La ligne d’horizon au loin, le bruit des vagues et du vent. Depuis la côte, on n'aperçoit ni la plage ni les rochers. La végétation semble se jeter dans la mer, quelques mètres en contrebas. Le paysage est magnifique, intact et naturel, comme s’il avait toujours été ainsi et que la main de l’homme l’avait épargné.
Mais si je tourne ma tête à gauche, le spectacle est diamétralement différent. Là, la végétation ne court plus jusqu’à la mer, elle est barrée par d’importants amoncellements de déchets. Des dizaines de carcasses de voitures défoncées sont empilées : de la ferraille, des bouts de tôles… et tout ça à seulement quelques mètres de la mer, comme vous pouvez le constater sur la photo ci-dessous.
Voici la décharge — à ciel ouvert — de Saint-Pierre, mais mes voisins miquelonnais font face au même problème. L’hiver, avec les tempêtes, d’énormes quantités de déchets sont emportées par les vagues et les vents violents, venant polluer directement les eaux. Et ce n’est pas la seule chose qui génère de la pollution. Depuis qu’il y a de la vie dans l’archipel, des déchets ménagers sont produits. Et ces derniers sont brûlés, eux aussi, à ciel ouvert. Nous nous retrouvons donc avec une pollution marine, dans l’air ainsi que dans les sols. Pour moi, c’est une catastrophe absolue que d’avoir une décharge en bord de mer comme cela.
Cette situation, qui peine à avancer, me met en colère contre les politiques et me fait sentir impuissante. Surtout quand je sais que ce qui est en décharge aujourd’hui à Saint-Pierre provient essentiellement des professionnels ! Il y a “seulement” 30 % d’ordures ménagères.
En revanche, dire que les choses n’évoluent pas ne serait pas juste. Depuis quelques années maintenant, une déchetterie prend en charge le verre, le plastique et le carton pour les recycler. Il en est de même pour les biodéchets (comme les épluchures de fruits et légumes par exemple) : ils sont récoltés chez les habitants pour en faire du compost vendu pour les potagers des îliens.
Pour me le confirmer, j’ai posé quelques questions à Maïté Légasse, adjointe à la mairie de Saint-Pierre, en charge de la question des déchets. “Nos déchets doivent être traités et nous devons arrêter le brûlage à ciel ouvert, c’est notre mission à Saint-Pierre”, m’a-t-elle assuré. Et de poursuivre : “L’arrêt des brûlages devait être annoncé en septembre 2022, mais ça a pris un peu de retard”.
À noter cependant : ils sont quand même de moins en moins fréquents avec le temps. J’attends avec impatience le tout dernier brûlage à ciel ouvert de l’histoire de l’archipel.
Marie, vigie “En 1ère ligne” de Saint-Pierre et Miquelon