Un jeune homme de 30 ans, Vincent Madoure, a été condamné vendredi par la cour d'assises de La Réunion à 15 ans de réclusion pour le meurtre aggravé en bande organisée d'un marin anglais en 2011 sur l'île.
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Le corps de l'ancien commando des Royal Marines Carl Davies avait été retrouvé à Saint-Denis, dans un canal d'évacuation des eaux pluviales le 9 novembre 2011.
L'avocat général requiert l'acquittement, le jury condamne
Pendant les trois jours du procès, débuté mercredi, devant famille de la victime venue de Grande-Bretagne pour le procès, l'accusé n'a cessé de clamer son innocence. Il n'a pas convaincu la cour. Les magistrats ont même décidé de requalifier l'accusation la faisant passer de "meurtre" à "meurtre aggravé en bande organisée".
Mais soulignant les manquements dans la procédure, l'avocat général Vincent Le Pannerer avait requis l'acquittement. "Je ne dis pas qu'il est innocent. Mais je n'ai pas suffisamment de preuves me permettant de requérir sa condamnation", a déclaré le magistrat. Le jury ne l'a pas suivi. L'avocat de Vincent Madoure, Me Henri Moselle, a annoncé que son client ferait appel du verdict.
Un meurtre commis en groupe?
Âgé de 33 ans, le marin Davies était arrivé le 7 novembre 2011 à La Réunion, pour une escale à bord d'un bateau de marchandises dont il assurait la sécurité. Il avait été vu vivant pour la dernière fois dans une boite de nuit de la ville. L'autopsie avait permis d'établir qu'un traumatisme crânien était à l'origine de son décès. De multiples fractures, hématomes et lésions avaient également été constatés sur le corps du trentenaire.
Les indices rassemblés par les enquêteurs convergeaient vers un meurtre commis en groupe. Mais ce n'est qu'en novembre 2012 que cette hypothèse a semblé se confirmer avec l'arrestation d'un gang violent sévissant non loin du night-club où le marin a passé sa dernière nuit. Plusieurs membres du gang étaient soupçonnés d'avoir voulu le racketter avant de le tabasser à mort.
En février 2013, trois suspects avaient été mis en examen pour meurtre. Les investigations aussi longues que laborieuses déboucheront sur un "manque de cohérence du dossier", selon l'avocat général. Deux des mis en cause obtiendront finalement un non-lieu en juin 2016, "faute de preuves formelles". Une "erreur judiciaire", a plaidé Me Rémi Boniface, avocat de la famille Davies.
Seul Vincent Madoure était finalement poursuivi. Il était arrivé libre devant la cour.