Le rugbyman calédonien Selevasio Tolofua : "En bleu ou à Toulouse, je vis tout à fond !"

Selevasio Tolofua charge ballon en main
Le Stade toulousain entame bien sa campagne européenne en gagnant en Ulster et en domptant les rugueux Irlandais. L’état d’esprit du groupe et le talent ont fait la différence. Le Calédonien d'origine Wallisienne enchaîne les Bleus et la Coupe d’Europe, ça lui va bien. 
 
Selevasio Tolofua est parti sur un rythme élevé. Après avoir fêté sa première sélection en équipe de France la semaine dernière contre l’Angleterre, en finale de l’Autumn Cup à Twickenham dans le temple du rugby, le Calédonien part à la conquête de l’Europe. Champion de France avec le stade Toulousain en 2019, il n’est pas rassasié. Il revient pour Outre-mer la 1ère sur ce match, mettant en avant l’état d’esprit du groupe emmené par les anciens du Pacifique, les "Papas" de l’équipe selon lui.

Outre-Mer la 1ère : D’abord, quelles est votre réaction sur cette victoire qui n’a pas été facile contre ces sacrés Irlandais ?
Selevasio Tolofua :
On a fait preuve d’un bel état d’esprit, notre groupe n’a rien lâché, on est très contents de cette victoire. Globalement il y a eu beaucoup de combat, le banc a fait la différence avec un gros travail en fin de match. Et aussi on a su utiliser nos ballons en contre-attaque pour revenir sur eux et marquer. Les conditions étaient difficiles avec la pluie, ce qui fait qu’on a essayé de jouer les bons ballons et les bonifier comme on pouvait. En face il y avait quand même une très belle équipe, très dense devant. C’est un très bon match mais ce n’est que le premier, on doit continuer dimanche prochain contre les champions d’Europe.


Outre-Mer la 1ère : En une semaine vous avez joué dans deux contextes complètement différents, comment cela s’est-il passé pour vous ?
Selevasio Tolofua :
Contre l’Ulster d’un point de vue personnel j’ai beaucoup défendu, il y a eu beaucoup de jeu au pied et j’ai essayé d’apporter le maximum à l’équipe. Par rapport au match contre les Anglais, c’était similaire dans le sens où ils nous ont proposé beaucoup de jeu au pied et qu’il y avait de l’engagement, mais après ce sont deux matchs très différents. Le jeu qu’on met en place avec le Stade toulousain est complétement différent de celui de l’Equipe de France. Dans le rythme aussi ce n’est pas comparable dans l’intensité et dans le jeu avec les bleus où tout va très vite.
 
Peato Mauvaka lors de ses débuts en équipe de France

Outre-Mer la 1ère : Est-il facile de passer d’une équipe à l‘autre en une semaine ? 
Selevasio Tolofua :
Le rugby du Stade c’est celui que j’aime, c’est celui qui m’a permis d’avoir ma première cape* et dans lequel je me régale, où l'on privilégie le jeu. Après c’est différent de l’équipe de France où on parle beaucoup d’occupation du  terrain.
*cape ou sélection, est un terme anglais. En 1866 les footballeurs sélectionnés en équipe nationale devaient se présenter avec une casquette  "cap" en anglais en soie blanche avec une rose rouge brodée. Le monde du rugby a ensuite adopté cette tradition.
 

Au Stade Toulousain où je suis arrivé à neuf ans, on a un plan de jeu et une façon de jouer que je pratique depuis bientôt quinze ans, on a cette culture très tôt dans les équipes de jeunes.


 
Outre-Mer la 1ère : Dans cette idée de jeu hier lors du match un joueur a éclaboussé de sa classe le Kingspan Stadium, Cheslin Kolbe votre ailier sud-africain, il est magique ?
Selevasio Tolofua :
C’est un secret pour personne, c’est le meilleur joueur du monde, on a la chance de l’avoir avec nous. C’est un joueur extraordinaire, qui bonifie tous les ballons qu’il a. Je ne l’ai jamais défié à la course (rires). En dehors de ça c’est une personne simple dans la vie de tous les jours, très discret et c’est un bon vivant. Il a toujours le sourire, je l’apprécie énormément, jouer à ses côtés et le regarder c’est comme être au spectacle !
 
