L’un des pionniers du street art et graffiti français, le plasticien et graffeur guadeloupéen Shuck One, nous a ouverts les portes de son atelier de Choisy-le-Roi en région parisienne. Parcours d’un artiste atypique et résolument engagé.
Son atelier est situé dans une ancienne usine près de la zone industrielle de Choisy-le-Roi. L'ensemble fut d’abord une maroquinerie, au XIXe siècle, avant de devenir une fabrique de verre. Face à la Seine et aux rails de chemin de fer, les lieux ont conservé leur aspect suranné d’antan. Des allées sont encore pavées et les murs de l’ancien complexe semblent receler une indéfinissable mémoire. Un théâtre s’y est installé, ainsi que quelques autres ateliers d’artistes.
Au deuxième étage de l'un des bâtiments, avec une vue dominant le fleuve, Shuck One évoque « un lieu d’inspiration et de création intense ». « Il y a ici une énergie presque vaudouisante. Et puis l’endroit est très bien exposé, avec beaucoup de lumière », ajoute-t-il. L’artiste, qui réside à Paris, loue cet espace depuis dix ans. « J’y viens quasiment sept jours sur sept. C’est un lieu de réflexion et de conception où je suis en perpétuelle création ». Entre deux voyages. Récemment, il était encore à Venise où il a passé dix jours dans le cadre des événements culturels liés à la célèbre Biennale (voir vidéo plus bas).
En 1984, Shuck One arrive à Paris. Un autre univers pour ce natif de Guadeloupe, où il découvre notamment le mouvement et la communauté hip-hop hexagonales et européennes. « J’ai découvert aussi le graffiti sous une autre forme », dit-il. « C’était une autre formulation d’identité, avec de la revendication, quelque chose de très urbain et politique ». Dans la capitale, Shuck One commence à graffer. « J’ai semé un peu partout dans la ville, à laisser des traces. J’avais fait du métro mon territoire. » Ses lignes favorites sont les lignes 2, 9 et 13, parmi les plus fréquentées et traversant tout Paris, qui vont lui valoir le titre de « King of subway ». C’est à cette époque qu’il choisit également son pseudonyme.
Le milieu des années 90 marque une inflexion dans la carrière de l’artiste guadeloupéen. Il va développer d’autres techniques et investir d’autres univers que les espaces urbains. En utilisant toujours les bombes de peinture, il passe à la toile, principalement, mais réalise aussi des collages, des dessins, des sculptures et des installations en « live ». En même temps, il acquiert une reconnaissance sur le plan international.
Dans le cadre d’expositions personnelles ou collectives, les œuvres de Shuck One ont été présentées dans presque toute l’Europe (Allemagne, France, Belgique, Italie, Pays-Bas, Suisse, Suède, etc.), en Martinique, au Canada, ainsi qu’au Maroc et en Afrique du Sud. Ses créations font aussi partie de collections publiques et privées. On les retrouve notamment dans la collection permanente du Mémorial ACTe en Guadeloupe, au Fonds national d’art contemporain, à la ville de Strasbourg, au ministère des Outre-mer et à la Fondation Thétis.
« A travers cette plateforme nous souhaitons redonner une place centrale aux enfants et les aider dans l’optique de leur développement personnel », précise Shuck One. « Vivre libre ou mourir » a travaillé avec différentes institutions comme l’Unesco et Sciences Po Paris, entre autres. Par ailleurs, fidèle à ses engagements auprès des jeunes, Shuck One a été artiste référent du concours de la Flamme de l'égalité 2019, où il a animé des ateliers avec trois classes de CM2 et leurs enseignants à l'école Marcel Lelong de Sarcelles. Ces 82 élèves ont été lauréats du concours, et ont reçu leur diplôme le 10 mai dans le Jardin du Luxembourg des mains du président Emmanuel Macron.
Au deuxième étage de l'un des bâtiments, avec une vue dominant le fleuve, Shuck One évoque « un lieu d’inspiration et de création intense ». « Il y a ici une énergie presque vaudouisante. Et puis l’endroit est très bien exposé, avec beaucoup de lumière », ajoute-t-il. L’artiste, qui réside à Paris, loue cet espace depuis dix ans. « J’y viens quasiment sept jours sur sept. C’est un lieu de réflexion et de conception où je suis en perpétuelle création ». Entre deux voyages. Récemment, il était encore à Venise où il a passé dix jours dans le cadre des événements culturels liés à la célèbre Biennale (voir vidéo plus bas).
