Un seul Noir portait le maillot des Springboks lors du titre mondial en 1995. Samedi, pour la finale de la Coupe du monde, ils seront six sur le terrain au coup d'envoi. 28 ans après la fin du régime l'apartheid, la transformation raciale de l'équipe sud-africaine de rugby reste un chemin long.
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L'intégration progressive des Noirs dans le XV sud-africain, d'où ils étaient interdits pendant l'apartheid (institutionnalisé en 1948 et progressivement aboli au début des années 90), a connu des hauts et des bas.
Vendredi, à l'appel de l'actuel chef de l'Etat Cyril Ramaphosa, des groupes de supporters, tous groupes ethniques confondus, ont endossé le maillot jaune et vert de leur équipe et se sont rassemblés dans plusieurs villes du pays pour apporter leur soutien aux Boks.
Il y a eu aussi beaucoup de bas, plus récemment avec le deuxième ligne Eben Etzebeth accusé d'insultes racistes avant son départ pour le Japon. Il a nié les accusations. L'entraîneur des Springboks, Rassie Erasmus, a été contraint de s'exprimer sur le sujet : il a assuré qu'il ne "tolérerait" aucun racisme dans son équipe, qui est "un groupe très soudé".
Il a toutefois dû jouer les pompiers début octobre après la diffusion d'une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, où l'on voit six joueurs blancs remplaçants se rassembler pour fêter la victoire des Springboks sur l'Italie (49-3) et l'un d'entre eux renvoyer d'un geste Makazole Mapimpi, un des Noirs de l'équipe sud-africaine.
En fait, la tradition veut que la "bomb squad", qui rassemble les remplaçants, célèbre séparément du reste du groupe. Mapimpi a eu beau tenté de désamorcer l'affaire sur Twitter, rien n'y a fait : il s'est fait traiter, sur les réseaux sociaux, de "vendu".
Le président Mandela avait endossé le maillot vert et jaune. Le stade de Johannesburg, rempli principalement de supporters blancs, avait chanté "Nelson, Nelson, Nelson". Et des Noirs avaient célébré la victoire dans les rues autour du stade de l'Ellis Park de Johannesburg, laissant penser que le rugby contribuerait à l'unité de la "nation arc-en-ciel".
Sur le terrain pourtant, l'ailier Chester Williams - mort récemment d'une crise cardiaque - était le seul joueur noir, alors que les Blancs représentaient seulement 10% de la population sud-africaine. Et quand les Springboks l'ont encore emporté en 2007 en France, l'équipe ne comptait que deux Noirs, les ailiers JP Pietersen et Bryan Habana.
Pendant des années après la chute de l'apartheid, plusieurs entraîneurs des Springboks ont continué à ignorer des stars noires montantes. En amont de la Coupe du monde en 2003, le deuxième ligne Geo Cronje a été exclu du groupe pour avoir refusé de partager une chambre avec un coéquipier noir.
Mais Kolisi a lancé un pavé dans la mare, en suggérant récemment que Neslon Mandela n'aurait probablement pas soutenu l'idée des quotas en rugby. Le jeune homme de 28 ans, né trois ans avant la fin du régime de l'apartheid, n'aime pas l'étiquette qui lui colle à la peau de premier capitaine noir des Springboks à un Mondial. "Ce n'est pas une description que je trouve naturelle", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je suis privilégié d'être le capitaine d'une équipe qui représente tous les Sud-Africains", a-t-il rectifié.
Selon l'analyste de rugby Mark Keohane, l'équipe 2019 est d'ailleurs très respectueuse des différentes cultures et groupes ethniques du pays. "Ils ne sont qu'unité, a-t-il estimé. Ils représentent ce qui est possible dans l'avenir, pas ce qui était lamentable dans le passé."
The Final Photo.
