Plus de 30 000 morts au Royaume-Uni
Le Royaume-Uni, où Patricia Kerbidy vit depuis plus de vingt ans, est devenu ce mardi le premier pays d’Europe à dépasser les 30 000 morts liés au nouveau coronavirus, soit le deuxième pays le plus touché dans le monde après les États-Unis, selon des statistiques officielles compilées mardi 5 mai.
D'après l'Office national des statistiques (ONS), 29 648 certificats de décès mentionnant le Covid-19 avaient été délivrés le 24 avril en Angleterre et au Pays de Galles. En ajoutant les bilans écossais et nord-irlandais, le total s'élève à 32 313 morts. Le Royaume-Uni passe ainsi devant l'Italie, mais le bilan y est établi différemment. Les chiffres communiqués par l'ONS prennent en compte tous les décès imputés au Covid-19, sans que la maladie ait forcément été dépistée sur les défunts.
Selon un bilan fourni ensuite par le gouvernement, qui, contrairement à l'ONS, ne prend en compte que les décès liés à des cas confirmés de contamination, le nombre de morts au Royaume-Uni s'établit à 29 427.
En première ligne
Depuis le début de la crise sanitaire, Patricia Kerbidy, infirmière en chirurgie de 47 ans, est en première ligne pour soigner les malades atteints du Covid-19.
En 12 ans, je n’ai connu qu’un seul décès. Aujourd’hui, je suis confronté régulièrement à la mort et je n’ai pas l’habitude. C’est très difficile à vivre. Surtout que les visites des familles sont interdites et nous sommes les dernières personnes en contact avec ces patients.
Patricia Kerbidy, infirmière
Manque d'équipement
Comme en France, le personnel soignant manque d'équipement. "Dans le service, on a un masque chirurgical que l’on change toutes les deux heures, des lunettes ou visières, un tablier en plastique et des gants que l’on change pour chaque patient. On commence tout juste à tester le personnel pour vérifier s’il est atteint, mais ce n’est pas automatique", précise Patricia Kerbidy. En Angleterre, l'opposition reproche au gouvernement d'avoir trop tardé à fournir les équipements nécessaires aux hôpitaux et à proposer des dépistages de masse.
Le planning de Patricia change chaque semaine en fonction des besoins. "Le service Covid-19 compte 43 lits et il est divisé en deux zones. Il y a la zone rouge avec les malades atteints du Covid-19 et la zone Amber (jaune), où se trouvent les malades testés pour le Covid-19 et qui attendent le résultat. Dans les deux cas, nous prenons les mêmes précautions pour éviter d'être contaminé".Pas besoin d'attestation
Patricia Kerbidy, habite à Haywards Heath, une ville de plus de 30 000 habitants, située à 30 minutes de Brighton et 45 minutes de Londres. "Ici, nous pouvons circuler librement, pas besoin d’attestation pour sortir, indique Patricia. Au début de la crise sanitaire, les gens se sont rués dans les magasins. Désormais, les achats sont limités. Par exemple, nous n’avons pas le droit d’acheter plus de deux paquets de papier toilette, pour la viande, pas plus de trois articles".En Angleterre, chaque magasin a des horaires spécifiques pour faciliter les courses des personnes âgées et du personnel soignant. "Pour les courses alimentaires, c’est le mardi de 9 h à 10 h, mais finalement, c’est assez contraignant pour moi. Je travaille généralement de 7 h 30 à 20 h". A 20 heures, où comme en France, la population se mobilise pour applaudir le personnel soignant. Seule exception, ils ont lieu seulement une fois par semaine, le jeudi.
Confinement tardif
Patricia, qui vit seule avec deux adolescents et sa chatte "cookie" qui, dit-elle, "fait partie de la famille", reconnaît que la vie quotidienne à la maison n’est pas toujours facile. "Mes enfants suivent les cours en ligne, ils sont en lien avec les professeurs, mais tous les examens ont été reportés", affirme-t-elle.Tous les pubs, restaurants, cafés, cinéma ou encore salles de sport sont fermés et le gouvernement recommande à la population de rester à la maison. "Les Anglais sont assez disciplinés, mais il y en a qui ne respectent pas le confinement ou la distanciation sociale", déplore Patricia.
Il aurait-été préférable de commencer le confinement (lock down) plus tôt. Le gouvernement a préféré écouter les scientifiques.
Patricia Kerbidy
Des billets en souffrance
Bien avant le début de la crise sanitaire, Patricia avait acheté des billets pour aller voir sa famille à La Réunion. "Je n’ai aucune nouvelle de la compagnie aérienne. Je ne sais pas s’il y aura des vols au mois d’août, si je ne risque pas d'être mise en quatorzaine sur place", affirme Patricia, un brin désabusée. Cette infirmière risque bien de devoir reporter son voyage, elle aurait pourtant bien méritée de profiter d'un peu de repos, en famille, chez elle à Salazie.