Cette semaine, nous saluons le travail de deux musiciens inclassables, Chassol qui se produira à Jazz à Vienne et Delgrès, le groupe de blues de Pascal Danaë, dont le premier album a été unanimement salué par la critique. Et côté lecture, citons le livre collectif "Créoles tout bonnement".
Musique
Delgrès (25 juin à Rabat, au festival de Mawazine, 29 juin au domaine Thénard A Givry, 3 juillet Fnac Live sur le Parvis de l’Hôtel de Ville). Une fois n’est pas coutume. Hormis Kassav, voilà un Antillais qui est programmé tout l’été. Avec ses acolytes le batteur Baptiste Brondy et le joueur de Tuba et de soubassophone Rafgee, le Guadeloupéen Pascal Danaë fait un tabac. Leur groupe s’appelle Delgrès, du nom de ce militaire, un Noir libre, qui, en mai 1802 en Guadeloupe, avait choisi de se faire sauter avec ses amis plutôt que de se rendre aux troupes napoléonniennes. Leur singularité : jouer un blues antillais, que Pascal Danaë chante indifféremment en créole, en anglais et en français. Salué par une presse unanime à la sortie, en 2018, de leur premier album Mo Jodi, Delgrès est effectivement un OVNI musical. Pas de basse, remplacée par le tuba ou le soubassophone, et des chants, plutôt des complaintes (Mr. Président, Mo jodi, Respecté nou) qui racontent le quotidien antillais. Pascal Danaë souhaite donner une autre image de la Guadeloupe que celle renvoyée par Francky Vincent. Pari réussi. Notons enfin qu’il participera le 25 juin à Rabat, au plus grand festival marocain, le festival Mawazine, avant de poursuivre sa tournée dans toute la France (29 juin à Givry, 3 juillet à Paris, l7 juillet à Marseille, etc …).Chassol à Jazz à Vienne, le 29 juin. Atypique, inclassable, l’un des plus doués de sa génération, compositeur, pianiste, polymathe : il n’y a pas assez de vocables pour qualifier Christophe Chassol dit Chassol. Influencé par Stravinsky, Miles Davis, ancien élève du conservatoire de Paris et de la Berklee College of Boston, le Martiniquais a développé un concept original où il mélange vidéo et musique. A Vienne (Auvergne-Rhone-Alpes), il présentera sa dernière création intitulée Ludi. Inspirée de l’œuvre de Hermann Hesse, « Le jeu des perles de verre », cette création sera une nouvelle occasion de le voir mener une recherche interdisciplinaire à partir de ses claviers.
Livre
"Créoles tout bonnement !" (éditions Idem, sortie juin 2019)C’est l’année 1998, année du cent-cinquantième anniversaire de l’abolition de l’esclavage qui se trouve être le déclencheur d’une prise de conscience en Martinique. Malgré les différences de couleur de peau et d’origine, malgré les tensions qui traversent cette société (békés contre descendants d’esclaves), tous ses membres peuvent se retrouver sous le vocable créole. C’est ce qu’a voulu démontrer Roger de Jaham (décédé en juin 2017) en créant l’association ‘Tous créoles’. Lui et d’autres békés reconnaissent que l’esclavage est un crime contre l’humanité. Une révolution ! Dans « Créoles tout bonnement ! », un ouvrage collectif, les contributeurs reviennent sur leur perception du mot créole.