Les importations de nickel cubain sont interdites par Washington. C’est l’une des sanctions économiques des États-Unis contre Cuba. La conséquence de la confiscation des usines détenues par des compagnies minières américaines après la révolution cubaine.
Les réserves de nickel de Cuba figurent parmi les plus importantes au monde. Comme la Nouvelle-Calédonie, la grande île de la Caraïbe possède environ le quart des réserves mondiales (800 millions de tonnes de réserves confirmées et 2 milliards de réserves probables). Tout le nord-est de l’Île regorge de minerai et compte deux grandes usines métallurgiques qui produisent un alliage destiné à l’acier inoxydable. L'entreprise minière et métallurgique d'État Cubaniquel peine à obtenir des prêts bancaires internationaux pour moderniser ses installations.
Cigares, rhum et nickel...
Les premières extractions de nickel dans l'île remontent à 1900. La première usine fut construite en 1945, et déjà, par les Américains associés au métallurgiste canadien Inco. L’International Nickel Company était l’une des plus anciennes sociétés minières au monde, elle est aujourd’hui la propriété du brésilien Vale. Comme les hôtels et les casinos, les usines et les mines de nickel à Cuba furent étatisées et leurs propriétaires spoliés. Les techniciens canadiens durent quitter le pays, ils furent remplacés par des métallurgistes soviétiques de Norilsk Nickel.
Sanctions
Les premières sanctions économiques ont été imposées à Cuba en 1960 par l’administration républicaine de Dwight D. Eisenhower, officiellement en raison du processus de nationalisations entrepris par le gouvernement communiste de Fidel Castro. En 1996, l’administration démocrate de Bill Clinton a adopté la loi Helms-Burton qui est à la fois extraterritoriale et rétroactive, c’est-à-dire qu’elle s’applique pour des faits survenus avant l’adoption de la législation, ce qui est contraire au droit international. La loi Helms-Burton sanctionne toute entreprise étrangère qui s’installerait sur les propriétés nationalisées appartenant à des personnes qui, au moment de l’étatisation, disposaient de la nationalité cubaine.
Cuba n'est pas nickel
En raison de l’application extraterritoriale par Washington des sanctions économiques, un fabriquant d’automobiles japonais, allemand, coréen ou autre, qui souhaiterait commercialiser ses produits sur le marché nord-américain, doit démontrer au Département du Trésor que ses voitures ne contiennent pas un gramme de ferronickel cubain. L'acier inoxydable produit au Canada ou en Europe ne doit pas non plus comporter le moindre gramme de nickel en provenance de la Havane ou d'un autre port de l'île. Une zone grise existe donc autour des exportations cubaines. Difficile, voire impossible de connaître les clients européens ou canadiens du nickel cubain. Avec les centres miniers et métallurgiques de Pinares, de Nicaro et de Moa, Cuba possède trois grandes entités industrielles pour la production de nickel.