Le tatouage polynésien, phénomène de mode dans l'hexagone

La plupart des tatouages proposés en Métropole sont de type marquisien.
Véritable tradition culturelle au Fenua, le tatouage polynésien séduit également de plus en plus de métropolitains. Motivés par l'ampleur du phénomène, de nombreux tatoueurs choisissent d'ouvrir leur salon dans l'hexagone. A l'image de Maikiu Tattoo, dont nous sommes allés rencontrer les gérants.
Est-il encore nécessaire de présenter Théo Sulpice aux Polynésiens ? Le Marquisien de 54 ans s'est forgé une véritable réputation en tant que danseur et chanteur, en enchaînant inlassablement les salles les plus prestigieuses de France.

Ces cinq dernières années, cet homme chaleureux au rire communicatif a fondé trois salons de tatouage dans l'hexagone, à Villeparisis (banlieue parisienne), Poitiers et Valenciennes. Ces investissements, il les a réalisés pour son fils, Maikiu, véritable artiste en la matière.
Images sous-marines, paréo, tatouages ... Dans la salle d'attente de Maikiu Tatoo, tout est fait pour rappeler la Polynésie.
Les trois établissements rencontrent un succès considérable, et démontrent l'attractivité du tatouage polynésien en Métropole. Un intérêt que Théo Sulpice explique assez facilement.

"Les gens ont de moins en moins envie de prendre des tatouages choisis sur Internet. Quand tu fais cela, c'est comme si tu prenais l'histoire d'un autre et que tu l'imprimais sur toi. A l'inverse, chaque tatouage polynésien est unique et très symbolique."

- Théo Sulpice

Théo Sulpice désigne fièrement les créations de son fils Maikiu.


L'aspect symbolique peut, il est vrai, compter énormément dans le choix d'un tatouage. Le jour de ma visite, Maikiu reçoit Anthony, un client qui souhaite se faire tatouer pour la première fois. Ce Parisien d'une trentaine d'années est venu grâce au "bouche-à-oreilles", et souhaite immortaliser une période charnière de sa vie. 

"Je suis père de cinq enfants, c'est quelque chose de très important pour moi. La naissance de mes enfants, c'est ce que j'ai eu de plus beau, donc je vais tout symboliser par des dessins polynésiens."

- Anthony, client de Maikiu


Effet de mode éphémère ou tendance durable ?

Pour réaliser ce tatouage, il faudra compter une dizaine d'heures, entre le choix des symboles, le dessin préliminaire puis la réalisation finale. D'après Maikiu, de nombreux clients viennent, comme Anthony, "pour représenter leur famille, des amis ou bien des êtres chers qu'ils ont perdus". L'artiste de 24 ans se veut optimiste quant à l'avenir du tatouage polynésien en France.

"Je pense réellement qu'il s'agit de plus qu'un simple effet de mode. La tendance va certainement rester ancrée, car nos tatouages ont une valeur, ils ont du sens aux yeux des gens, et ils sont harmonieux esthétiquement."

- Maikiu

Avant de réaliser le tatouage d'Anthony, Maikiu doit d'abord le dessiner. Une étape durant laquelle l'artiste et son client choisissent ensemble les dessins en fonction de leur symbolique.
Dans la salle adjacente, un autre artiste, Steven, tatoue Jérémy sur fond de musique tahitienne. Son client du jour a découvert les tatouages polynésiens il y a quelques années. Il s'est depuis pris de passion pour cet art ancestral. Selon Jérémy, la popularité des "tattoos" est aussi liée à la médiatisation du phénomène. 

"Il y a beaucoup plus de réseaux sociaux qu'avant. Les artistes les utilisent pour montrer leur travail. De la même manière, les salons et les expositions prennent de plus en plus d'importance. Cela explique l'engouement collectif. "

- Jérémy, passionné de tatouages polynésiens

 
"Ca fait mal, mais le jeu en vaut la chandelle" souffle Jérémy, tandis que Steven complète son tatouage commencé il y a quelques années.


Une clientèle présente sur les réseaux

Comme pour beaucoup d'autres domaines, les leviers cités par Jérémy sont indispensables pour s'assurer une certaine visibilité. Maikiu en a bien conscience. Le salon du jeune homme est très présent sur les réseaux sociaux, un aspect géré directement par son père. Près de 6000 personnes suivent la page facebook, le gage d'une certaine popularité pour Maikiu. Une manière, également, de "rabattre" des clients à moindre coût et de faire découvrir les tatouages du salon sur la toile. 
 
Les réseaux sociaux permettent à Maikiu de s'assurer une certaine visibilité et d'attirer de nouveaux clients.
Outre l'aspect "réseaux sociaux", Maikiu participe à beaucoup de festivals et d'évènements publics pour y faire la démonstration de son talent. En toute logique, le jeune homme devrait d'ailleurs être présent lors du premier salon du tatouage polynésien, qui se tiendra les 22 et 23 septembre prochains à Ozoir la Ferrière. Une occasion de plus de renforcer la popularité, déjà élevée, de cet art traditionnel qui a su traverser les âges.