"Le corps en obstacle" avec notamment les comédiens antillais Greg Germain et Nicolas Mouen, revient sur le besoin de sécurité - et sur le sentiment d’insécurité - dans nos sociétés. Un huis clos plongeant à la fois dans les affres nés du collectif et dans nos cheminements individuels.
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Parmi les centaines de gens que l’on croise chaque jour dans nos vies parfois trop pressées et dont les visages sont aussi vite vus qu’oubliés, il y a les vigiles. Vous savez, ces hommes ou ces femmes chargés, en ces temps d’insécurité permanente de contrôler vos sacs à l’entrée des magasins, des établissements publics ou de certains événements. Vigiles vite croisés et aussitôt oubliés. « Le corps en obstacle », c’est la façon que ces gardiens de sécurité ont de se placer devant vous pour inspecter, fouiller nos affaires ou d’engager toute leur personne pour éviter que certaines situations dérapent.
Pas une tête ne dépasse, entendez que le quintet d’acteurs (Sumaya Al-Attia, Stéphane Brel, Nicolas Mouen, David Seigneur et Greg Germain, ce dernier quittant pour ces représentations sa casquette de directeur du TOMA) sont à l’unisson de ce huis clos pas du tout étouffant, au service de ces personnages attachants dont on suit finalement les odyssées personnelles jusqu’à la péripétie finale qui précipitera peut-être, pour certains, leur futur. « Le corps en obstacle », ou une autre façon de regarder le monde de points de vue différents, loin des images toutes faites. Une occasion de s’interroger sur les choix que font nos sociétés ici et ailleurs, parfois si promptes à mettre leurs corps en obstacle avant, ou pas, d’accueillir l’autre…
« Le corps en obstacle », jusqu’au 28 juillet à 17h55 à la Chapelle du Verbe Incarné (relâche les 19 et 26)
Un lieu unique
C’est en observant ces « invisibles » que Gaëtan Peau, auteur et metteur en scène, dit avoir eu l’idée de cette pièce. Qui sont ces hommes ? Quelle est, quelles sont leurs histoires ? A partir de cette trame, un huis clos, un lieu unique donc, une petite agence de sécurité - avec une salle de musculation et d’entraînement - où gravitent cinq personnages chacun avec son passé et son présent chargé. « Une micro-société, une petite France » comme l’écrit l’auteur. Parmi ces personnages, Joseph et Moussa, migrants – comme on les appelle pudiquement aujourd’hui - en provenance d’Erythrée, celui que l’on surnomme l’Argentin, Cédric, le patron et Samira, fiscaliste tenant lieu de comptable pour l’agence… Au fil du récit, seule sortie de cet espace clos, quelques flash-backs qui évoquent le parcours, le périple de Joseph et du jeune Moussa qui les mènera jusqu’en France et à cette agence de vigiles où Cédric a pris la décision, comme un acte politique, d’embaucher des sans-papiers.Une pièce politique
« Le corps en obstacle » est une pièce éminemment politique. La question des migrants et des sans-papiers y côtoie la thématique du choix de l’action violente ou non pour arriver à changer le monde. Et de ces choix, les conséquences peuvent être dramatiques – de douloureux secrets lient certains personnages entraînant parfois des tensions, de la compassion, de la tendresse entre eux. Les traumatismes de la disparition d’êtres chers affleurent aussi dans certaines répliques. Mais le huis clos, propice à l’émotion, l’est aussi à des moments drôles dispensés par certaines scènes très réussies, les acteurs étant servis par un texte qui, loin d’être caricatural (l’action est supposée se dérouler en banlieue parisienne) a ce souci d’un certain réalisme dans le choix des mots et des expressions caractérisant chaque personnage.Pas une tête ne dépasse, entendez que le quintet d’acteurs (Sumaya Al-Attia, Stéphane Brel, Nicolas Mouen, David Seigneur et Greg Germain, ce dernier quittant pour ces représentations sa casquette de directeur du TOMA) sont à l’unisson de ce huis clos pas du tout étouffant, au service de ces personnages attachants dont on suit finalement les odyssées personnelles jusqu’à la péripétie finale qui précipitera peut-être, pour certains, leur futur. « Le corps en obstacle », ou une autre façon de regarder le monde de points de vue différents, loin des images toutes faites. Une occasion de s’interroger sur les choix que font nos sociétés ici et ailleurs, parfois si promptes à mettre leurs corps en obstacle avant, ou pas, d’accueillir l’autre…
« Le corps en obstacle », jusqu’au 28 juillet à 17h55 à la Chapelle du Verbe Incarné (relâche les 19 et 26)