— Springboks (@Springboks) 1 novembre 2019
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Des hauts et des bas
Les hauts d'abord. Au Mondial 2019 au Japon, Siya Kolisi peut s'enorgueillir d'être le premier capitaine noir des Springboks, alors que seuls des Blancs avaient conduit l'équipe pendant 90 ans. "Capitaine de la nation, Siya Kolisi (...), tu as restauré la fierté du rugby sud-africain et (tu) nous permets de nous sentir tous bien", a lancé jeudi le prix Nobel de la paix, Desmond Tutu, ami de longue date de Nelson Mandela, le premier président sud-africain noir.Vendredi, à l'appel de l'actuel chef de l'Etat Cyril Ramaphosa, des groupes de supporters, tous groupes ethniques confondus, ont endossé le maillot jaune et vert de leur équipe et se sont rassemblés dans plusieurs villes du pays pour apporter leur soutien aux Boks.
Il y a eu aussi beaucoup de bas, plus récemment avec le deuxième ligne Eben Etzebeth accusé d'insultes racistes avant son départ pour le Japon. Il a nié les accusations. L'entraîneur des Springboks, Rassie Erasmus, a été contraint de s'exprimer sur le sujet : il a assuré qu'il ne "tolérerait" aucun racisme dans son équipe, qui est "un groupe très soudé".
Il a toutefois dû jouer les pompiers début octobre après la diffusion d'une vidéo, devenue virale sur les réseaux sociaux, où l'on voit six joueurs blancs remplaçants se rassembler pour fêter la victoire des Springboks sur l'Italie (49-3) et l'un d'entre eux renvoyer d'un geste Makazole Mapimpi, un des Noirs de l'équipe sud-africaine.
En fait, la tradition veut que la "bomb squad", qui rassemble les remplaçants, célèbre séparément du reste du groupe. Mapimpi a eu beau tenté de désamorcer l'affaire sur Twitter, rien n'y a fait : il s'est fait traiter, sur les réseaux sociaux, de "vendu".
Symboles
Samedi, les Springboks vont essayer de décrocher le troisième titre de leur histoire, après les sacres de 1995 et 2007. La finale de la Coupe du monde en 1995, jouée à domicile, avait été une succession de symboles très forts dans un pays meurtri par les tensions raciales.Le président Mandela avait endossé le maillot vert et jaune. Le stade de Johannesburg, rempli principalement de supporters blancs, avait chanté "Nelson, Nelson, Nelson". Et des Noirs avaient célébré la victoire dans les rues autour du stade de l'Ellis Park de Johannesburg, laissant penser que le rugby contribuerait à l'unité de la "nation arc-en-ciel".
Sur le terrain pourtant, l'ailier Chester Williams - mort récemment d'une crise cardiaque - était le seul joueur noir, alors que les Blancs représentaient seulement 10% de la population sud-africaine. Et quand les Springboks l'ont encore emporté en 2007 en France, l'équipe ne comptait que deux Noirs, les ailiers JP Pietersen et Bryan Habana.
Pendant des années après la chute de l'apartheid, plusieurs entraîneurs des Springboks ont continué à ignorer des stars noires montantes. En amont de la Coupe du monde en 2003, le deuxième ligne Geo Cronje a été exclu du groupe pour avoir refusé de partager une chambre avec un coéquipier noir.
Quotas
Furieux de la lenteur des changements dans l'équipe nationale de rugby, le gouvernement sud-africain a introduit des quotas pour rétablir l'équilibre entre Noirs et Blancs. Cette année, ce sont 12 joueurs noirs qui ont fait le voyage au Japon parmi le groupe de 31, un record pour le XV des "Boks", même si cela reste en-deçà des 50% de convoqués visés par le gouvernement.Mais Kolisi a lancé un pavé dans la mare, en suggérant récemment que Neslon Mandela n'aurait probablement pas soutenu l'idée des quotas en rugby. Le jeune homme de 28 ans, né trois ans avant la fin du régime de l'apartheid, n'aime pas l'étiquette qui lui colle à la peau de premier capitaine noir des Springboks à un Mondial. "Ce n'est pas une description que je trouve naturelle", a-t-il déclaré à l'AFP. "Je suis privilégié d'être le capitaine d'une équipe qui représente tous les Sud-Africains", a-t-il rectifié.
Selon l'analyste de rugby Mark Keohane, l'équipe 2019 est d'ailleurs très respectueuse des différentes cultures et groupes ethniques du pays. "Ils ne sont qu'unité, a-t-il estimé. Ils représentent ce qui est possible dans l'avenir, pas ce qui était lamentable dans le passé."