Sanofi: échec commercial du vaccin contre la dengue, inquiétudes dans l'usine

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Le vaccin contre la dengue de Sanofi se vend beaucoup moins bien que prévu, ce qui inquiète les syndicats de l'usine de Neuville-sur-Saône près de Lyon, dont le groupe pharmaceutique pourrait réorienter la production.
Selon les syndicats, l'objectif était de vendre 100 millions de doses par an mais Sanofi en vendrait dix fois moins et le stock d'invendus atteindrait 400 millions de doses, comme l'a déjà évoqué France 3. "Il n'y a pas d'activité ou quasiment pas. Jusqu'en juillet, le site participe à un test mais après, il n'y aura plus rien à produire", affirme Fabien Mallet, délégué CGT, évoquant "un échec industriel". "Le vaccin est homologué dans vingt pays qui sont tous des pays en développement, excepté l'Australie. Il est efficace, il n'y a pas de problème sur le produit mais un problème de coût et de marché. Une dose coûte environ 7,5 euros et il en faut trois. Pour un pays comme le Bangladesh, c'est énorme", ajoute-t-il.

Réorientation de l'usine ?

Interrogé par l'AFP, le groupe assure que l'usine de Neuville, qui emploie environ 190 salariés, "est en activité et produit actuellement du vaccin contre la dengue". Mais les ventes du Dengvaxia n'ont rapporté que 4 millions d'euros au troisième trimestre 2017 et 22 millions sur les neuf premiers mois de l'année, contre 55 millions en 2016, un chiffre déjà bien en-deçà des attentes. "Cette performance résulte de la difficulté à mettre en oeuvre opérationnellement de vastes programmes publics de vaccination dans un environnement politique et économique difficile et dans un contexte de faible incidence de la maladie, en particulier en Amérique latine", fait valoir la direction, qui envisage de réorienter la production de l'usine.

"Le site de Neuville a la capacité de produire d'autres vaccins pour répondre à des besoins de santé publique. Plusieurs réflexions sont à l'étude", indique-t-elle sans plus de détails.

350 millions investis

En attendant, les salariés ne savent pas trop à quoi s'en tenir. "Certains ont déjà vécu le plan social quand le site est passé de la chimie à la pharmacie et c'est une deuxième remise en question pour eux", relève le délégué CGT, selon lequel des effectifs pourraient être détachés ou redéployés sur d'autres sites, autour de Lyon ou ailleurs. En 2009, Sanofi avait fait le pari d'investir près de 350 millions d'euros pour reconvertir le site de Neuville-sur-Saône, dédié depuis 1953 à la chimie, dans la production de son vaccin contre la dengue, misant alors sur de vastes campagnes de vaccination à travers le monde.