A Tahiti, tout comme aux îles du Vent en Polynésie françaises, les habitants tentent de se remmettre des violentes intempéries qui ont frappé l'archipel. Une reconstruction qui s'annonce difficile, de nombreux dégâts ne sont pas pris en charge par les assurances.
La1ere.fr (avec AFP) •
Un tas de machines à laver, de roues de voiture et de linge souillé par la boue couvre la quasi-totalité d'un petit terrain de basket grillagé, au milieu du quartier. Cité ouvrière, face à la somptueuse mairie de Pirae construite au temps de Gaston Flosse. A Pirae, petite commune proche de Papeete, l'une des plus touchées par les crues qui ont emporté ou inondé près de 900 habitations à Tahiti, il reste impossible d'éviter de piétiner dans une boue profonde.
Des milliers de personnes privées de logement
Papeete et les villes alentour vivent encore au ralenti cinq jours après des inondations spectaculaires qui ont privé de logement des milliers de personnes mais dont les conséquences ont pu être contenues grâce à la solidarité.
"On a tout mis là pour que ça ne soit pas emporté vers la mer s'il y a une nouvelle crue", explique un jeune de Pirae en traînant un vieux canapé dans la boue.
La plupart des écoles de l'île ont rouvert, mais deux lycées attendront la semaine prochaine. Les routes et certains ponts, très abîmés, sont toujours en travaux.
Malgré la surprise des crues soudaines, de nombreux jeunes du quartier ont fait preuve d'héroïsme, limitant le bilan humain de la catastrophe. Cinq blessés ont été recensés, mais aucun mort n'est à déplorer.
Beaucoup ont abandonné leurs affaires pour secourir les enfants des 17 maisons submergées dans le voisinage. "Il y a un couple de personnes âgées et le papy a la maladie de Parkinson : on est passé par le toit de son garage, on l'a mis sur un kayak et on l'a emmené à l'étage d'un restaurant", raconte Teraiano Tehuiotoa. Il ne lui reste "que cinq t-shirts et neuf shorts", mais avec ses amis, il a sauvé plusieurs personnes.
"En moins d'un quart d'heure, j'avais de l'eau jusqu'à la taille"
Ce témoignage n'est pas isolé : la solidarité a joué dans tous les quartiers. Mais les rescapés sont encore sous le choc. "Je dormais et j'ai senti de l'eau, en moins d'un quart d'heure, j'en avais jusqu'à la taille; j'ai vite pris ma petite fille et je suis partie à l'abri, sans rien prendre" : Vaihaunui Tapi, les pieds dans la boue de ce qui fut son jardin, tente de sauver ce qui peut encore l'être. Mais elle a presque tout perdu. "Tout s'est mis à flotter, même le frigo et la machine à laver, avec la force du courant", se souvient son ami, Tepeva Papata.