Les requins se trouvent particulièrement bien en Polynésie selon une étude

Une étude publiée dans la revue Nature s’est penchée sur l’état de santé des populations de requins de récifs dans le monde. La Polynésie apparaît clairement comme le meilleur site pour les requins suivi par la Nouvelle-Calédonie. En revanche, aux Antilles, les requins ont quasiment disparu.
 
Le volet polynésien de cette étude regroupant 58 pays différents, s’est déroulé dans 17 îles polynésiennes, sous la direction du Dr Eric CLUA, vétérinaire, directeur d’études EPHE-PSL au sein du CRIOBE (EPHE-PSL/CNRS/Université de Perpignan Via Domitia).
L’étude démontre que c’est dans les eaux polynésiennes que les plongeurs ont le plus de chance d’observer différentes espèces de requins et dans des densités supérieures à des destinations comme Palau, les Maldives ou les Bahamas.
Eric Clua en train de réoxygéner un bouledogue de 3 mètres en Nouvelle-Calédonie, suite à un marquage

Selon l’étude parue dans la revue internationale Nature, "la présence d’un sanctuaire qui protège ces animaux depuis 2006 a probablement contribué à cette situation exceptionnelle". "Beaucoup d’autres pays ont continué à tolérer la pêche au requin ou le développement urbain sur les littoraux et la mauvaise gestion des effluents d’eau douce, qui altèrent significativement leur habitat", précise encore l’étude.

L’objectif général de ce consortium de chercheurs consistait à dénombrer les différentes espèces de requins de récif et leur densité à l’échelle planétaire, afin de mieux comprendre les facteurs qui menacent aujourd’hui leur survie ou, au contraire, ceux qui permettent leur conservation.

Pour y parvenir des centaines de chercheurs à travers le monde ont immergé des caméras sous-marines fixées sur des supports métalliques qui incluaient aussi des récipients contenant des appâts. Attirés par l’odeur, les requins de la zone s’approchent plus facilement, ce qui permet de les dénombrer.
Eric Clua (les mains dans la gueule du requin), lors d'une mission d'étude des requins en Nouvelle-Calédonie

Plusieurs caméras étaient immergées pendant 90 minutes et ce trois à quatre fois par jour, à divers endroits choisis au hasard sur la pente récifale. Dans le monde entier, ce sont plus de 15 000 sessions qui ont été conduites, de même que des milliers de plongées permettant de recueillir des informations complémentaires comme la disponibilité en ressources alimentaires pour les requins.

En Polynésie française, 17 îles ont été étudiées entre octobre 2016 et décembre 2017, pour un total de 4 300 heures de vidéo. Les critères d’évaluation de la santé des populations de requins reposaient sur le nombre d’espèces différentes de requins (et raies) qui apparaissaient sur l’écran, de même que le nombre d’individus d’une même espèce au même moment.
 

Destination favorable aux requins

La Polynésie arrive donc de loin devant toutes les destinations telles que Palau, Hawaii ou les Fidji dans le Pacifique, que l’on peut considérer comme concurrentes sur le marché de l’observation des requins, dont beaucoup de touristes sont friands à travers le monde.

Dans les autres Outre-mers français impliqués dans l’étude, la Nouvelle-Calédonie apparaît comme un site lui aussi privilégié en ce qui concerne l’état de santé des populations de requins de récif. En revanche, les Antilles françaises accusent des résultats avec des densités très proches de zéro.

Pour Eric Clua et ses collègues, « de telles situations sont alarmantes étant donné le rôle important que ces prédateurs jouent dans l’équilibre et la productivité des écosystèmes récifaux ».