Rose-May Rousseau, le porte-voix de plus de 90 000 agents hospitaliers et médecins de l'AP-HP [Portrait 4/5]

Rose-May Rousseau, secrétaire générale CGT de l'APHP
La Martiniquaise Rose-May Rousseau a fait de la défense de l'hôpital public le combat de sa vie. Admirée par ses camarades et respectée par ses adversaires, la cheffe de file de la CGT à l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris est une femme passionnée et déterminée. 
La blouse blanche, Rose May Rousseau ne le porte plus que dans les manifestations. Depuis 2008, l’infirmière martiniquaise se consacre à plein-temps à la défense des 90 000 agents hospitaliers et médecins des 39 hôpitaux de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris. Une vocation qui vient de très loin.

Je crois que j’ai dû mordre la sage-femme qui m’a tapé sur les fesses à la naissance parce que j’ai pas apprécié, plus sérieusement, ce sont les valeurs que m'ont transmis mes parents, c’est en moi. (Rose-May Rousseau).


Ces camarades de la CGT qui l'accompagnent chaque jour dans la lutte pour la défense de l'hôpital public apprécient sa capacité de travail et sa mémoire exceptionnelle. "Elle va assister dans un mois à une vingtaine de réunions et elle va vous les restituer en deux heures ce qui s’est passé ce qui s’est dit", indique Marie-Ange Cardan, militante CGT. "Elle est passionnée, affirme pour sa part Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, qui ajoute, "c’est ce qu’il faut à la CGT, une militante proche des réalités du monde du travail". 

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Un déficit plus lourd que prévu en 2017

Rose-May Rousseau est sur tous les fronts, mais ce qui l'inquiète aujourd'hui le financement des 39 hôpitaux de Paris. En 2017, il atteindra plus de 200 millions d'euros. A l'hôpital, déplore Rose-May Rousseau, "le rendement est devenu la règle au détriment de la qualité des soins. La santé ce n’est pas une marchandise comme une autre, l’hôpital n’est pas une entreprise. Aujourd’hui, ce que l’on constate, c'est que la politique de la rentabilité est arrivée à son terme et on voit les dégâts sur l'ensemble du territoire. Nous avons des grèves de médecins et de directeurs qui n’acceptent plus de continuer à faire des économies." 

Des postes supprimés, des hôpitaux qui ferment, des cadences infernales,… La liste est longue et le désarroi profond. "Ce que la plupart des collègues demandent, quelle que soit leur catégorie, c’est d’avoir les moyens pour bien travailler pour bien mener les missions"

Elle est un peu pitbull

L'avenir se joue l’hôpital public se joue au siège de l'AP-HP. Chaque semaine, Rose May Rousseau se confronte au patron des Ressources Humaines. Ces deux personnes, qui se connaissent et s'apprécient, ont un itinéraire commun Ils sont tous les deux infirmiers de profession et originaires des Antilles. Mais la comparaison s'arrête là. Autour de la table des négociations chacun défend ses intérêts. "Moi, je la qualifie de tenace, elle est un peu pitbull. Quand elle tient un morceau, elle ne lâche pas. Ce que j’apprécie, c’est qu'avec elle il n’y a pas de petits sujets, c’est quelqu’un qui va jusqu’au bout de ses dossiers, c’est quand même plutôt rare chez beaucoup de syndicalistes", affirme Gérard Cotellon, le directeur des ressources humaines de l'AP-HP. 

Réélue à l'unanimité l’an passé par les militants CGT, Rose-May Rousseau l’a promis: ce mandat est le dernier. La militante veut désormais laisser la place aux jeunes.