Sur le relais aux JO de Tokyo, l'athlète martiniquaise Cynthia Leduc veut vivre un rêve éveillé

Autoportrait de l'athlète martiniquaise Cynthia Leduc.
Elle ne doutait pas vraiment de sa sélection pour les Jeux Olympiques. L'annonce officielle des athlètes retenus pour Tokyo n'a fait qu'élargir son sourire. La Martiniquaise Cynthia Leduc part au Japon avec le relais 4 fois 100 mètres. Première consécration à 24 ans.

Si les athlètes français devaient être notés en contrôle continu comme les bacheliers d'aujourd'hui, le bulletin 2021 de Cynthia Leduc se révélerait juste impressionnant.

Jugez plutôt. Février dernier : championnats de France en salle à Miramas. La Martiniquaise décroche un titre sur 60 mètres. 7 secondes 24. Record personnel à la clé. Félicitations générales. Juin 2021 : championnats de France à Angers. Cynthia prend la deuxième place du 100 mètres. 11 secondes 30. Encore un nouveau record personnel au passage. Voilà un bulletin sportif qui frise l'excellence, alors que l'athlète Leduc doit composer avec un tendon d'Achille récalcitrant. Commentaire du jury imaginaire : "Cynthia a tout pour réussir brillamment son examen olympique au Japon. Félicitations !"

De gauche à droite : la Martiniquaise Cynthia Leduc, le Guyanais Marvin René et Ryan Zézé. Ces trois athlètes participeront aux Jeux Olympiques de Tokyo dans les collectifs relais.

Un nouveau départ dans le Sud

Première explication de l'éclosion de la Martiniquaise au plus haut niveau : l'amour. Cynthia aime son sport, l'athlétisme, mais aussi et surtout le sprinteur guyanais Marvin René. Elle vivait en région parisienne ; il avait posé ses valises sous le soleil varois. Coup de foudre puissant, Cynthia décide de changer de décor, fin 2019. Elle rejoint Marvin au CREPS de Boulouris et le groupe d'entraînement de Laurence Bily. "Notre relation est excellente. Laurence est beaucoup plus technique que François Pépin, mon précédent entraîneur. Pourtant l'adaptation a été facile."

La championne de France du 60 mètres devait connaître une année 2020 euphorique. La pandémie de coronavirus vient tout chambouler. Les JO sont repoussés d'un an. Puis une blessure au tendon d'Achille prive définitivement Cynthia d'exploits post-confinement. "Je vis avec une douleur au tendon d'Achille droit depuis mai 2020. Une IRM a montré une fissure du tendon. J'ai pu reprendre les compétitions à l'hiver 2021 mais je jongle entre les anti-inflammatoires et les injections. Je pense me faire opérer au retour de Tokyo. C'est la seule solution si je veux repartir sur des bases solides."

 

L'aventure olympique à Tokyo

Vendredi 2 juillet 2021. La Fédération Française d'Athlétisme annonce la liste officielle des athlètes retenus pour les JO au Japon. Sans grande surprise, Cynthia Leduc retrouve son nom dans le collectif relais du 4 fois 100 mètres. Sans grande surprise mais pas sans émotion : "Les Jeux Olympiques constituaient mon rêve ! Participer à une telle aventure est juste énorme." Tokyo 2021 aura tout de même un goût différent. Covid oblige, les athlètes seront testés quotidiennement. Le tout dans une bulle sanitaire ultra-stricte. "J'ai bien conscience que le contexte est très particulier. Bizarre même, disons-le. Mais encore une fois, cela reste des JO."

Bonne nouvelle : il n'y a pas d'inquiétudes à avoir pour le tendon d'Achille de la Martiniquaise. "Comme je ne prends jamais les départs sur les relais, je sollicite moins mon tendon. C'est moins traumatique." Autre bonne nouvelle : le savoir-faire tricolore dans la discipline est ancestral. "On vise une place en finale. Puis une médaille. Pourquoi pas ?" Surtout que le collectif féminin a fière allure. De Cynthia Leduc à Carolle Zahi en passant par Orlann Ombissa-Dzangue, les filles courent vite. "Il y a de la vitesse, c'est vrai et une grande complicité également. Nous nous connaissons depuis longtemps. Nous avons grandi ensemble. Ça matche entre nous."

Souvenir d'une victoire des Françaises sur le 4 fois 200 mètres aux Mondiaux de relais à Yokohama au Japon en 2019. De gauche à droite : Carole Zahi, Cynthia Leduc, Estelle Raffai et Maroussia Paré.

Paris 2024 déjà dans son viseur

Participer aux Jeux avec le relais, c'est bien mais Cynthia ne compte pas s'arrêter là. Dans trois ans, la Martiniquaise aura 27 ans. L'âge de la plénitude pour une sprinteuse. "Les JO de Paris 2024 constituent effectivement mon prochain objectif. J'aurai alors un pied droit tout neuf. Je vise donc une sélection en individuel et en relais. Avec un podium dans les deux épreuves si possible." Et quels domaines doit-elle travailler pour y parvenir ? "Mes départs. Clairement. J'ai fait des progrès mais ce n'est pas encore ça. Alors que Laurence Bily ne ménage pas sa peine dans ce domaine..."

Le secret de la réussite de Cynthia Leduc est peut-être à chercher du côté de ses qualités d'observation, d'analyse. Surprenant quand on sait que la Martiniquaise refuse toute forme de préparation mentale. Pourtant à la nuit tombée, après des entraînements éreintants, elle aime se plonger dans des livres sur la psyché… des psychopathes ! "J'ai une vraie fascination pour les meurtriers. J'ai ainsi dévoré le livre de Daniel Keyes 'Les 1001 vies de Billy Milligan'. L'histoire vraie d'un homme atteint d'un trouble dissociatif de l'identité. Il a commis des crimes horribles sans parfois en garder le moindre souvenir."

Et si à force d'étudier les serial-killers, Cynthia devenait une serial-winneuse sur la piste ? Premier élément de réponse : le 5 août 2021 à Tokyo avec les séries du 4 fois 100 mètres féminin.

L'autre passion de Cynthia Leduc ? Etudier la vie des grands meurtriers ! Comme par exemple, la vie incroyable (et très meurtrière) de Billy Milligan. Et l'athlète martiniquaise de préciser : "Cela ne m'empêche absolument pas de dormir !"