Salon de l'agriculture : un investissement important, mais rentabilisé pour la Nouvelle-Calédonie

Le stand de la Nouvelle-Calédonie au Salon international de l'agriculture
À Paris, la Province Sud et la Province des îles Loyauté sont venues représenter la Nouvelle-Calédonie au Salon international de l'agriculture. Les prestataires sont d'ores-et-déjà satisfaits du déplacement, à quelques jours de la fin de l'événement.

"Allez allez, approchez-vous et venez déguster notre bougna de crevettes !", lance Jean-Marc Ventoume dans son micro. Le chargé de mission en agro-alimentaire, membre de la Société de développement et d'investissement des îles (SODIL) a la voix qui porte, il attire de nombreux curieux autour du stand de la Nouvelle-Calédonie, dans le pavillon Outre-mer du Salon de l'agriculture à Paris. Cette année, l'emplacement de 150 mètres carrés regroupe deux provinces : celle du Sud et des îles Loyauté.

Dégustation de bougna (plat traditionnel Kanak) et de sashimis de thon revisités par le chef calédonien Alfonse Koce.

"Le fait de capitaliser le stand avec la Province Sud augmente notre visibilité", expose Jean-Marc Ventoume. Les îles Loyautés (Maré, Tiga, Lifou et Ouvéa) sont souvent méconnues du grand public, alors la délégation en profite pour mettre en avant les produits locaux et la culture. 

Le miel connait un gros succès. Ça nous donne confiance pour la suite.

Jean-Marc Ventoume

Le chargé de mission ajoute que l'ensemble des produits bruts -ignames, patates douces, fruits et cannes à sucre- ont été vendus. "On a été dévalisé ! Il ne nous reste plus que des produits transformés, comme l'huile de coco ou les savons par exemple", répertorie Jean-Marc Ventoume.

Un budget de 200 000 euros

La Province des îles a sorti le carnet de chèques pour financer ce voyage. Entre le transport des marchandises, de la délégation et le stand dans le Salon, une enveloppe de 200 000 euros a été accordée pour ce séjour parisien, pour couvrir l'ensemble des frais. "C'est un investissement important, c'est très cher, mais nous le rentabilisons vite", assure Alexandre Elia, collaborateur auprès du président de la Province des îles Jacques Lalié. "En plus du budget de la Province, notre branche financière, la SODIL, participe aussi au bouclage du budget", ajoute Alexandre Elia.

Vite rentabilisé, car les prestataires ont obtenu "des touches" avec des distributeurs, voir des restaurateurs dans l'Hexagone. "On a notre poisson, le vivaneau, qui va peut-être trouver un acquéreur, tant mieux !" se réjouit Jean-Marc Ventoume.

"C'est aussi l'objectif de notre venue, on recherche des marchés de niche", précise Alexandre Elia. "On n'est pas sur de grosses productions, c'est familial, mais nous pouvons aussi nous exporter".

"On veut amorcer la pompe de l'exportation"

Même son de cloche du côté de la Province Sud. Philippe Bruot est producteur de rhum au Mont-Dore depuis sept ans. Il est le seul en Nouvelle-Calédonie. Pour lui, venir au Salon de l'agriculture est capital pour avoir des retours de professionnels de sa filière : "La chose très positive, c'est que beaucoup de personnes, dont des spécialistes en rhum, ont goûté nos produits. Ils les ont trouvés exceptionnels et ont été charmés. Au-delà du Salon, notre but est de diffuser nos rhums dans l'Hexagone."

À 50 euros la bouteille, Philippe Bruot a vendu la moitié de son stock. "C'est plutôt satisfaisant. J'ai vendu 300 bouteilles, ce qui fait environ 15 000 euros." 

Philippe Bruot, à droite, avec son collègue de la Distillerie du Soleil - Rhum Terre du Sud.

Pour le producteur de rhum calédonien, le coût de ce Salon lui revient dix fois plus cher qu'un producteur de rhum antillais. La Nouvelle-Calédonie est soumise au droit d'accise, une taxe appliquée à l'entrée du territoire hexagonale sur la consommation de produits spécifiques, dont l'alcool. "Bien que l'on soit Français, on n'est pas considéré comme tel aux yeux de la loi. Nos droits d'accises explosent, comme si on était Argentins ou Suédois", explique Philippe Bruot. "La Martinique, La Réunion, la Guadeloupe, la Guyane... Tous ont un droit d'assice réduit, qui est un peu près dix fois moins cher que le nôtre. On paie autant de taxes que pour des alcools qui arrivent des États-Unis ou d'ailleurs. On espère que ça va évoluer", ajoute le producteur calédonien. 

La rentabilité est donc plus compliquée à atteindre, mais Philippe Bruot précise qu'il "ne vient pas là pour rentabiliser, mais pour amorcer la pompe à l'export."

Pour Jean-Marc Ventoume, cette "grande messe commerciale" permet en tout cas à l'ensemble de la délégation de Nouvelle-Calédonie de profiter d'un coup de projecteur inédit, avec plus de 600 000 personnes de passage au Salon de l'agriculture. Il reste quelques jours aux Calédoniens pour partager leur savoir-faire et vendre leurs derniers produits en stock.