"L'Or rouge" d'Isabelle Rossignot-Richard, une fiction dans la Martinique du XVIIIe siècle

Isabelle Richard
"L’Or rouge", la première fiction d’Isabelle Rossignot-Richard se déroule dans la Martinique du XVIIIe siècle. Il s’agit d’une histoire d’amour impossible entre la petite fille d’un planteur et le fils d’un esclave. Interview. 
Outre-mer la 1ère : Pourquoi avoir choisi la Martinique comme théâtre de votre premier roman ?
Isabelle Rossignot-Richard : Je ne suis pas originaire des Antilles. Je n’y suis jamais allée. Mais j’ai voyagé grâce à mes amis martiniquais. Quand ils rentraient de Martinique, où ils allaient pendant les grandes vacances, ils revenaient les yeux chargés d’images. Et ils m’en faisaient part. La Martinique m’a fascinée très tôt. Elle a nourri mon imaginaire. Et j’ai ressenti le besoin de créer ma Martinique.  

Au début du roman, vous utilisez des mots créoles et des tournures de phrases typiquement antillaises. Où les avez-vous trouvés ?
A force de fréquenter des Martiniquais, j’avais quelques bases. Mais je me suis débrouillée toute seule. Je suis partie dans l’écriture. Je me suis immergée dans les personnages. J’ai vécu avec eux et j’ai ressenti le besoin de parler créole. Il est vrai que j’avais peur de me planter. J’ai vérifié ce que j’allais raconter, notamment avec des mots qui n’existent plus comme le "commandè", qui est celui qui régissait la plantation à coups de fouets.
 
©la1ere

Avoir des amis martiniquais ne suffit pas à se décider à écrire sur leur histoire. Quel a été le déclic chez vous ?
Je pense que cette histoire, je devais la porter depuis très longtemps. Il y a des causes qui me tiennent à cœur, des choses que je trouvais injustes depuis toute petite. En fait, j’ai eu un père passionné d’histoire qui avait une vision très  pessimiste de l’humanité. Il m’a sensibilisée tôt aux grands drames humains qu’ont été la shoah, les guerres de religions, l’histoire des  chouans et l’esclavage. Sur cette dernière tragédie, il y a une série qui m’a fait souffrir, petite, c’est « Racines ». Le soir, cela me hantait. Ça me faisait faire des cauchemars.Tout cela a viré à l’obsession. Et je pense que j’ai eu besoin d’extérioriser toutes ces choses et de parler de la souffrance que j’ai imaginée, de façon simple.
 
©la1ere

Comment écrivez-vous ?
Un jour, je me suis assise et je suis partie parce que j’avais besoin d’écrire. Quand  je dis que je suis partie c’est que je pars en écriture comme on part en voyage. Je suis presque dans un état second. Les personnages viennent tous seuls à moi. Cette histoire est un mélange de ma vie et de mon imaginaire.

Propos recueillis par Louis Otvas