Un surveillant guadeloupéen de la prison de Fresnes jugé pour trafic de drogue

Les couloirs du quartier des hommes à la prison de Fresnes.
Quatre personnes, dont un surveillant guadeloupéen de la prison de Fresnes, l'une des plus grandes de France, comparaissent jeudi devant le tribunal correctionnel de Créteil (Val-de-Marne). Ils sont soupçonnés d'avoir alimenté le trafic de drogue au sein de la prison.
 
Les quatre prévenus comparaîtront pour "corruption", "acquisition, transport, offre, détention de stupéfiants" ou complicité pour des faits remontant au mois d'août 2018. Lors d'un contrôle de la Brigade anti-criminalité, un homme est interpellé avec deux "savonnettes" de résine de cannabis de 110 grammes chacune.


Premier passage de drogue

Ce Guadeloupéen raconte alors aux enquêteurs être sur le point d'apporter la drogue à la maison d'arrêt de Fresnes, où il travaille depuis près de 3 ans en tant que surveillant. Agé de 24 ans et affecté à la cantine de la prison, il expliquait avoir été sollicité par un détenu qui y travaillait comme auxiliaire, contre une rémunération de 100 euros. Avant son interpellation, il avait effectué un premier passage de drogue.

Il indiquait également aux enquêteurs récupérer la drogue au domicile de la petite amie du détenu. Aide-soignante à l'hôpital de Fresnes, elle s'était mise en couple avec le détenu un mois après avoir commencé à travailler dans l'enceinte de la prison.
Dans la combine, orchestrée par le détenu, elle avait inclus sa cousine, chargée d'être une "intermédiaire téléphonique" entre elle et le surveillant. Lors de l'enquête, les prévenus ont plus ou moins reconnu les faits. Le surveillant guadeloupéen a expliqué être entré dans ce trafic pour s'acquitter de dettes.
 

Qualifiée de "passoire"

Le détenu a cependant réfuté être à la tête d'un trafic au sein de la prison, malgré les sachets destinés au conditionnement et des téléphones portables retrouvés dans sa cellule. L'enquête a surtout permis de mettre en exergue le fonctionnement de la division de la prison où ont eu lieu les faits, qualifiée de "passoire" par plusieurs surveillants, incriminant par là même leur hiérarchie.

Dans cette prison, l'une des plus vétustes de France, la densité carcérale était de 163,6% au 1er janvier. En plus du trafic de drogue, l'instruction a abouti à la mise en examen d'un ancien chef de parloir, lui aussi Guadeloupéen. Il a été accusé d'avoir permis à deux détenus de récupérer des gros sacs d'affaires, en dehors des circuits réglementaires, et d'avoir fait entrer portables et consoles de jeux dans la prison.

Sous contrôle judiciaire, il a été incarcéré à la prison de la Santé mi-juin après avoir transgressé l'interdiction de se rendre sur le domaine pénitentiaire.