En juillet 2023, à Saint-Quentin dans l’Aisne, il a inauguré avec sa fondation Rudy’s kids deux terrains de basket sur lesquels figurent ses deux portraits, adolescent puis adulte. L’enfant du pays n’oublie pas d’où il vient. Rudy Gobert a grandi dans une petite ville de l’Hexagone, à des milliers de kilomètres de la Guadeloupe où vit son père, Rudy Bourgarel.
1Un prince à New-York
Le futur basketteur n’a que trois ans quand son père quitte le foyer familial. Sa mère Corine doit élever trois enfants toute seule, deux grands d’une précédente union et le petit Rudy qui deviendra grand. 2 mètre 16 ! Coiffeuse et esthéticienne, elle jongle entre le travail et les enfants avec une détermination qui force l’admiration, même si sa fille aînée, déjà professeur, l’aide beaucoup.
Le père de Rudy Gobert rêvait de NBA dans les années 80. Il n’a pas réussi à atteindre son rêve. Et pourtant, évoluant dans le championnat universitaire américain, il remplissait toutes les conditions. Selon Rudy Gobert, le sélectionneur français de l’époque lui a demandé de rejoindre l’équipe de France, Rudy Bourgarel a refusé, arguant du fait qu’il souhaitait être drafté. Il a été appelé pour faire le service militaire et a évolué ensuite dans le championnat de France, avec le sentiment d’être passé à côté de son rêve. "Ça l’a brisé", explique Rudy Gobert dans #MaParole.
Rudy Bourgarel joue un temps à Saint-Quentin puis part rejoindre le club de Toulouse et plaque tout pour rentrer en Guadeloupe. Corinne essaie de maintenir les liens avec son fils. Quand Rudy Gobert décide de se mettre au basket à 12 ans, elle l’encourage à regarder Un prince à New-York avec Eddy Murphy dans lequel Rudy Bourgarel fait une apparition dans son propre rôle de basketteur. Ce film, Rudy Gobert l’a visionné des dizaines de fois.
Durant son enfance, Rudy Gobert touche à de nombreux sports : judo, karaté, athlétisme, boxe. Après une grosse blessure à la main, il abandonne la boxe pour le basket et se prend rapidement de passion pour ce sport. Il va même à la bibliothèque pour lire tout ce qu’il trouve sur le basket et la NBA. À 13 ans, il rejoint le pôle espoirs d’Amiens. Interne, il ne rentre que les week-ends chez lui. Prêt à tous les sacrifices, il travaille dur pour s’améliorer. Sa croissance très rapide le conforte dans son choix du basket.
2Le Jazz de l’Utah
Très grand, mais très frêle, les clubs ne se précipitent pas pour le recruter. Il se souvient en particulier de sa déception quand il reçoit une lettre de refus de l’INSEP. Heureusement, le Cholet Basket le contacte et décide de le faire venir. À Cholet, près de Nantes, le jeune joueur apprend beaucoup et s’épanouit. Il côtoie dans le club de nombreux antillais et guyanais et prend plaisir à dire quelques mots en créole. Mais "c’était la jungle" dit-il dans #MaParole. Il fallait être le meilleur et Rudy Gobert se souvient des étés passés à se muscler en suivant les conseils d’un ami kiné de la famille pour revenir plus fort en club.
Très confiant dans ses capacités, il commence à lorgner du côté de la NBA. Lors de la saison 2012-2013, il n’a que 20 ans et les scouts, les émissaires des franchises, commencent à s’intéresser à lui. Le 27 juin 2013, son rêve s’accomplit, il est drafté. Lors d’une grande séance de loterie à l’américaine, il arrive en 27e position et les Nuggets de Denver le choisissent. Puis très rapidement, il est échangé avec le Jazz de l’Utah. Dans #MaParole, il raconte cette soirée inoubliable qui a vu son destin basculer.
