Dans le sillage du nickel : de la Finlande à la Nouvelle-Calédonie

Combinat du nickel à Harjavalta en Finlande (Norilsk&Boliden)
En Nouvelle-Calédonie, l’Etat soutient financièrement l’industrie minière et les trois usines métallurgiques du Territoire. En Finlande, une autre terre de nickel, le gouvernement a lui aussi investi plus de 800 millions d’euros pour soutenir la plus grande mine du pays. 
La Finlande est une terre riche en nickel et son sous-sol regorge de matières premières. Au nord, la région de Petsamo a été annexée par l’URSS en 1944. Sur place, se trouve le plus grand gisement à ciel ouvert de nickel en Europe. Il a été exploité dès 1935 par le canadien INCO et la compagnie minière de la famille Rothschild qui était aussi propriétaire de la SLN calédonienne. Les champs miniers de Petsamo sont aujourd’hui la propriété du russe Norilsk Nickel, le premier producteur mondial. INCO a été racheté en 2006 par la multinationale brésilienne Vale, mais c'est le canadien qui est à l’origine de l’usine calédonienne du grand Sud (VNC Goro-Nickel).

Le nickel subventionné du grand Nord

Les gisements de nickel chevauchent la frontière russo-finlandaise. Un peu plus au sud, la mine de Talvivaara, ouverte en 2008 à 600 km au nord de la capitale Helsinki, a été nationalisée pour lui éviter la faillite. Après avoir investi 700 millions d’euros d’argent public dans la mine depuis 2014, le gouvernement finlandais a entrepris de couteuses opérations de nettoyage et de maintenance. L’extraction du nickel avait mobilisé les écologistes locaux en raison de deux grosses fuites toxiques de nickel, cadmium, aluminium et zinc dans les lacs et rivières de la région de Kainuu dans le centre de la Finlande. Le montant des pertes de la mine dépassait alors le milliard d’euros. Fin 2016, le gouvernement finlandais a décidé d’allouer de nouveaux fonds publics au renflouement de la mine qui est l'un des plus grands sites d’extraction de nickel de l’Union européenne.
Nickel finlandais de la mine de Talvivaara dans l'usine Boliden à Harjavalta

Soutien gouvernemental aux emplois 

Le gouvernement d’Helsinki a octroyé un financement supplémentaire de 100 millions d’euros pour le site minier de Talvivaara qui appartient à la société publique Terrafame. Comme en Nouvelle-Calédonie, il s’agit d’un prêt de longue durée mais qui devra être remboursé. « Je ne sais pas s’il faut y voir une coïncidence ou non mais il s’agit, en Finlande comme en Nouvelle-Calédonie de sauver des emplois et de soutenir l’industrie minière qui est la seule à faire vivre des populations dans nos régions » précise Nicola Lindertz, ministre-conseiller chargée des questions économiques à l’ambassade de Finlande.  
Métallurgistes finlandais du nickel
Métallurgistes calédoniens de la Société Le Nickel (Eramet)

L'industrie du nickel a meilleure mine

En 2017, la société minière finlandaise Terrafame est donc renflouée. Elle indique qu’elle devrait augmenter sa production de nickel à Talvivaara. Ses ventes de minerais devraient dépasser 120 millions d’euros pour l’année qui débute. Pour autant, la sortie de crise n’est pas encore assurée et la mine continue de perdre près de 10 millions d’euros par mois. Le challenge est toujours le même. En Nouvelle-Calédonie comme en Finalnde, il faut tenir, exporter et espérer une forte reprise des cours mondiaux ? La dernière étude de Bank of America Merril Lynch que nous avons consultée permet de l'espérer : "tous les paramètres indiquent un vraie possibilité de forte hausse pour les cours du nickel en 2017" précise le document confidentiel  "Nickel Overview". Pour le ministre finlandais des affaires économiques Olli Rehn le soutien gouvernemental est justifié « car la mine de Taalvivaara et ses activités aux alentours représentent plus de dix pour cent des revenus de la région de Kainuu et elle assure du travail à un millier de personnes »
Sac de concentrés de nickel (mattes) dans l'usine Boliden en Finlande. Origine Bostwana Nickel (BCL)

Norilsk, Glencore et Eramet

L’activité de la mine finlandaise de Talvivaara, soutenue par des fonds publics, est donc assurée par ses livraisons de minerais affinés. Son principal client est le métallurgiste finlandais Boliden. Après transformation, les concentrés de nickel (mattes) sont livrés à deux usines hydro métallurgiques qui produisent du métal pur. Celle du voisin finlandais de Boliden, Norilsk Nickel, mais aussi l’usine norvégienne de Glencore. Et dans quelques mois, c’est l’usine de nickel Eramet de Normandie qui recevra ses premiers concentrés de nickel finlandais pour continuer à produire le métal le plus pur au monde.

La SLN exporte jusqu'en Finlande

La grande mine de nickel de Talvivaara est donc sauvée. Juste retour des choses, un porte-conteneur et sa cargaison de la SLN calédonienne sont attendus en Finlande dans les prochaines semaines. Du Pacifique à la mer Baltique, le navire aura parcouru plus de 16 000 kilomètres. A son bord, une importante cargaison de SLN 25, le ferronickel de haute qualité que produit le groupe Eramet à Doniambo en Nouvelle-Calédonie. Un alliage que ne produit pas la Finlande et qui entre dans la composition de l'acier inoxydable. Les conteneurs de métal - made in Calédonie - sont destinés à la grande usine d'acier inoxydable du port de Torni, au fond du golfe de Botnie. Il s'agit d'une nouvelle commande du premier producteur européen d'acier inoxydable qui est finlandais. Il s'appelle Outokumpu. Cette livraison de la SLN calédonienne se fait au plus près du cercle polaire et par des températures qui avoisinent les -20 degrès. Là où le ciel est blanc comme neige, aux antipodes de la Nouvelle-Calédonie.