Attraction du Nautic de Paris, l’épreuve de stand up paddle attire des milliers d’amateurs et 42 nationalités différentes. Cette 11ème édition n’a pas dérogé à la règle, partant devant la Bibliothèque Nationale de France jusqu’au port de Javel bas. Titouan Puyo remporte l’épreuve pour la 3ème fois devant Ludovic Teulade et l’Espagnol Manuel Hoyuela Rojas en un peu moins de 1 h 10.
Le Calédonien revient sur le déroulement de sa course, tire aussi un premier bilan personnel après une année magnifique en termes de résultats, et globalement sur les sports de glisse pour les sportifs du Caillou.
Titouan cette course reste magique, malgré la froid et la pluie, la preuve c’est ta troisième victoire, toi le Calédonien venant du chaud ?
14 km sur la Seine à cette période de l’année ce n’est pas anodin, mais je connais bien. Il faut s’équiper convenablement, je mets juste un pantalon néoprène et un lycra, sinon on a trop chaud. Attention aussi à ne pas trop se couvrir, ceux qui le font en ballade ont des combinaisons, nous non.
On a eu de la pluie dès le départ et ça fait mal aux mains. Ca nous refroidit avec la face avant du corps qui prend l’eau et le vent du nord. Une fois que les sensations arrivent et qu’on peut bouger les mains, ça fonctionne et à partir de l’Ile de la Cité j’ai pu mettre en route convenablement et accélérer.
Ta victoire se dessine sur la fin, as-tu pu mener la course comme tu voulais ?
1h 09 c’est quand même pas mal. On était une dizaine à s’expliquer devant.
Quand on reprend du courant après avoir fait la boucle de l’Ile de la Cité, on est au portant
(courant dans le dos). Là on a réussi à faire à trois un trou avec le reste du paquet. J’ai ouvert tout le long, je n’ai pas réussi à les larguer. En courant portant on va à 12 km/h, d’habitude sur du plat ça va moins vite. Il n’y a que lors de la remontée de l’Ile de la Cité où on est contre le courant, mais on passe près des murs pour en avoir moins.
Après on se retrouve à nouveau avec les « loisirs »
Ce n’est pas gênant de les croiser car ça leur montre la vrai vitesse et ils sont contents, ils nous encouragent quand on les dépasse. Quelque fois on s’en sert et on slalome entre eux pour larguer les rivaux. Mais là on avait une ligne qu'on a pu tracer en dehors du peloton, et ça allait.
C’est la fête ce Nautic Paddle, la course de la planète où il y a le plus de monde. Il y en a qui sont là pour la course, d’autres pour s’amuser et c’est un beau mélange.
Au moment de passer la Tour Eiffel, j’ai commencé à mettre un rythme encore plus fort pour que Manuel et Ludo aient du mal à me suivre. Il fallait que je sois dans une approche facile, comme en vélo, en mettant plus d’intensité et ne pas tout miser sur un sprint qui peut être risqué. Ca a fonctionné. C’est ma troisième victoire, j'aime vraiment gagner ici à Paris !
Paris et la Seine en décor, tu adores, et c’est pour cela que tu reviens ?
Je n’ai pas le temps d’admirer Paris mais j’ai des repères. L’Ile de la Cité par exemple, on sait qu’il ne faut pas couper au milieu. La Tour Eiffel on sait qu’il reste deux kilomètres, mais je ne peux pas citer tous les ponts de Paris (rires)
On sait qu’à Notre Dame de Paris, on doit mettre le clignotant à droite, et j’ai eu le temps de voir les réparations qui avancent
L’idée ce serait un jour de la faire en rigolade pour plus en profiter, avec ma famille, lors de ma dernière année…
Tous les ans je dis ça, mais je n’arrête pas pour autant.
On a la Seine pour nous, entre guillemets, mais c’est sympa d’être « seuls » sur l’eau. La statue de la liberté est dans notre dos quand on passe la ligne d'arrivée mais je n’ai jamais pris le temps de me retourner car c'est le moment où je gagne.
Tu nous reparles un peu de cette magnifique année pour toi ?
J’ai une vingtaine de victoires cette année, il y a eu des moins et des plus. Des découvertes aussi avec le marathon de l’Ardèche et des passages sur des rapides. Le fait qu’il y ait moins de rendez-vous internationaux, ça m’a permis de faire des courses sympas que je ne faisais pas comme dans les Alpes Italiennes ou dans la Monténégro.
En Hongrie, sur le lac Balaton, le titre mondial c’était bien mais après ma victoire en longue distance, j’ai moins performé. Le corps lâche un petit peu une fois l’objectif atteint. Et Noïc (Garioud) a gagné en Technical Race et sprint.
7 titres mondiaux pour la Nouvelle Calédonie entre lui et moi c’est motivant et ça va en motiver beaucoup
Noïc a dix ans de moins que moi, Clément Colmas commence aussi à être bon, du coup ça me motive. A moi de m’entraîner plus, mais les meilleurs paddlers du monde sont tous du Caillou. C’est un signe car Noïc et moi on remporte tout en France.
Dans le monde de la glisse aussi on est forts, avec les frères Goyard, Thomas et Nicolas, Titouan Galéa en Wing foil, et Arthur Guillebert champion du monde en kite-board
Thomas et Nicolas Goyard justement, vont se bagarrer pour une place aux JO de Paris 2024 en IQ Foil, avec une perspective de titre pour la Nouvelle Calédonie. Tu les connaîs bien, qu’en penses-tu ?
Avec les deux frangins, un Calédonien champion olympique ça pourrait arriver. C’est une émulation positive entre eux, j’ai l’impression que Nicolas est un peu plus fort en ce moment. Mais il y aura les qualifications. Ca peut être une belle aventure pour les deux car un des frères sera là pour accompagner l’autre sur un projet olympique, c’est super.
Moi aussi j’ai fait du sport avec mon grand frère, même si c’est délicat, avec des enjeux pareils, mais ils ont la tête bien faite et je pense qu’ils sauront gérer ça au mieux.
J’aurai bien aimé faire les JO. Je trouve dommage que le paddle ne soit pas olympique, c’aurait été une suite logique de fin de carrière pour moi, mais bon c’est comme ça. On est un peut-être un sport trop nouveau.
Et maintenant que vas-tu faire ?
Là je vais décrocher un peu, aller skier ou faire du Snowboard avec mon designer de planches. Je ne rentre pas sur le caillou cet hiver. Je reprends la compétition avec la GlaGla Race en janvier sur le lac d’Annecy. Ca va être chouette, mais j’aimerai aussi lancer un défi aux frères Goyard :
Pas en paddle, ni en planche, mais sur un support neutre, ça serait fun. Donc tous les trois en Wing foil, sur le plan d’eau de l’Almanarre, on verra alors qui est le plus fort.