Les premières saisons à Salt Lake City ne sont pas simples. Trop frêle, pas assez musclé pour la NBA, Rudy Gobert doit se renforcer. Le rythme en NBA est dément. Un match tous les deux ou trois jours, sans compter les déplacements incessants en avion qu’oblige un championnat dans un pays si vaste que les Etats-Unis. Alors avec une rigueur toute mormone, Rudy Gobert soigne sa diététique, ne boit pas, s’entraine comme un fou et utilise les neurosciences pour renforcer son jeu. Comme le travail paie, les résultats finissent par arriver.
En 2014, il frappe les esprits lors d’un match inoubliable en Coupe du monde face à l’Espagne. Les franchises américaines suivent de près son parcours chez les bleus. En 2016, l’Utah jazz signe avec Rudy Gobert un contrat à plus de 100 millions de dollars. Rebelote en 2020, Rudy Gobert re-signe pour plus de 200 millions de dollars. Il devient alors le salarié français le mieux payé au monde. En 2018, Rudy Gobert est sacré meilleur joueur défensif de la NBA. En 2020, il intègre le club très fermé du All Star Game. La gloire ! En parallèle, Rudy Gobert ne néglige pas l’équipe de France.
3Les Timberwolves du Minnesota
Aux Etats-Unis, Rudy Gobert est devenu une star, plus qu’en France où le football et le rugby attirent plus de public. En 2020, tout semble aller bien pour lui quand l’épidémie de Covid arrive aux États-Unis. Lors d’une conférence de presse, il s’amuse de la peur ambiante et plaisante avec les journalistes en touchant les micros à la fin de l’interview. Or le lendemain, il est contrôlé positif au Covid-19. Son geste d’humour est alors vu comme une provocation. La presse américaine se déchaine contre lui, d’autant qu’après la révélation de son Covid, tous les matches de NBA sont annulés. Il est considéré comme le patient 0, celui qui a amené le Covid aux États-Unis. Un enfer ! Rudy Gobert rame pour tenter d’étouffer l’incendie. Il offre 500 000 dollars pour aider les employés de sa franchise, le Jazz de l’Utah ainsi que la recherche. Il s’excuse de son geste sur les réseaux sociaux et la tempête médiatique finit par se calmer.
Heureusement, il remonte la pente et aux JO de Tokyo en 2021, il livre une prestation formidable lors de la finale face aux États-Unis que la France perd de peu. L’équipe de France de basket remporte la médaille d’argent. En 2022, Rudy Gobert rejoint les Timberwolves du Minnesota. La fin de saison n’est pas glorieuse, le défenseur donne un coup de poing à son coéquipier Kyle Anderson à la mi-temps d’un match. Il est suspendu. Dans #MaParole, il revient sur l’incident.
Rudy Gobert a-t-il dit son dernier mot ? Surtout pas ! L’homme est trop habitué à se battre pour renoncer. Il se prépare activement aux JO de Paris et rêve de médaille d’or. Il aimerait aussi en NBA remporter le championnat, ce qu’il n’a jamais réussi à faire avec le Jazz de l'Utah, contrairement à son compatriote Tony Parker avec les Spurs d’Antonio. Pendant ce temps en Guadeloupe, Rudy Bourgarel, son père, contemple le parcours de son fils parvenu au sommet et doit se dire qu’il n’a pas fait tout ça pour rien. Bien au contraire.
>L'interview a été enregistrée en juillet 2023
>Le documentaire Rudy Gobert n°27 sera diffusé le 11 décembre sur France 3, et le 11 janvier sur le réseau des 1ères.
♦♦ Rudy Gobert en 5 dates ♦♦♦
►26 juin 1992
Naissance à Saint-Quentin
►27 juin 2013
Drafté en NBA
►2018, 2019, 2021
Sacré meilleur défenseur en NBA
►30 janvier 2020
Sélectionné pour la première fois pour le All Star Game
►7 aout 2021
Médaille d’argent aux JO de Tokyo