Les tensions commerciales avec les Etats-Unis s'invitent dans le contrat d’Air Tahiti Nui et de Boeing "l’ami américain"

Image de synthèse du Boeing 787-9 "Tahitian Dreamliner"
La compagnie polynésienne s'apprête à réceptionner son premier Boeing 787-9. Elle demande à bénéficier du dispositif prévu pour les investissements réalisés en Outre-mer. Une défiscalisation estimée à 174 millions d'euros qui intervient sur fond de tensions commerciales avec les Etats-Unis.
 
La démarche, pour Air Tahiti Nui, consiste à obtenir un agrément du ministère des Finances pour pouvoir défiscaliser et ainsi renouveler sa flotte aérienne. Montant du chèque attendu en retour, 174 millions d’euros.
Si l’on en croit quelques revues spécialisées mais aussi le Canard Enchainé, la pilule serait un peu difficile à avaler pour l’Etat français. La compagnie polynésienne a en effet choisi Boeing, le symbole de l'aéronautique américaine qui se livre une bataille commerciale de tous les instants avec son concurrent européen Airbus.
 

Un choix commercial

Boeing contre Airbus ? En fait, le choix d’Air Tahiti Nuit apparaît simplement cohérent au regard des critères retenus. Le 787-9 consommerait un peu moins de carburant que l’Airbus A 350, et il permettrait de gagner une heure sur le temps de vol Paris-Tahiti via Los Angeles. En résumé, il correspondrait mieux au cahier des charges de la compagnie aérienne de Tahiti et surtout Boeing aurait proposé un meilleur prix. « C’est leur choix et nous le respectons, chaque compagnie aérienne à ses critères » indique-t-on fairplay chez Airbus. Du côté de Boeing France, pas de commentaire particulier, on rappelle juste ce communiqué de presse publié en 2015, quand le contrat polynésien avait été négocié directement par Boeing à Seattle. Alors, pourquoi faire toute une histoire d'un petit contrat de 4 avions ? D'autant que le choix de la compagnie polynésienne avait été précédé en 2015 par celui d'Air Austral. La compagnie aérienne réunionnaise avait acheté des Boeing 787 et avait bénéficié du dispositif de défiscalisation, sans que cela ait créé des problèmes. 
 

Tensions 

Les 4 Boeing 787-9 flambant neuf d'Air Tahiti Nui sont produits par l’usine de Charleston en Caroline du Sud. Ils vont remplacer les Airbus A 340 qui équipent encore la flotte de la compagnie. Le coup de pouce fiscal demandé à Bercy représente 40% du prix d’achat des deux avions. La demande ne concerne que les deux avions que la compagnie tahitienne va recevoir en 2019, les deux premiers étant en location. Mais, d’après une brève parue dans Le Canard Enchaîné, le dossier de défiscalisation pourrait traîner un peu en longueur.
 

Symbole aérien

Gérard Darmanin, actuel ministre des Comptes publics, ne « semble pas pressé de reprendre la patate chaude au vol », indique le Canard Enchainé, qui explique que le ministère des Comptes publics comme celui des Outre-Mer restent pour l’instant silencieux sur le dossier qui a bien été reçu par Bercy et par la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). "Les dossiers de vente d’avions, civiles ou militaires, ont aussi une dimension politique et diplomatique" précise un spécialiste du secteur qui poursuit "les relations avec les américains ne sont pas au beau fixe, ils font tout pour bloquer les ventes du Rafale, alors, il est possible que Bercy ne se précipite pas pour valider l’achat d’avions américains par Air Tahiti Nui » conclu cet expert sous couvert d’anonymat. On pourrait ajouter qu'une compagnie aérienne long-courrier est un marqueur de souveraineté et qu'Air Tahiti Nui, compagnie aérienne de la Polynésie française va utiliser des avions américains...

En attendant, la réception du premier Boeing 787-9 "Tahitian Dreamliner" (ligne de rêve polynésienne) est prévue à Tahiti dimanche 13 octobre. Un accueil traditionnel polynésien est annoncé pour l’arrivée de l’avion américain en terre française. Une fête sans nuages dans le ciel bleu de Tahiti ?