Cheslin Kolbe atout du Stade Toulousain

Outre-Mer la 1ère : Dans un tout autre ordre d’idée, qu’apportent des joueurs comme Charles Faumuina ou Joe Tekori à votre paquet d’avants très sollicité hier ?
Selevasio Tolofua :
Charles est très important dans la conquête, précisément dans la mêlée, ça s’est vu hier quand on a pris le dessus sur les Irlandais. Mais il a toujours cette faculté d’être un joueur offensif, c’est un ancien All Black. C’est un joueur qui fait partie des "papas" de l’équipe.
Ces gars-là, auxquels il faut rajouter Jérôme Kaino qui n’a pas joué hier, ce sont eux qui intègrent les jeunes et montrent l’exemple tout le temps. Ce sont les plus anciens du groupe, forcément ce sont des joueurs qui nous apportent chaque jour un plus et qui nous parlent énormément. On a beaucoup d’échanges avec eux. Avec Jérôme en ce qui me concerne il me conseille sur mon poste. Joe Tekori lui fait le lien entre les anciens et les nouveaux. Charlie aide ceux de la première ligne Rodrigue (Neti), Paulo (Tafili), ou Peato (Mauvaka). Techniquement aussi il apporte son expérience aux jeunes.
 
Charles Faumuina capte le ballon devant Selevasio, les Irlandais sont aux abois

Ce sont aussi des joueurs qui sont très simples dans la vie de tous les jours. Joe Tekori, partout où il passe, est toujours un leader de groupe. Il apporte sur l’intégration sur le terrain, on a envie de le suivre, il a beaucoup de valeurs en plus.

 

Comme Jérôme Kaino, Joe Tekori est originaire des îles Samoa, c’est dans la culture et le respect que ces gars-là nous font garder la tête droite.

Sélévasio Tolofua




Outre-Mer la 1ère : Yannick Youyoute, le Guadeloupéen, est rentré hier en jeu pour son premier match en Coupe d’Europe à 21 ans. Vous qui, à 23 ans avez un peu d’expérience, est-ce que vous commencez déjà à lui transmettre des choses ?
Selevasio Tolofua :
Yannick est un mec qui travaille énormément, hier il a fait une rentrée énorme. Franchement physiquement c’est un monstre. Je n’ai pas de conseils à lui donner et j’espère qu’il va enchaîner des matchs. On est proches, il fait partie de notre petit groupe avec Peato ou Rod. Et puis c’est un mec des îles aussi, on se rejoint tous là-dedans.

 
Fin de match, Youyoutte à gauche souffle, Tolofua à droite tout sourire


Outre-Mer la 1ère : Comment voyez–vous le prochain match contre Exeter, les champions d’Europe en titre ?
Selevasio Tolofua :
D’abord on a toujours la défaite de septembre en travers de la gorge (Ndlr Exeter avait battu Toulouse en demi-finale de la coupe d’Europe 28/18). Après c’est une nouvelle saison et une nouvelle Coupe d’Europe, on a tourné la page. C’est bien pour nous que ce soit à la maison pour bien entamer la saison européenne à Ernest Wallon, on a de la fierté à défendre même si le public ne sera pas là. Ce qui s’est passé il y a trois mois reste dans la tête. On les connaît, ils sont surs de leur force avec leur "picks and go" et ils s’appuient dessus. Je ne sais pas encore comment on va les jouer, on n’a pas entamé la semaine de préparation, mais une chose est sûre on va tout mettre en place cette semaine pour avoir les moyens de les battre. Mais c’est un nouveau match et chaque match est différent.


Outre-Mer la 1ère : Ce sont des cadences infernales non ?
Selevasio Tolofua :
On ne peut pas rêver mieux, je ne vais pas me plaindre. Je joue contre ce qui se fait de mieux en Europe, je suis heureux de pouvoir vivre ça, tout ce que je prends je le prends et je le vis à fond.