Quartier Trois Rivières à Sainte-Luce, en Martinique, les chasseurs de crabes affluent de toute l'île depuis l'ouverture officielle de la saison. Ils sont une cinquantaine à piéger les crabes de terre. Ils n'ont que 5 mois dans l'année, de mi-février à juillet afin de préserver l'espèce. Le crabe de terre est l'une des 7 espèces vivant dans la mangrove. Pour assurer la survie de l'espèce, les autorités veillent au respect de la taille minimum.
"On essaie d'avoir des crabes avec une belle pince, une carapace assez costaude, au-delà de 8 (cm). Que le client soit aussi content et que nous lorsqu'on reviendra l'année prochaine, ceux qu'on aura lâchés on les retrouvera (plus grands)." précise un chasseur de crabes.
Le crabe est indispensable à l'écosystème car les galeries qu'il creuse partout jusqu'à 60 cm sous les arbres, assurent la régénération du sol.
"Le crabe va mélanger, par exemple le sol, par le fait d'habiter et de creuser ses terriers. Ces galeries vont permettre à l'eau de pluie de mieux pénétrer dans le sol. Ça va permettre aussi les échanges d'oxygène et surtout ça va permettre de mélanger le sol. La végétation qui constitue la mangrove, c’est-à-dire les palétuviers, ils ont besoin de ce mélange pour pouvoir puiser les nutriments dont ils ont besoin." explique Mélanie Herteman, Docteure en Sciences Ecologiques.
Si demain il n'y avait plus de crabes dans les mangroves, comme celles-ci, que se passerait-il ?
- "Les mangroves simplement disparaîtraient." répond la scientifique.
À mesure que l'on approche de la mer, les palétuviers rouges font désormais partie du paysage. Sur ces racines plongeantes dans ces bras de rivières, d'autres espèces de crabes ont leur habitat. Un autre écosystème protégé par les arrières mangroves déjà évoquées.
Si on ne protège pas les arrières mangroves, on va avoir une disparition progressive des mangroves, qui se trouvent en front de mer ou alors sur le bord des rivières.
Mélanie Herteman, Docteure en Sciences Ecologiques
Déséquilibre délicat où l'impact humain a une immense influence de l'amont vers l'aval, alors que nos mangroves protègent les côtes de l'érosion et de la montée des eaux.
Un reportage de Delphine Bez et François Marlin de Martinique la 1ère.