Karine Claireaux a fait une conférence hier à l’Institut français de la mer à Paris devant un parterre d’étudiants et d’anciens marins sur Saint-Pierre et Miquelon. La sénatrice a présenté l’archipel sous toutes les coutures et mis en avant son grand projet de hub portuaire.
Karine Claireaux s’est livrée avec beaucoup de pédagogie et pas mal d’humour à un vaste exposé sur Saint-Pierre et Miquelon à l'Institut français de la mer à Paris. Dans un amphithéâtre rempli d’étudiants, de marins à la retraite ou d’amoureux de la mer, la sénatrice a émaillé son discours d’images, de chansons et de vidéos pour faire comprendre cet archipel français unique situé à 25 km de Terre Neuve au Canada.
Saint-Pierre et Miquelon, le parent pauvre
"Situé à 4 750 km de l’hexagone, Saint-Pierre et Miquelon est la collectivité d’Outre-mer la plus proche, mais dans les faits, c’est la plus éloignée, précise d’emblée Karine Claireaux. L’archipel compte 6 300 habitants et seuls 3% de la population travaillent dans l’agriculture. Le sol est pauvre, il appartient à la grande formation des Appalaches, mais surtout dès le 18e siècle les marins ont construit leurs maisons grâce aux arbres et l’archipel a été victime d’un déboisement très important dont il est difficile de se remettre".
Des 11 000 vierges à Al Capone
Saint-Pierre et Miquelon a été découvert par en 1520 par le navigateur portugais José Alvarez Faguendes qui nomme alors l’archipel "l’île des 11 000 vierges". Jacques Cartier en prend possession en 1536 au nom du roi de France. Ensuite, il y a des conflits incessants jusqu’en 1815 où Saint-Pierre et Miquelon devient définitivement française. En 1816, les anciens habitants et leurs familles reviennent s’y installer. "Nous fêterons l’année prochaine le bicentenaire de ce retour et ce sera un événement dans l’archipel", précise la sénatrice. Un détail étonnant : Saint-Pierre et Miquelon a joué un rôle dans la prohibition, à tel point que l’on raconte sur place qu’Al Capone est venu sur l’archipel. "La preuve : on a son chapeau", s’amuse la sénatrine Karine Claireaux.
Un archipel tourné vers la mer
Pendant longtemps Saint-Pierre et Miquelon a vécu de la pêche à la morue. Aujourd’hui, c’est du passé, mais "l’archipel reste résolument tourné vers la mer, insiste Karine Claireaux. En ce moment, on a des quotas de pêche intéressants pour certaines espèces, mais il est impossible d’exporter cette pêche. C’est dramatique pour nous. On arrive quand même à faire de l’élevage. Exemple : la Royale de Miquelon, une coquille Saint-Jacques délicieuse très prisée localement et vendue ailleurs".
Le projet de hub portuaire
C’est le dossier auquel croît fermement la sénatrice. "Je considère que notre port actuel est en partie vétuste et sous-dimensionné. Or on sait que tout va se passer dans le pôle Nord, en raison du réchauffement climatique. On peut regretter cette situation, mais il faut se positionner. Il faut donc construire un hub de transbordement à conteneurs français dans l’Atlantique nord. Sa mise en service pourrait débuter en 2020. Il pourrait y avoir 140 à 180 emplois créés. Il faut faire revenir nos jeunes dans un archipel qui stagne puis de trop nombreuses années". Interrogé par la salle sur les conséquences en matière d'environnement de ce projet, Karine Claireaux répond : "Ce que l'on attend c'est un droit d'exister à côté du Canada. Certes ce projet posera un problème environnemental, mais il y aura une étude d'impact. Il ne faut pas que ce hub se fasse au détriment de l'environnement durable".
Le tourisme
Certes à Saint-Pierre et Miquelon, "il y a 100 jours de brouillard par an", précise la sénatrice, mais si vous avez de la chance, vous pouvez passer un séjour unique sur l’archipel. C’est le seul endroit en France où l’on trouve une forêt boréale qui abrite des espèces uniques comme des orchidées sublimes. Sur le Grand Colombier, on trouve la plus importante colonie de Macareux moine en France, 30 000 couples nichent à cet endroit. La sénatrice parle même d’une cascade à Langlades qui lui fait penser à l’ancienne publicité pour Obao ! Mais surtout Karine Claireaux souligne à quel point la population de Saint-Pierre et Miquelon est chaleureuse. Bref, "ça vaut le détour", conclut-elle.