Théano Jaillet : du musée de Tahiti et des îles au British Museum [PORTRAIT]

Theano Jaillet (au centre) au British museum
Théano Jaillet a été directrice du musée de Tahiti et des îles pendant 5 ans. Elle a réussi en 2017 le très difficile concours de conservatrice de musée. Depuis, elle est à l’Institut du patrimoine national à Paris et a choisi de parfaire sa formation à Londres au British Museum.
Elle a réussi le concours des conservatoires du patrimoine. Il n’y avait qu’une trentaine de places. Depuis janvier 2017, Théano Jaillet, ex-directrice du musée de Tahiti et des îles est en formation à l’Institut du patrimoine national à Paris. Cette formation se compose de nombreux stages pratiques que Théano Jaillet a effectués d’abord à Paris au musée du Quai Branly puis ensuite au British Museum.

Formation au British Museum

C’est dans ce célèbre musée, l’un des plus grands au monde, qu’une équipe de France Ô/La1ère a retrouvé la conservatrice tahitienne. A voir ci-dessous :

©la1ere

Les 250 ans du voyage de Cook

Le British Museum prépare une exposition à l’occasion des 250 ans du premier voyage de l’explorateur James Cook dans le Pacifique (1768-1771). Elle aura lieu fin novembre. Un costume de deuilleur ramené très probablement par le capitaine Cook de Tahiti a été sorti des réserves pour l’occasion.

James Cook


Costume en "kit"

Le costume qui n’a pas été restauré depuis les années 60 est pour l’instant «en kit». Pendant sa formation au British Museum, Théano Jaillet a pu participer à toutes les discussions autour de la présentation de cet habit. Une aventure passionnante pour l’ancienne directrice du musée de Tahiti et des îles.
Costume de deuilleur dessiné par Tupaia


Une massue à la main

Le costume était porté lors des cérémonies funéraires lorsqu’un chef de Tahiti mourrait. "En Polynésie, nous avons juste le plastron d’un costume de deuilleur au musée de Tahiti et des îles (voir vidéo ci-dessous), explique Théano Jaillet à La1ere. C’est très impressionnant de le voir ainsi en entier". 

"Les cérémonies funéraires pouvaient durer un mois, voire plus", précise Théano Jaillet. "Le deuilleur avait une massue ornée de dents de requins. Il était accompagné de Neva Neva, des jeunes hommes armés qui frappaient violemment ceux qui s’aventuraient sur leur passage".   


Les tiputa

Le costume de deuilleur  se compose de trois couches de panchos (les Tiputa), d’un masque en nacre fort impressionnant et de plumes portées sur les épaules et au-dessus du masque en nacre.

Un Tiputa du costume de deuilleur au British Museum

Cérémonie funéraire

"Quand le capitaine Cook est arrivé lors de son premier voyage à Tahiti en 1769, lui et le naturaliste Joseph Banks, ont assisté à une cérémonie funéraire. Ils ont été très impressionnés. Ils voulaient revenir avec un costume de deuilleur pour le ramener en Angleterre, mais les Tahitiens n’ont alors pas voulu", explique Julie Adams du British Muséum.

"Les Tahitiens estimaient que le capitaine Cook ne proposait rien d’intéressant en échange du costume", ajoute Julie Adams.


Lors du second voyage du capitaine Cook, les Tahitiens ont été d’accord pour vendre des costumes de deuilleurs en échange de plumes des îles Tonga que les hommes de Cook avaient apportés. Dix habits ont donc été ainsi troqués contre des plumes et ramenés au Royaume uni. 

Plastron du costume de deuilleur du British Museum

Un costume complexe

Théano Jaillet planche depuis six semaines sur ce costume. Sous l’œil bienveillant de Julie Adams, conservatrice au British Museum, Théano Jaillet a pu observer et participer au travail mené avec le département des sciences et de la conservation du musée afin d'examiner et de comprendre la signification exacte de tous les éléments de ce costume.

Masque du costume de deuilleur du British Museum


Exposition en novembre 2018

L’ancienne directrice du musée de Tahiti a beaucoup apprécié la manière de travailler au British Museum. "Nous avons eu des discussions passionnantes sur l’histoire de cet objet, la manière de l’exposer", ajoute-t-elle. Le costume de deuilleur sera exposé au complet fin novembre au British Museum. Théano Jaillet espère bien revenir à cette occasion à Londres voir le travail accompli.