Témoignage. Richard Exurville : "le guerrier martiniquais" qui a sauvé l'un des derniers moulins de la Caraïbe

En 2008, Richard rachète aux parents d'un ami d'enfance le moulin hydroélectrique du Gros-Morne en Martinique. Cet ancien militaire entreprend seul de le remettre en marche jusqu'au jour où il reçoit l'aide du sous-préfet de l'époque qui l'accompagne à en faire un chantier d'insertion pour la jeunesse martiniquaise.

"Je me suis demandé comment valoriser ce moulin avec la jeunesse martiniquaise ?" Le sous-préfet de la commune de Trinité en visite sur le moulin avec sa famille donne à Richard une idée : "Pourquoi ne faites-vous pas un chantier d'insertion pour apprendre à nos jeunes à fabriquer ce que vous faites parce qu'il vous manque de la main-d’œuvre ?" En effet notre ancien militaire se démène seul pour redonner vie au moulin, il commence par remettre les bâtiments debout puis enlève les pierres des canaux d'arrivage d'eau. Il retape la grande roue ainsi que le chemin d'accès au site, ses journées sont interminables. Le moulin fonctionne, Richard récolte le manioc, les fruits et les légumes qu'il transforme par la suite, il accomplit le travail de 8 personnes et sait qu'il a besoin d'aide. Il accepte d'être accompagné, du personnel administratif est recruté, de la main-d’œuvre parmi des jeunes au chômage est embauchée. Ce qui lui permet de dire fièrement aujourd'hui : "Depuis 1 an et demi, ces hommes-là qui avaient du mal à trouver du travail ont un avenir sûr au moulin". 

"C'était mon défi, rendre fier Monsieur Henri-Marie Calixte, le fondateur du moulin hydroélectrique du Gros-Morne. À sa mort ce dernier a dit : il va falloir faire deux choses : un cercueil pour y mettre mon corps et un autre pour y mettre le moulin. Il n'avait trouvé personne pour faire continuer le moulin. Il est mort en 1992, j'avais 17 ans et demi et je partais à l'armée". À son retour, 12 ans plus tard, Richard constate que le moulin est à l'abandon mais ne baisse pas les bras. Il s'investit corps et âme pendant des années pour le restaurer alors qu'il n'en est pas encore le propriétaire. C'est en 1998 qu'il le rachète aux parents d'un ami d'enfance qui avaient remarqué son engagement pour le moulin. 

"Tout ce qui m'attend pour la suite ne sera que du bonheur parce que je pourrai mettre certaines choses en place au moulin comme je le prévoyais grâce au loto du patrimoine". La subvention reçue de cet organisme va permettre à Richard de terminer la restauration du moulin et de concrétiser des projets qui lui tiennent à cœur : "Nous sommes en train de mettre en place un projet pour fêter les 40 ans de la Rue Cases Nègres".