En Outre-mer, dans le Pacifique tout particulièrement, les musées se modernisent, pour accueillir des objets emportés en Europe par les explorateurs, les missionnaires ou les chercheurs.
À l'heure où les musées occidentaux sont engagés dans une dynamique sans précédent de retour ou de restitution, quel impact dans les pays ou territoires concernés ? Comment interpréter ce "rapatriement" des œuvres ? Les restitutions ne se limitent pas au retour physique des œuvres. Elles comportent aussi des enjeux culturels et sociaux.
Le débat animé par Thierry Belmont se penche sur la restitution des biens culturels aux pays et territoires qui en ont été privés pendant les guerres ou la colonisation ainsi que sur le mouvement de réparation qui est actuellement en marche en France et en Europe.
À Paris, cette dynamique est d’abord incarnée par un lieu : le musée du Quai Branly-Jacques Chirac, où sont entreposés plus de 350 000 objets. Un homme est aussi à l’œuvre dans cette démarche : Emmanuel Kasarherou, le directeur du musée, il considère ces objets comme des ambassadeurs culturels, qui peuvent permettre de nouveaux échanges et dialogues.
C’est Emmanuel Macron, quelques mois après son élection, qui donne un coup d’accélérateur au processus de restitution. Concernant les objets africains, il prononce un discours devant l’université Ki-Zerbo de Ouagadougou, en novembre 2017.
Cette déclaration sera suivie de la rédaction d’un rapport confié à Felwine Sarr, écrivain et économiste sénégalais, et Bénédicte Savoy, historienne de l’art française. Ce rapport recommande les restitutions dès lors qu’il n’y a pas eu de consentement à leur départ.
Selon les deux auteurs "restituer le patrimoine africain en Afrique refondera une relation entre la France et les États africains".
En 2021, Emmanuel Kasarherou fait sensation en organisant la restitution au Benin de 26 objets (Trésors royaux d’Abomey, datant des années 1870) qui avaient été raflés par les militaires français, quand ils ont défait le roi du pays : c’est une première, audacieuse, exemplaire, inspirante.
Chaque peuple a à cœur de protéger, de valoriser et d'utiliser son patrimoine pour comprendre son présent et construire son avenir.
Des questionnements qui portent sur la réappropriation, la conservation et la transmission de notre histoire, de nos histoires.
Quelle est la légitimité de la possession d'œuvres d'art par des musées étrangers, et quelles sont les implications pour le patrimoine culturel des pays d'origine ? Pour répondre à ces questions et apporter une expertise, Thierry Belmont a réuni autour de la table plusieurs invités.
Les invités de Thierry Belmont :
- Emmanuel Kasarherou - président du musée du Quai Branly
- Mililani Ganivet - doctorante à l’université d’East Anglia et au British Museum, auteure d'une thèse sur les objets polynésiens présents au British Museum
- Pascal Blanchard - historien
- Miriama Bono - directrice du musée de Tahiti et des Îles
Une émission présentée par Thierry Belmont
Réalisation Rachid Abdelli
Production Pôle Outre-mer de France Télévisions
30 minutes - © 2024
Pour aller plus loin, deux documentaires à découvrir :
→ A'a la joconde de la Polynésie
Découvrez l'étonnante épopée de cette sculpture chère à Picasso concernant la statue du dieu A'a, chef-d’œuvre unique de l'art polynésien et, à elle seule, un résumé de l'histoire de cette région confrontée au colonialisme. Elle a inspiré de grands artistes tels que Pablo Picasso et Henri Moore. Aujourd'hui entreposée au British Museum, elle n'est visible du public que lors d'expositions temporaires. Le A'a retournera-t-il à Tahiti un jour ?
Un film de Cécile Baquey-Moreno
Production Merapi Productions et Les Films du Pacifique
Avec la participation de France Télévisions
52 minutes - © 2019
→ Le retour des trésors polynésiens
C'est une immersion dans la Polynésie pré-coloniale, une conquête patrimoniale et identitaire, à laquelle nous invite ce film. Dans les pas de la directrice du Musée de Tahiti et des îles, accompagnée de son équipe, nous parcourons le monde, de musée en musée, en quête d'œuvres majeures appartenant à la culture Polynésienne. Les œuvres recherchées sont destinées à enrichir les collections du Musée de Tahiti en pleine rénovation. Ce film aura à cœur de redécouvrir l'Histoire polynésienne. Ce documentaire met en lumière le travail de récupération des œuvres ainsi que la difficulté à se les réapproprier d'un point de vue légal. Viens ensuite un autre travail : celui leur réintégration dans l'identité de chaque polynésien.
Écrit par Paul Manate et Suliane Favennec
Réalisé par Denis Pinson
Production Archipel Production
Avec la participation de France Télévisions
52 minutes - © 2024