Au théâtre de la Tempête (Cartoucherie de Vincennes), 10 jeunes comédiennes toutes filles d’immigrés ou d’Outre-mer, issues de quartiers populaires, racontent leur France, leurs souffrances ou leurs joies d’être françaises, leur fierté ou la difficulté de vivre en République.
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Une fois n’est pas coutume, commençons par la recommandation : courez voir F(l)ammes, mis en scène par Ahmed Madani, actuellement à Paris au Théâtre de la Tempête ! Courez-y et laissez-vous prendre au jeu de dix comédiennes qui brûlent les planches ! Regardez la bande-annonce :
Tout y passe : l’amour, le couple, le travail, l’école, la cité, la ville, la vie, quoi… Tout passe à la moulinette de leurs colères, de leurs joies, de leurs souffrances, et aussi et peut-être surtout, de leur humour corrosif. Si F(l)ammes amène son lot de réflexion sérieuse sur notre société, sur l’identité française, c’est aussi un spectacle drôle. Réjouissant. Jubilatoire. Et quand elles se retrouvent dans certaines scènes, toutes ensemble, c’est aussi pour échanger (ou « s’engrainer ») avec tendresse et humour autour des difficultés parfois à s’entendre et se comprendre entre « blacks- un peu moins blacks- beurs » ou autour d’une supposée hiérarchisation de la couleur de la peau qui rendrait l’une ou l’autre « plus française »… Ahmed Madani et ses comédiennes n’éludent rien…
Idem pour cette jeune fille originaire d’Haïti pour qui peu importent les grincheux ou les ignorants qui ne cherchent ni à comprendre, ni à savoir. Ne s’arrêter qu’à la peau noire au lieu de s’intéresser à l’individu, c’est dommage mais ça ne doit pas empêcher d’avancer.
Ecoutez la comédienne Laurène Dulymbois, d’origine guadeloupéenne sur ses motivations à participer à ce spectacle
Dana Fiaque, d’origine haïtienne, revient sur ce que ce spectacle lui permet de dire.
Réjouissant spectacle
C’est un projet de longue haleine, aujourd’hui devenu réjouissant spectacle, comme le théâtre en a parfois le secret. Ahmed Madani se pose des questions : qu’est-ce qui fait aujourd’hui l’identité française au cœur des banlieues qui ceignent les grandes villes ? Comment cerner parmi les enfants d’immigrés qui résident dans ces quartiers, la complexité de leurs sentiments et de leurs pensées vis-à-vis de la République ? En s’attachant singulièrement aux jeunes femmes – après avoir créé un spectacle où les garçons s’interrogeaient sur leur rapport au père-, Ahmed Madani ajoute alors une dimension de réflexion et d’introspection encore plus pertinente à son idée de départ.Des diamants bruts
A l’issue d’un vaste et long casting, mené donc auprès de dizaines de jeunes filles et femmes, le metteur en scène finit par sélectionner 10 diamants bruts. Toutes venues avec leurs histoires de jeunes françaises - à qui certains esprits obtus ne donneraient pas d’emblée le sceau « bleu blanc rouge »-, avec leurs émotions –allant de la joie à la colère-, avec leurs aspirations à montrer qu’elles sont là et bien là…Un humour corrosif
La mise en scène est maligne, laissant la possibilité à chacune des comédiennes de briller sous les projecteurs tour à tour, chacune abordant sa propre histoire : la relation à la famille, à la mère ou au père, le rapport à la tradition et à la culture du pays d’origine, la relation aux autres, le regard porté sur elles et celui qu’elles portent sur le monde qui les entoure…Tout y passe : l’amour, le couple, le travail, l’école, la cité, la ville, la vie, quoi… Tout passe à la moulinette de leurs colères, de leurs joies, de leurs souffrances, et aussi et peut-être surtout, de leur humour corrosif. Si F(l)ammes amène son lot de réflexion sérieuse sur notre société, sur l’identité française, c’est aussi un spectacle drôle. Réjouissant. Jubilatoire. Et quand elles se retrouvent dans certaines scènes, toutes ensemble, c’est aussi pour échanger (ou « s’engrainer ») avec tendresse et humour autour des difficultés parfois à s’entendre et se comprendre entre « blacks- un peu moins blacks- beurs » ou autour d’une supposée hiérarchisation de la couleur de la peau qui rendrait l’une ou l’autre « plus française »… Ahmed Madani et ses comédiennes n’éludent rien…
Les Ultramarins
Pas éludée non plus, la question des ultramarins vivant en banlieue… L’une des 10 jeunes filles l’annonce clairement et fièrement : en substance, « je suis Guadeloupéenne. Alors oui, la Guadeloupe est française et depuis plus longtemps que certains Français mais quand on me voit dans la rue, avec ma peau noire, on pense que je ne le suis pas. ». Elle aurait pu être fille de Sénégalais, de Tunisiens ou de Maliens, le regard sur le côté et le processus de mise à part auraient été les mêmes.Idem pour cette jeune fille originaire d’Haïti pour qui peu importent les grincheux ou les ignorants qui ne cherchent ni à comprendre, ni à savoir. Ne s’arrêter qu’à la peau noire au lieu de s’intéresser à l’individu, c’est dommage mais ça ne doit pas empêcher d’avancer.
Un public conquis
Le public ne s’y trompe pas, tout emporté par l’énergie, l’enthousiasme de ces jeunes comédiennes. Il y a un tel plaisir à les entendre se dire, se raconter qu’on a du mal à quitter la salle et à les laisser partir. Et pourtant, elles s’envoleront… Après (le théâtre de) la Tempête, viendront d’autres beaux temps puisqu’elles partiront en 2018 en tournée dans toute la France… Ce n’est plus seulement F(l)ammes, c’est un incendie de bonheur(s) pas près de s’éteindre.Bonus : interviews du metteur en scène et de deux comédiennes
Ecoutez l'interview du metteur en scène de F(l)ammes, Ahmed Madani à propos du lien entre enfants d’immigrés et enfants d’Outre-mer dans le spectacle.itw madani flammes
Ecoutez la comédienne Laurène Dulymbois, d’origine guadeloupéenne sur ses motivations à participer à ce spectacle
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Dana Fiaque, d’origine haïtienne, revient sur ce que ce spectacle lui permet de dire.
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