Retiré des pistes, l'athlète martiniquais Emmanuel Biron, 34 ans, rêve d'adieux olympiques à Paris

Autoportrait du Martiniquais Emmanuel Biron.
Et pourtant, sa nouvelle vie est épanouissante. Une activité professionnelle diversifiée. Gratifiante. Une relation amoureuse solide. Envoûtante. Il n'empêche qu'Emmanuel Biron n'a pas encore fait une croix définitive sur l'athlétisme. Le Martiniquais ose un dernier pari : se qualifier pour les JO de Paris 2024.

Emmanuel Biron a changé de vie. Depuis 2020. Délaissant le sport de haut niveau. Pour une activité à triple casquettes. "Mais toujours à Lyon !", précise fièrement le natif de la capitale des Gaules. Ceux qui se souviennent du sprinteur de l'équipe de France, ont gardé l'image d'un homme qui court. En 2023, c'est toujours le cas. Mais différemment. Désormais, son planning hebdomadaire ressemble à un jeu de Tetris géant. Le Martiniquais court… et jongle. "Il y a des périodes plus compliquées que d'autres. Mais je m'en sors. Le secret ? Claire, ma compagne et future épouse. Elle est agent immobilier et m'a montré comment m'organiser au mieux. Que ce soit dans mon agenda ou sur le plan administratif. Donc grâce à Claire, j'y arrive. Sans problème."

L'athlète martiniquais Emmanuel Biron (le 2e en partant de la droite) en 2012 aux championnats d'Europe à Helsinki avec la médaille de bronze obtenue sur le relais du 4 fois 100 mètres. Une image prémonitoire de 2024 ?

Vraiment finir en beauté

Février 2019. Emmanuel s'en souvient comme si c'était hier. Lors d'une classique séance de musculation, le Martiniquais est victime d'une rupture du tendon quadricipital. Opération du genou. Obligatoire. Rééducation. Longue. "J'ai eu l'impression de mettre une éternité à revenir." En 2020, de nouveau prêt à en découdre, la planète le remet en pause forcée. Covid. Pandémie. Découragement. "J'avais déjà fait tellement de sacrifices. Là, j'apprends que les Jeux sont reportés en 2021. Avec une grosse incertitude qui plane. J'ai préféré arrêter. Aucun regret." 

Sauf qu'il arrête sans s'arrêter. "Je m'entraîne toujours trois fois par semaine." Ne prend pas un gramme. La forme optimale. Et une idée derrière la tête. "À partir du mois de juin, je commence une préparation spécifique." Pour un retour sur les pistes ? "J'ambitionne de faire la prochaine saison hivernale. Le 60 mètres est très intense. Idéal pour savoir où j'en suis." L'hiver 2024 pourrait ainsi remettre Emmanuel Biron sur la voie olympique. "J'ai gardé la dynamique. Même si je me suis absenté, je cumule plus d'expérience que certains. Je pense que j'ai mes chances. Si mon hiver est bon, je peux retrouver une place légitime dans le relais tricolore 4 fois 100 de Paris 2024."

Le Martiniquais Emmanuel Biron en plein coaching sportif. Sa clientèle ? Des femmes à 80 pour cent.

Au service des autres

La première des triples casquettes d'Emmanuel Biron concerne le sport. De haut niveau. Logique. Évident. Le Martiniquais est préparateur physique. Dans le domaine du foot. "Je m'occupe de jeunes joueurs de l'OL Academy. Ils flirtent avec le monde pro." Le foot donc. Et le golf. Au club Bluegreen de Grand Lyon Chassieu. "Je travaille avec des golfeurs index 4. J'interviens avec des exercices spécifiques. On ne le soupçonne pas mais le sprint apporte de l'explosivité au golfeur et renforce ses appuis." 

Emmanuel a une règle d'or : "si tu veux performer, ça ne tient qu'à toi et à ton entraînement." Une règle valable à la fois pour les pros et les quidams. Ça tombe bien. Le Martiniquais coache également des anonymes. C'est sa deuxième casquette. Personal trainer. Avec un programme à la carte. "Les gens viennent me voir pour préparer un trek au Népal. D'autres veulent juste perdre du poids, retrouver la forme. Les séances se font rarement dans une salle de sport. Je viens avec du matériel adapté." La clientèle est fournie. Le bouche-à-oreille fonctionne bien. Et un constat : "80 pour cent de mes clients sont des clientes." Les femmes bougeraient-elles plus que les hommes ?

Un spécialiste du bon geste

La dernière casquette du Biron nouveau concerne la sécurité au travail. "Je n'étais pas du tout programmé pour ça." Il a suffi d'une première intervention sur les gestes et les postures au travail pour que tout change. "Ma prestation a plu. Je me suis alors lancé tout seul." Chez le lyonnais Biomérieux notamment. "Aujourd'hui, je suis déployé sur toute la France. J'aide à prévenir les blessures liées à la pénibilité. Je joue aussi un rôle d'observateur extérieur." 

Un champion a souvent appris à connaître son corps. À le sentir. C'est le cas d'Emmanuel Biron. Assez logiquement, le novice de la sécurité au travail s'est vite mué en expert. Un expert désormais très sollicité. "J'ai été contacté par l'entreprise d'intérim Ranstad. Elle m'envoie en mission dans des entreprises. Je visite alors l'intégralité du site, les chaînes de production. Je rencontre tous les collaborateurs. Avant de faire un retour. À chacun. Avec des propositions concrètes pour soulager la pénibilité. C'est très apprécié. Très demandé aussi."

Le Martiniquais Emmanuel Biron en pleine intervention sur un site de Biomérieux. Il mesure ici la pénibilité du collaborateur qui travaille au conditionnement des produits. Impressionnant.