L'ONU pourrait adopter en décembre un projet de résolution défendu par les indépendantistes polynésiens. S'il est adopté, il renforcera la souveraineté de la Polynésie sur ses ressources et garantira à l'archipel d'être mieux informé sur les conséquences des essais nucléraires.
Maïlys Khider •
Le comité régional de décolonisation de l'ONU (Organisation des Nations Unies) a adopté le texte de résolution défendu par les indépendantistes polynésiens. Un premier article renforce la souveraineté de la Polynésie sur ses ressources. En effet, l’Etat peut actuellement les classer comme « stratégiques » et ainsi les récupérer par voie de décret. C’est pourquoi la première clause ajoutée stipule que « l’Assemblée générale exhorte la puissance administrante de garantir la souveraineté permanente du peuple de la Polynésie française sur ses ressources naturelles, y compris les ressources marines et les minéraux sous-marins ».
Intensifier la transmission d'informations sur les essais nucléaires
Un deuxième article vise également à intensifier la transmission d’informations concernant les essais nucléaires qui ont eu lieu en Polynésie française de 1966 à 1996. Il demande au secrétaire général de continuer à lui « communiquer des mises à jour de son rapport sur les retombées environnementales, écologiques, sanitaires et autres des essais nucléaires pratiqués pendant 30 ans en Polynésie française, contenant des détails supplémentaires sur les retombées des essais nucléaires dans le territoire ».
Un long processus d’adoption
Plusieurs étapes ont précédé l’adoption en comité régional de la mesure. En juin 2016, le projet de résolution avait été porté par l’UPLD (Union pour la démocratie). Cette coalition de partis souverainistes polynésiens formée en 2004 fait du lobbying auprès de l’ONU. Elle défend une plus grande autonomie de l’archipel vis-à-vis de la Métropole. C’est dans ce but que le représentant de l’UPLD, Richard Tuheiava (un membre de l’Assemblée territoriale de Polynésie française), se rend fréquemment à New-York au siège des Nations Unies. Plus tôt, en 2013, Oscar Temaru, leader des indépendantistes a obtenu la réintroduction de la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser de l’ONU.
Un référendum en vue ?
Pour appuyer ses revendications, Richard Tuheiava a présenté au comité la pétition de l’association 193. Signée par 42000 personnes, elle demande la tenue d’un référendum posant la question suivante : « Pensez-vous que la France doit réparer les conséquences sanitaires et environnementales ? ». Pour l’organisation, le contrôle des richesses marines est indissociable de l’émancipation. Dans l’attente d’une consultation populaire locale, l’Assemblée générale des Nations Unies doit voter le projet de résolution en décembre 2016.