Saint-Martin : seize mois après Irma, la lente reconstruction d'un établissement scolaire provoque la colère

Des parents d'élèves accompagnent leurs enfants à l'école à Grand-Case.
Plus de seize mois après l'ouragan Irma à Saint-Martin, un appel à la grève a été lancé ce vendredi à la Cité scolaire de Grand-Case (nord), où les retards de travaux de reconstruction entraînent un manque de salle de classes, toujours pas réglé depuis septembre.
Le syndicat d'enseignant Snes-FSU et le Collectif PEP (Parents-Elèves-Professeurs) dénoncent une "négligence du service public". Depuis le passage de l'ouragan le 6 septembre 2017, les deux collèges Soualiga (500 élèves selon les chiffres établis en septembre 2018) et Weinum (environ 300 élèves) ont fusionné au sein de la Cité Scolaire (qui compte aussi un lycée d'environ 700 élèves), le collège Soualiga de Cul-de-Sac (nord) ayant été entièrement détruit par Irma.
           

Classes modulables

Mais l'installation de classes modulables, toujours repoussée alors qu'elle était prévue pour la rentrée de septembre, provoque la colère des enseignants et parents d'élèves. Pour le collectif PEP, cette situation ne permet pas de garantir des conditions d'accueil et un niveau d'enseignement corrects. "Il faut que les parents sachent que l'enseignement de seconde par exemple n'est pas effectué dans sa globalité", indique une enseignante. "La scolarité actuelle n'est pas normale : 65% des élèves n'ont pas la moyenne".
           
Selon une autre enseignante, "parfois les enfants restent devant l'établissement pendant six heures (entre deux cours, en raison d'emplois du temps morcelés, ndlr). On n'imagine pas le danger". Michel Sanz, inspecteur d'académie, directeur académique adjoint des services de l'Éducation nationale, indique "partager l'incompréhension et l'exaspération de l'équipe pédagogique dues aux promesses non tenues".
           

Préavis de grève

La collectivité de Saint-Martin a assuré que les classes modulables seraient achevées fin janvier. Elle a notamment rejeté la faute de ces retards sur l'entrepreneur choisi pour la reconstruction. Les enseignants s'interrogent déjà sur la rentrée 2019 et sur le problème du sureffectif. "Nous n'accepterons pas des classes de 35 élèves", affirme une enseignante.
           
Un préavis de grève a été déposé vendredi pendant la visite du recteur d'académie. "Nous allons maintenant faire remonter nos inquiétudes et nos questionnements au niveau supérieur. Nous estimons qu'il existe ici une négligence du service public d'éducation. L'enseignement ne se pratique pas ici comme dans le reste de la République", a affirmé Laurent Bayly, secrétaire territorial du syndicat d'enseignant Snes-Fsu.