"S’approprier notre histoire"
Shuck One est né à Pointe-à-Pitre en 1970. Ses premières découvertes de graffitis se font dans les rues de cette ville, dans une période de revendication politique où les militants indépendantistes écrivent des slogans sur les murs. « J’ai commencé à réfléchir à notre identité et à notre bataille pour exister », explique-t-il. « À notre histoire brumeuse avec la France, nos cerveaux englués dans un brouillard sombre. Je pensais aussi à l’histoire de l’Afrique, de l’esclavage, sans oublier notre environnement caribéen et de l’Amérique du Sud. Il y avait cette volonté de s’approprier notre histoire dans le monde ».En 1984, Shuck One arrive à Paris. Un autre univers pour ce natif de Guadeloupe, où il découvre notamment le mouvement et la communauté hip-hop hexagonales et européennes. « J’ai découvert aussi le graffiti sous une autre forme », dit-il. « C’était une autre formulation d’identité, avec de la revendication, quelque chose de très urbain et politique ». Dans la capitale, Shuck One commence à graffer. « J’ai semé un peu partout dans la ville, à laisser des traces. J’avais fait du métro mon territoire. » Ses lignes favorites sont les lignes 2, 9 et 13, parmi les plus fréquentées et traversant tout Paris, qui vont lui valoir le titre de « King of subway ». C’est à cette époque qu’il choisit également son pseudonyme.
Avant-gardistes et revendicatifs
En 1990, il crée l’association Basalt, un collectif de graffeurs parisiens avant-gardistes, revendicatifs et influencés par les cultures hip-hop et underground. Sous l’impulsion de Basalt, le street art français gagnera notamment ses lettres de noblesse à l’international. « Nos graffitis avaient une résonnance avec la rue. Nous étions dans une dynamique d’émancipation sociale et urbaine », se rappelle Shuck One. Et cette dynamique continue de porter ses créations, même après la dissolution de Basalt en 1995.Le milieu des années 90 marque une inflexion dans la carrière de l’artiste guadeloupéen. Il va développer d’autres techniques et investir d’autres univers que les espaces urbains. En utilisant toujours les bombes de peinture, il passe à la toile, principalement, mais réalise aussi des collages, des dessins, des sculptures et des installations en « live ». En même temps, il acquiert une reconnaissance sur le plan international.
Dans le cadre d’expositions personnelles ou collectives, les œuvres de Shuck One ont été présentées dans presque toute l’Europe (Allemagne, France, Belgique, Italie, Pays-Bas, Suisse, Suède, etc.), en Martinique, au Canada, ainsi qu’au Maroc et en Afrique du Sud. Ses créations font aussi partie de collections publiques et privées. On les retrouve notamment dans la collection permanente du Mémorial ACTe en Guadeloupe, au Fonds national d’art contemporain, à la ville de Strasbourg, au ministère des Outre-mer et à la Fondation Thétis.
Engagements auprès des jeunes
Mais l’artiste n’en reste pas là. Ce grand lecteur d’Edouard Glissant, de Frantz Fanon, de Nelson Mandela, « mais également de Marcel Proust, de Charles Beaudelaire et de Condorcet », confie-t-il, a cofondé en 2018 une association à laquelle il tient beaucoup. « Vivre libre ou mourir », c’est son nom, hérité de la devise des Jacobins, reprise par le colonel martiniquais Louis Delgrès qui mena l’insurrection en Guadeloupe contre les troupes bonapartistes venues rétablir l’esclavage, est une plateforme d’échange et de transmission autour de la mémoire et de l’histoire. Son but est « de lutter contre le racisme, d’affirmer la force de la diversité dans le monde contemporain, d’œuvrer pour le vivre-ensemble et de construire le sentiment d’un horizon commun à toute l’humanité. »« A travers cette plateforme nous souhaitons redonner une place centrale aux enfants et les aider dans l’optique de leur développement personnel », précise Shuck One. « Vivre libre ou mourir » a travaillé avec différentes institutions comme l’Unesco et Sciences Po Paris, entre autres. Par ailleurs, fidèle à ses engagements auprès des jeunes, Shuck One a été artiste référent du concours de la Flamme de l'égalité 2019, où il a animé des ateliers avec trois classes de CM2 et leurs enseignants à l'école Marcel Lelong de Sarcelles. Ces 82 élèves ont été lauréats du concours, et ont reçu leur diplôme le 10 mai dans le Jardin du Luxembourg des mains du président Emmanuel Macron.