Pour sauver leur activité, des marchands itinérants tahitiens installent un magasin éphémère de perles près de Montpellier

Un couple de Tahitiens installe un magasin éphémère durant l’été dans une station balnéaire au bord de la méditerranée pour vendre des perles de Tahiti. Marchands ambulants depuis 25 ans, la crise du coronavirus les a obligés à « sédentariser » leur commerce. 
C’est la première fois qu’ils rompent avec leur vie nomade de marchands itinérants dans les foires et les marchés de l’Hexagone. Tévivirani et Fabrice Selet-Van Bastolaer sont originaires de la presqu’ile de Tahiti. Ils dirigent Terre D’iris, une société qu’ils ont créée en 1997. Après avoir débuté leur activité commerciale au cœur du marché de Papeete de 2001 à 2010, le couple part s’installer dans l'Hexagone et importe des perles des fermes perlières. Avec, ils confectionnent colliers, boucles d’oreilles et autres bracelets et les vendent avec d’autres produits locaux comme les paréos et le monoï sur un stand qu’ils installent lors des foires et autres festivals dans l'Hexagone et en Europe.

Associés avec une quinzaine d’autres vendeurs itinérants à la troupe du chorégraphe tahitien Théo Sulpice, ils participent au rayonnement des produits polynésiens, notamment lors des grandes foires comme celle de Paris et des salons comme ceux du tourisme ou de l’agriculture, en Belgique, à Berlin ou en Italie. L’été, ils sillonnent les plages du littoral hexagonal avec la troupe de danseurs.
 

Sédentarisation forcée

Mais la crise du covid-19 est venue bousculer leur vie et surtout leurs affaires. Victimes au printemps dernier des annulations en cascade des manifestations et autres festivals, Tévivirani et Fabrice ont très vite compris que le virus menaçait leur entreprise et pouvait les mettre en faillite. Profitant de la présence de leur deux enfants à Montpellier pour des études – histoire de se rapprocher d’eux -, le couple décide alors de rompre un temps avec leur vie nomade.

Après avoir fait le tour des stations balnéaires proches de la capitale de l’Hérault, ils se décident à louer un magasin éphémère à La Grande-Motte, un lieu très prisé par les vacanciers avides de plages et de soleil… Installé dans une des artères commerçantes les plus prisées de cette cité d’Occitanie, le couple présente une devanture qui détonne au milieu des habituelles boutiques de vêtements, de maillots de bain et autres marchands de glaces. « Ça change de voir des colliers de perles et des paréos plutôt que des articles de plage », confient les vacanciers croisés devant la boutique. « En les voyant, on a aussi l’impression de voyager tout en restant en France », lâchent certains clients qui habituellement passent leurs vacances à l’étranger.
 

Chiffre d’affaires sauvé !

Résultat, les ventes ne sont pas extraordinaires mais le chiffre d’affaires se maintient, confie le couple. « On ne fera pas des mille et des cents, mais au moins on vend un peu chaque jour, de quoi rentrer dans nos frais et dégager quelques bénéfices », explique Fabrice Selet. « Ce sont surtout les pendentifs et les boucles d’oreilles qui se vendent le mieux ». « C’est déjà ça, renchérit sa femme, Tévivirani. Avec la crise du covid, on aurait pu se retrouver sans rien vendre cette année. Ce magasin éphémère sauve notre saison estivale. Et puis, il y a moins de monde cette année en bord de mer à cause du covid. Il manque notamment les étrangers. A la mairie, on nous parle d’une baisse de fréquentation touristique d’environ 30 % par rapport à l’an passé. Résultat, on vend moins par rapport à ce que nous aurions pu faire lors d’une saison normale ».
 

Magasin éphémère

Le couple a déboursé quelques 10 000 euros pour 3 mois et demi – de mi-juin à fin septembre – pour ce magasin éphémère. Ils ont embauché un jeune Tahitien pour les seconder et peuvent aussi compter sur l’aide de leurs enfants qui se relaient pour venir donner un coup de main.

« Cela nous change vraiment de notre vie de nomades, confie Fabrice Selet. C’est le covid qui nous a implantés ici. D’habitude, on est sur la route. 3 jours par ci, 4 jours par là. L’épidémie nous a obligés à nous restructurer. On a l’impression dans le magasin d’être en Polynésie, et non plus dans un stand, comme d’habitude »…
 

Tahiti-sur-méditerranée

Le couple ne chôme pas : 15 heures par jour non-stop. D’autant plus qu’ils fabriquent, assemblent et montent les bijoux sur place tout en renseignant la clientèle. Ils réparent même les colliers que certaines personnes leur apportent. « Beaucoup de clients connaissent Tahiti soit parce qu’ils y sont allés ou parce qu’ils souhaitent y aller, explique Manaïa, l’employé occasionnel. Résultat, le magasin les attire et déclenche généralement un acte d’achat ». « Nous bénéficions aussi d’une grande visibilité des fermes perlières de Polynésie et  du monoï qui sont apparus dans de nombreuses émissions à la télévision ces dernières semaines, et notamment sur France Ô !, insiste Fabrice Selet. Ca booste les ventes ! »

Le couple réfléchit à reproduire cette expérience l’an prochain en raison des doutes qui pèsent déjà sur la prochaine saison estivale. « Plutôt sur la côte Atlantique - la Bretagne ou la Vendée -, lâchent-ils, histoire de changer et de voir si les ventes seront meilleures… »

En attendant, la saison est loin d’être terminée. Il reste encore quelques semaines aux touristes et autres vacanciers pour découvrir cette boutique tahitienne éphémère, dans l’allée des boutiques du Couchant, un des lieux les plus fréquentés de la Grande-Motte.