Il est arrivé il y a plus de 50 ans au Royaume-Uni, avec la vague d'immigration légale venue aider à reconstruire le pays après-guerre. Mais à l'occasion d'une démarche administrative, Anthony Bryan s'est retrouvé face à un cauchemar bureaucratique et la menace d'être expulsé vers la Jamaïque.
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Le cas de cet homme de 60 ans est représentatif des tracasseries allant jusqu'à la case prison subies ces dernières années par des dizaines de milliers d'émigrés originaires des Caraïbes, devenus des clandestins aux yeux des autorités britanniques faute de disposer des centaines de documents qui leur sont désormais réclamées.
"En 2015, mon épouse a fait une demande de passeport pour moi. Elle est rentrée et elle m'a dit ‘tu es en situation irrégulière’", raconte à l'AFP ce sexagénaire dans sa maison du nord de Londres, encore traumatisé par son expérience. "Je lui ai répondu, qu'est-ce que tu veux dire, en situation irrégulière ? Ce n'est pas possible, je suis ici depuis que j'ai huit ans".
En 1971, une loi a donné à tous ces émigrés le droit à rester sur le territoire britannique mais sans formaliser leur statut officiel. Bon nombre d'entre eux étaient arrivés enfants, avec le passeport de leurs parents, et n'avaient jamais fait la démarche pour en posséder un eux-mêmes sans que cela ne leur pose problème jusqu'ici. Mais ces dernières années, avec l'intensification de la lutte contre l'immigration clandestine engagée sous l'autorité de la Première ministre Theresa May -ministre de l'Intérieur de 2010 à 2016 -, Anthony Bryan s'est retrouvé dans une situation kafkaïenne.
En novembre dernier, il est de nouveau placé en détention et risque d'être expulsé vers la Jamaïque dans les deux jours. Au dernier moment, un avocat spécialiste des questions d'immigration parvient à interrompre la procédure et à le faire libérer. Après une longue et coûteuse bataille administrative, Anthony Bryan obtient finalement en février l'autorisation de rester au Royaume-Uni. Mais rien ne pourra effacer l'épreuve qu'il a dû endurer avec sa famille. "Cela a brisé la confiance que j'avais envers les Britanniques", regrette-t-il.
Dès qu'il aura son passeport britannique, Anthony Bryan a hâte de se rendre en Jamaïque, où est installée sa mère. Et il réfléchit à réclamer des compensations financières pour les frais engagées dans les procédures, et pour détention arbitraire. "S'il n'avait pas eu de famille ou d'amis, il serait dans la rue aujourd'hui", résume son épouse, Janet McKay-Williams.
"En 2015, mon épouse a fait une demande de passeport pour moi. Elle est rentrée et elle m'a dit ‘tu es en situation irrégulière’", raconte à l'AFP ce sexagénaire dans sa maison du nord de Londres, encore traumatisé par son expérience. "Je lui ai répondu, qu'est-ce que tu veux dire, en situation irrégulière ? Ce n'est pas possible, je suis ici depuis que j'ai huit ans".
Situation kafkaïenne
Anthony Bryan était convaincu de pouvoir résoudre le problème rapidement. Il appartient à la "Génération Windrush", du nom du premier navire de migrants en provenance des Antilles, arrivé en 1948 à Tilbury, un port sur la Tamise proche de Londres. De nombreux autres bateaux lui succèderont, en provenance des quatre coins de l'ancien empire colonial britannique.En 1971, une loi a donné à tous ces émigrés le droit à rester sur le territoire britannique mais sans formaliser leur statut officiel. Bon nombre d'entre eux étaient arrivés enfants, avec le passeport de leurs parents, et n'avaient jamais fait la démarche pour en posséder un eux-mêmes sans que cela ne leur pose problème jusqu'ici. Mais ces dernières années, avec l'intensification de la lutte contre l'immigration clandestine engagée sous l'autorité de la Première ministre Theresa May -ministre de l'Intérieur de 2010 à 2016 -, Anthony Bryan s'est retrouvé dans une situation kafkaïenne.
Placé en détention
Car face à une administration qui lui réclame des preuves de sa vie au Royaume-Uni, ce jeune grand-père, qui lit avec difficulté, ne dispose que de très peu de documents, n'ayant par exemple jamais ouvert de compte en banque. Considéré comme sans papier, il perd son droit à travailler ou à recevoir des prestations sociales. Et est même placé en détention à deux reprises. La première fois, à l'automne 2016, il reste emprisonné trois semaines. Après quoi, il doit se présenter tous les quinze jours devant les autorités. "C'était le pire, sortir pour aller pointer, sans savoir si j'allais pouvoir rentrer", dit-il.En novembre dernier, il est de nouveau placé en détention et risque d'être expulsé vers la Jamaïque dans les deux jours. Au dernier moment, un avocat spécialiste des questions d'immigration parvient à interrompre la procédure et à le faire libérer. Après une longue et coûteuse bataille administrative, Anthony Bryan obtient finalement en février l'autorisation de rester au Royaume-Uni. Mais rien ne pourra effacer l'épreuve qu'il a dû endurer avec sa famille. "Cela a brisé la confiance que j'avais envers les Britanniques", regrette-t-il.
Excuses officielles
L'indignation suscitée par sa mésaventure et celle de dizaines de milliers d'immigrés dans le même cas a conduit Theresa May à présenter des excuses officielles mardi à des dirigeants des pays du Commonwealth, réunis pour un sommet à Londres. Son gouvernement a promis qu'aucun d'eux ne serait expulsé ou détenu. "C'est bien qu'elle se soit excusée, qu'elle réalise qu'ils avaient tort, mais pour être honnête, je ne l'ai pas trouvé sincère. Et cela ne change rien pour moi", dit Anthony Bryan. "Ramenez-moi plutôt à ma vie d'avant mon arrestation, ça serait bien. Je n'avais pas de dette avant que les services de l'immigration viennent ici, je ne m'inquiétais pas pour rien", ajoute-t-il. "Ma vie est comme suspendue".Dès qu'il aura son passeport britannique, Anthony Bryan a hâte de se rendre en Jamaïque, où est installée sa mère. Et il réfléchit à réclamer des compensations financières pour les frais engagées dans les procédures, et pour détention arbitraire. "S'il n'avait pas eu de famille ou d'amis, il serait dans la rue aujourd'hui", résume son épouse, Janet McKay-Williams.