Retraites : une motion de censure "transpartisane" déposée à l'Assemblée par le groupe Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires

Le président du groupe LIOT Bertrand Pancher lors d'un point presse à l'Assemblée nationale vendredi 17 mars pour annoncer la motion de censure. À ses côtés, la députée réunionnaise Nathalie Bassire, vice-présidente du groupe.
Des députés ultramarins en première ligne après le déclenchement du 49.3 pour faire adopter sans vote la réforme des retraites. Sur les 20 élus du groupe indépendant Libertés, Indépendants, Outre-mer et Territoires (LIOT) qui a déposé ce vendredi 17 mars une motion de censure "transpartisane", cinq sont de Guadeloupe, La Réunion, Mayotte et Saint-Pierre et Miquelon.

Elle était annoncée et attendue, la motion de censure des députés du groupe indépendant LIOT a été déposée ce vendredi en début d'après-midi à l'Assemblée nationale. Cette motion "transpartisane" de censure du gouvernement, cosignée par des élus de la Nupes, intervient en réaction à l'utilisation de l'article 49.3 de la Constitution pour faire adopter sans vote la réforme des retraites.

"Le vote de cette motion permettra de sortir par le haut d'une crise politique profonde", a déclaré devant la presse le chef de file du groupe et député de la Meuse, Bertand Pancher.

Sur les 20 élus LIOT, 15 sont en faveur du texte, parmi lesquels :

  • Nathalie Bassire, députée de La Réunion ;
  • Stéphane Lenormand, député de Saint-Pierre-et-Miquelon ;
  • Max Mathiasin, député de Guadeloupe ;
  • Olivier Serva, député de Guadeloupe.

La 5e Ultramarine du groupe, la Mahoraise Estelle Youssouffa, a expliqué ce vendredi après-midi sur france info qu'elle n'avait pas encore signé "pour des raisons techniques" mais qu'elle compte le faire : "Je la voterai évidemment".

"Dire non à la réforme"

Jointe par Outre-mer la 1ère ce vendredi après-midi, Nathalie Bassire, par ailleurs vice-présidente du groupe LIOT a souligné que le premier objectif de cette motion est "de dire non à la réforme", "telle qu’est proposée."

Une réforme ne peut pas être faite par un gouvernement pour un gouvernement. Elle est faite par un gouvernement et par un Parlement pour les Françaises et les Français. Et là, on a oublié la destination."

Nathalie Bassire, députée de La Réunion

Face aux nombreuses manifestations contre le projet de loi du gouvernement, "c’était tout naturel pour nous de dire : 'Nous vous avons entendus'", ajoute l'élue.

Elle ne se dit pas pour autant opposée à l'idée d'une réforme, "mais en améliorant l’emploi senior, en améliorant les conditions de travail et de prise en compte de tous les aspects pour les femmes..."

"Il s'agit de la vie des Français"

Alors qu'Elisabeth Borne a argumenté lors de l'annonce de l'utilisation du 49.3 qu'"on ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débats parlementaires s'effondrer", Nathalie Bassire répond que si : "Il ne s’agit pas de 175 heures mais de la vie des Françaises et des Français".

Elle regrette d'ailleurs que le temps des débats ait été aussi limité "pour une réforme qui impacte autant le quotidien" des citoyens.

Même si ce groupe ne rassemble que 20 élus dont cinq Ultramarins, il est aussi composé de "députés de différentes sensibilités", rappelle Nathalie Bassire, ce qui en fait "déjà un groupe transpartisan". "Nous avons vraiment appris à travailler ensemble, à s’écouter", poursuit-elle avant d'ajouter : "Nous sommes les mieux placés pour fédérer."

"Qui sème le chaos récolte la censure"

Parmi les signataires figurent également des députés des quatre groupes d'opposition qui composent la coalition de gauche Nupes.

"Voter la motion de censure, c'est voter contre la retraite à 64 ans et faire tomber le gouvernement. Qui sème le chaos, récolte la censure !", a réagi la patronne des députés LFI Mathilde Panot.

"Je regrette que les collègues de LR ne soient pas signataires de cette motion. J'espère qu'ils seront nombreux à la voter", a dit M. Pancher, qui a tenté jusqu'au dernier moment de convaincre des députés de droite.

L'apogée d'un déni de démocratie

La décision de déclencher le 49.3 "est l'apogée d'un déni de démocratie inacceptable dans sa constance et son mépris de nos institutions et de nos corps sociaux", est-il notamment écrit dans le texte de la motion.

Le groupe RN de Marine Le Pen a également déposé une motion de censure quelques instants après, mais celle de LIOT, petit groupe indépendant sans couleur politique marquée, est susceptible de fédérer le plus grand nombre d'opposants.

Pour faire tomber le gouvernement, une motion de censure devra recueillir une majorité absolue à l'Assemblée nationale, soit 287 voix. Cela nécessiterait notamment qu'une trentaine de députés LR (sur 61) apportent leurs suffrages lors du vote, une hypothèse qui paraît peu probable.