En 1523, avec la mise en place du commerce négrier, des milliers d'esclaves seront débarqués à Portobelo. Des hommes pour la plupart originaires du Golfe de Guinée notamment d’Angola, du Cameroun, de Guinée et du Congo.
De cette histoire tragique reste des vestiges que l’on peut encore observer à Portobelo: le bâtiment des douanes et le fort San Jeronimo, entièrement construit par les esclaves.
Les maîtres espagnols ont obligé les esclaves à s'immerger dans les profondeurs de la mer pour y couper des coraux. Ces coraux ont servi à la construction des murs du fort de Portobelo
Mama Ari.
Malgré les conditions difficiles et l’évangélisation, les esclaves africains parviendront à maintenir leurs traditions et à développer une culture atypique: la culture Congo.
Aujourd’hui, 95 % des habitants de Portobelo sont d'origine africaine et la culture Congo fait partie intégrante de leur quotidien. Depuis 3 ans, ils ont même leur musée: la Casa Congo.
Ici, on apprend comment les esclaves ont lutté pour leur liberté, comment ils ont adapté leurs connaissances traditionnelles à l'environnement local. Une histoire singulière qui a valu à la culture Congo d'être inscrit depuis novembre 2018 au patrimoine culturel immatériel de l'Unesco. Une décision dont la population est très fière
C’est la reconnaissance d'une culture, c'est l'histoire de la lutte d'un peuple libéré de l'esclavage devenu cimarron, qui se souvient de son histoire avec fierté. Nous espérons que d'avantage de visiteurs viendront, que beaucoup de gens s'intéresseront à l'histoire à la culture et la nature de PortoBello,
Lourdes Guttierrez, Directrice de la Fondation Bahía Portobelo.
Au -delà de la langue qui mélange les dialectes africains avec l’espagnol, cette culture se définit surtout par la danse, forme d’expression pour dénoncer l'esclavage, évoquer les luttes pour la liberté ou encore parodier l'église ou la couronne espagnol.
Le costume lui-même a une signification
"Mama Ari" est aujourd’hui gardienne de cette culture héritée des esclaves. Elle a même crée un groupe de danses Congo dans le but de préserver cette tradition et de la transmettre aux jeunes générations.Notre costume symbolise la liberté, celle pour laquelle le noir a tant lutté; la couleur de la robe représente la nature et la largeur évoque la liberté et le tour que nous faisons lorsque nous dansons c'est le tour qui devait nous mener à la liberté, c'est pourquoi cette danse est libre,
Mama Ari.
Aujourd’hui, Les Congos du Panama ont une place importante dans la société panaméenne, de par la force de leur travail, leur unité, et leur fierté.
Le Christ Noir de Portobelo
La ville de Portobelo est célèbre pour la statue du christ noir qui trône dans l’église San Felipe, l’une des dernières églises construite au Panama par les Espagnols. Elle aurait été trouvée en 1658 par des pêcheurs du village dans une caisse jetée à la mer par des marins d’un navire espagnol sur le point de faire naufrage. Il s’agissait de leur 6ème tentative pour sortir de la baie. Le bateau qui devait se rendre en Colombie était à chaque fois repoussé par une tempête. Cette fois ci il réussit sa sortie. Pour les habitants de Portobelo, c’est un signe, le christ veut rester dans le village. On l’installe alors dans l’église. D’autres versions de l’arrivée du Christ noir existent.Les habitants lui attribuent de nombreux miracles. Aujourd’hui, Il est fêté chaque 21 octobre avec une procession dans les rues de la ville. Entre 30 000 et 50 000 pèlerins viennent de tout le Panama pour honorer le Christ noir.