre. Mais ces méthodes sont très peu adoptées. Les techniciens et les agriculteurs ont été formés à l’école du chimique".


Produire autrement

Toutefois l’ingénieure agronome ne reste pas les bras croisés et propose depuis 2016 des formations du type "comment gérer la biodiversité pour une agriculture productive et saine".

Cultures maraîchères de GAGE

En guerre contre l'herbicide

Dans un reportage, Guadeloupe 1ère interroge des agriculteurs sur l’usage du glyphosate. Tony Dambury est en guerre contre les herbicides. Sa révolution verte a débuté il y a cinq ans quand ses ananas perdaient de leur saveur et se pigmentaient de taches noires. L’agriculteur a décidé d’abandonner les herbicides. Depuis, ses fruits ont retrouvé leur saveur. Aujourd’hui, il déracine les mauvaises herbes. Cela peut lui prendre trois semaines.

Utilisé en bordure des champs

Un autre agriculteur avoue continuer à utiliser le glyphosate. Pour les bordures de son champ de canne à sucre. Pour les bananeraies, l’acide de colza est en cours d’homologation précise le reportage de Guadeloupe 1ère ci-dessous :

©guadeloupe


Pas cancérigène ?

En Nouvelle-Calédonie, 7000 litres glyphosate sont utilisés par an. Interrogé par NC1ère, le professeur de toxicologie à l’Université de Bordeaux Jean-François Narbonne estime que "le glypohosate ne fait pas partie des composés qui ont induit des cancers en Métropole. Aux Etats-Unis, c’est pareil", ajoute-t-il.


Expériences à la pépinière

Dans une pépinière de la Tamoa, on essaie d’utiliser le moins possible de désherbants chimiques. Avec du paillage naturel ou tout simplement de l’arrachage, l’usage de désherbant est limité.  Regardez ci-dessous le reportage de NC1ère :


Passer à autre chose

A La Réunion, le glyphosate est l’herbicide le plus utilisé et le plus vendu. Les planteurs de canne utilisent encore le glyphosate, même si selon Julius, interrogé par Réunion 1ère, "on en utilise de moins en moins". Dans sa petite exploitation, Stéphane a "raccroché" depuis 15 ans. "Il faut passer à autre chose, passer à des produits de substitution", confie-t-il. Regardez ci-dessous le reportage de Réunion 1ère :

©reunion


Maîtrise du glyphosate ?

A Mayotte, Safina Soula connaît bien le monde agricole. Cette Mahoraise est fournisseure de semences à Mangajou. Contactée par La1ère, elle explique que les agriculteurs utilisent du glyphosate comme désherbant, "mais ils maîtrisent les dosages et savent l’utiliser", ajoute-t-elle. Safina Soula profite de son commerce de semences pour les sensibiliser "aux méfaits" de ses produits chimiques.

Glyphosate de Chine

Pour cette Mahoraise, le plus grave problème vient "des agriculteurs clandestins" comme elle les nomme. "Ils viennent d’Anjouan et utilisent du glyphosate acheté aux Comores et fabriqué en Chine dont la composition est encore plus puissante", selon Safina Soula. "Les agriculteurs clandestins, poursuit-elle, veulent aller vite et utilisent beaucoup de désherbants pour défricher rapidement le terrain où ils font leurs plantations".

L'Association des assoiffés de Mayotte

Du glyphosate dans les légumes ?

Nous avons eu récemment un problème à Mayotte avec des tomates vendues au coin de la rue qui sont remplies de composants chimiques, mais il  y a aussi les concombres, les tomates, les choux. Ensuite le glyphosate va dans l’eau et on se retrouve avec une eau polluée", s’inquiète Safina Soula qui en plus de son commerce est aussi secrétaire générale de l’Association des Assoiffés de Mayotte, une association écologiste.

Agriculteur Bio à Cacao

En Guyane à Cacao, Jean-François Bézert fait partie des rares agriculteurs à avoir fait le choix du Bio. Installé depuis 5 ans dans le département, il a été marqué par son expérience en Provence. "C’est bien simple, explique-t-il, j’ai 53 ans aujourd’hui et j’ai vu trop d’agriculteurs mourir vers les 60 ans du même type de maladie : leucémie, cancer de la gorge ou Parkinson. On a considéré que c’était normal, mais moi je me suis dit qu’il fallait arrêter la chimie". 

Cacao, plantes médicinales

Calcul économique

A Cacao, Jean-François Bézert n’utilise donc pas de glyphosate. "Ce n'est pas facile, car si l’on fait un calcul économique, que l’on a une famille à nourrir, le désherbant chimique revient moins cher". L’agriculteur qui produits des bananes, des citrons, des oranges, des épinards pays, des radis, quatre espèces d’aubergine et bien d’autres fruits et légumes, a choisi d’utiliser plusieurs techniques pour éviter l’usage de glyphosate.

Techniques alternatives

"Je couvre le sol avec des déchirures de bois. Ça met le sol à l’ombre. Or les graines ne germent pas dans le noir. J’utilise aussi des générateurs à vapeur pour brûler les graines de futures mauvaises herbes. J’ai acheté un instrument pour le sarclage et quand je n’ai pas d’autre solution, j’arrache tout simplement avec mes mains".

 

Entrée de Cacao


Glyphosate acheté au Suriname

A Cacao, la grande majorité des agriculteurs utilise du glyphosate. Certains s’approvisionnent au Suriname ou le produit coût jusqu’à 20 fois moins cher. Jean-François Bézert ne leur jette pas la pierre car il sait à quel point le métier d’agriculteur n’est pas facile.