"La Gestion de la crise sanitaire liée au Covid-19 en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie et à Wallis et Futuna" était au centre d'un colloque organisé par des étudiants originaires des territoires du Pacifique, ce lundi. L'occasion de partager leurs inquiétudes avec les élus et de les interroger.
Thierry Santa, le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie et Nivaleta Iloai, présidente de l'Assemblée territoriale de Wallis et Futuna, ont participé, depuis leurs territoires respectifs, au premier "colloque océanien" organisé par l'Association des Étudiants de Polynésie française de Paris (AEPF Paris), le Centre pour le Destin Commun (CDC) et l'Association des Étudiants et Stagiaires Kanak de Paris (Aeskparis Cagou). Également invité à cette visioconférence, le président de la Polynésie, Edouard Fritch - arrivé à Paris ce lundi - n'a pas pu répondre présent. Sa ministre de l'Education, Christelle Lehartel, l'a remplacé.
Le retour des étudiants dans leurs territoires
Thierry Santa a annoncé le rapatriement d'étudiants calédoniens depuis l'Hexagone vers la Nouvelle-Calédonie : "On a pris la décision de profiter du prochain vol pour faire revenir nos étudiants". Des jeunes pourront donc embarquer à bord du prochain vol de continuité territoriale entre Paris et Nouméa. Alors qu'un nouveau confinement a été mis en œuvre en Calédonie, suite à la détection en mars de plusieurs cas de coronavirus, trois liaisons avec Paris ont déjà été annulées (12, 19 et 26 mars). Les jeunes Calédoniens de l'Hexagone - qui se sont positionnés pour rentrer sur le Caillou et qui répondent aux critères imposés - pourront s'envoler "vendredi prochain", a promis le président du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie. Seuls les étudiants en fin de cursus ou qui font face à des difficultés, psychologiques notamment liées à l'éloignement, sont concernés.
Compte-tenu de la pandémie mondiale, les vols internationaux réguliers depuis et vers la Nouvelle-Calédonie ont été suspendus le 20 mars 2020. La suspension des vols a d'abord été prolongée au 31 octobre 2020, puis jusqu'au 31 juillet 2021. Mais comme au printemps 2020, à l'approche de la fin de l'année universitaire dans l'Hexagone, la question du retour des étudiants dans leurs territoires se pose. Thierry Santa rappelle qu'à ce stade, il n'est toujours pas question d'accueillir les étudiants calédoniens "pour les vacances, car nous devons maîtriser les arrivées ici au pays".
A ce stade, ni la Polynésie, ni Wallis et Futuna n'ont mis en place de procédure spéciale pour le rapatriement de leurs étudiants, mais la question sera discutée dans les prochains jours, ont promis la ministre de l'Éducation de la Polynésie et la présidente de l'Assemblée territoriale de Wallis et Futuna. Les retours définitifs, à la fin des études, seront prioritaires. "Pour l'instant, nous sommes sur des retours avec des motifs impérieux qui doivent être transmis au Haut-Commissaire", rappelle Christelle Leharnel.
Les plans de vaccination
"La Calédonie a pour stratégie de rester 'Covid-free', c'est-à-dire de supprimer la circulation du virus sur le territoire le temps que la vaccination soit suffisante pour permettre une immunisation collective", a expliqué Thierry Santa, le président du 16e gouvernement. C'est l'objectif que s'est fixé le Caillou. "Selon les données scientifiques dont nous disposons, on pense pouvoir atteindre cet objectif en vaccinant entre 65 et 70% de la population vaccinale (c'est-à-dire les personnes de pus de 16 ans)". A ce jour, 20 000 personnes ont reçu une première injection en Nouvelle-calédonie et 7 000 d'entre elles se sont vues administrer la 2e dose. "Nous espérons maintenir un rythme de 9 000 à 10 000 injections par semaine. Ainsi, on pourrait atteindre notre objectif d'immunité collective autour du mois d'août ou septembre cette année."
Environ 39 000 doses du vaccin Pfizer-BioNTechsont arrivées en Polynésie, et 9 000 doses supplémentaires doivent arriver chaque semaine à partir du 1er avril. 23 000 personnes ont reçu une première injection, 8 000 ont reçu les deux injections. De son côté, Wallis et Futuna a reçu 18 000 doses du vaccin Moderna il y a deux semaines. "Nous avons vacciné plus de 30% de la population, explique la présidente de l'Assemblée territoriale. Mais nous continuons notre campagne d'information, car le vaccin n'est pas obligatoire et il y a des réticences." Nivaleta Iloai évoque des craintes liées à des vidéos "plus ou moins vraies" qui circulent sur les réseaux sociaux, mais aussi à la suspension pendant quelques jours en France du vaccin AstraZenaca, source d'inquiétude localement.
Une autre question taraude certains étudiants : la vaccination contre le Covid-19 devriendra-t-elle obligatoire pour rentrer en Outre-mer ? Les élus et leurs représentants répondent unanimement qu'il n'en est pas question à ce jour. Mais les procédures évoluent rapidement, intervient la Polynésienne Christelle Leharnel. "Aujourd'hui, il faut un test PCR négatif pour embarquer et il faut faire un isolement de 10 jours à l'arrivée en Polynésie. Mais les protocoles risquent d'évoluer", affirme la ministre.
Des situations sanitaires aux antipodes
Alors que la Polynésie dénombre ce lundi 29 mars plus de 18 000 cas, la Calédonie et Wallis et Futuna semblent être parvenus à limiter la propagation du Covid-19, malgré une alerte début mars 2021. Wallis et Futuna comptabilise 385 contaminations. 121 cas ont été recensés en un an en cas en Calédonie, et de moins en moins de tests sont positifs ces derniers jours, se félicite Thierry Santa.
Le deuxième confinement instauré il y a trois semaines en Calédonie, un an après le premier, est mieux perçu par les habitants, selon le président du gouvernement. "Il y a aujourd'hui moins de craintes et plus d'organisation de la population calédonienne". Thierry Santa rappelle cependant que ces mesures strictes ont malgré tout des conséquences douloureuses pour notamment "les entreprises en lien notamment avec le tourisme international qui sont en grave difficulté depuis plusieurs mois." Il espère un retour à la normale dès que la vaccination permettra "une immunité collective suffisante pour protéger les personnes les plus fragiles". De son côté la Polynésie se satisfait de de voir baisser le nombre de contaminations. "Nous arrivons à contenir la diffusion de ce Covid", se réjouit Christelle Leharnel qui explique que le territoire réfléchit à la rouverture de ses frontières et la relance de son économie très portée sur le tourisme. Le président de la polynésie, Edouard Fritch, est arrivé à Paris ce lundi, pour évoquer cette question avec l'Élysée.