Salon Tiki fabulous weekend : « Ce n’est pas qu’un tatouage, c’est un partage »

Karere tatoue depuis qu'elle est au collège
La première édition du Tiki fabulous weekend, salon dédié au tatouage polynésien, a eu lieu ce samedi et dimanche en banlieue parisienne. 45 artistes étaient présents pour faire connaître leur travail, et la tradition d'échange et de partage qui accompagne le tatouage traditionnel polynésien.
Samedi matin, dans la fraicheur automnale qui saisit la commune d’Ozoir-la-Ferrière (Seine-et-Marne), une trentaine de personnes se rassemble devant la salle des fêtes de la ville. Elles attendent que le Tiki fabulous weekend, salon du tatouage polynésien, ouvre les portes de sa première édition.

Dans un coin, cinq hommes entonnent des chants traditionnels tahitiens, avant de laisser la place à un homme plus âgé. Vêtu de rouge, portant un bâton, Teuhi Teina annonce l’heure de la bénédiction. "Toutes les conventions de tatouage devraient se passer comme ça, explique-t-il, en commençant par une bénédiction du salon par les dieux."

Le rituel dure une dizaine de minutes. Chants, danses et offrandes se succèdent, sous l’œil curieux des spectateurs. "Je n’avais jamais vu ça de ma vie, murmure Jeanne, venue en famille à la convention. C’est impressionnant."
 

45 tatoueurs présents

Une fois la bénédiction finie, les visiteurs sont invités à passer la porte, collier de fleurs colorées autour du cou. A l’intérieur, quatre rangées de stands, un musée éphémère consacré au tatouage et une scène sont installés.

45 tatoueurs ont fait le déplacement pour présenter leur travail et tatouer des passionnés pendant les deux jours que durera le Tiki fabulous weekend. La majeure partie des artistes viennent de Polynésie, d’autres sont originaires de l’Hexagone, d’Italie ou d’Allemagne.
 
45 tatoueurs étaient présents au Tiki fabulous weekend

Karere Kokauani a trente ans et elle est l’une des deux seules femmes tatoueuses présentes au salon. Originaire de Tahiti, installée à Nîmes (Gard) depuis quatre ans, elle a appris l’art du tatouage grâce à son oncle, dès l’enfance.

« Petite je dessinais beaucoup, au lieu de travailler à l’école, raconte-t-elle avec un sourire. J’ai commencé ensuite à tatouer au collège, avec une aiguille à coudre et de l’encre de chine. Et petit à petit, de mes cousins et mes copains, je suis passée à une clientèle plus large. Et maintenant, je vis de ma passion ! »
 

Le tatouage comme partage

La jeune femme se hâte de finir l’installation de son stand car son planning sur le weekend est chargé. Des clients ont pris rendez-vous en amont pour se faire tatouer par ses soins. Mathieu n’a pas hésité à faire une heure de trajet pour venir faire réaliser son tatouage. Le cinquième en sept ans.
  

Ce que j’aime dans le tatouage polynésien c’est son côté très personnel. Ca m’appartient, c’est à moi et à personne d’autre. Ca va au-delà de la question esthétique.


Car le tatouage polynésien traditionnel n’est pas qu’un dessin : chaque motif gravé dans la peau de quelqu’un a une signification particulière en lien avec sa vie. Karere insiste d’ailleurs sur le lien fort qui unit le tatoueur et la personne qui se fait tatouer : "On est un peu comme des psychologues, ils viennent se confier à nous. Ce n’est pas qu’un tatouage, c’est un échange, un partage."
 
Chaque motif d'un tatouage polynésien raconte un événement de la vie de la personne

C’est en discutant sur place avec Mathieu que Karere a imaginé le dessin de son nouveau tatouage. Qu’a-t-il voulu représenter ? "C’est secret, c’est trop personnel", glisse-t-il. Trois heures plus tard, le jeune homme est satisfait. Pour Karere la mission est accomplie : "Quand ils sortent de mon salon, les gens sont changés."
 

Retrouvez le reportage de France Ô / Outre-mer la 1ère :

©la1ere