Le cas des rugbymen Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu et Josaia Raisuqe permet aux joueurs fidjiens "d'ouvrir les yeux" sur les dangers qui les guettent à leur arrivée France, estime l'ailier du Racing 92 Joe Rokocoko dans un entretien à l'AFP.
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Joe Rokocoko évoque le procès ce mercredi 29 novembre pour violences en état d'ivresse de deux joueurs fidjiens du Stade Français devant la 24ème chambre du tribunal correctionnel de Paris.
L’été dernier, Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu (27 ans) et Josaia Raisuqe (23 ans) avaient été interpellés après une altercation à Paris près d’une discothèque du XIIIème arrondissement. Josaia Raisuqe est aussi poursuivi pour « agression sexuelle ».
Joe Rokocoko est un ancien international néo-zélandais d'origine fidjienne (68 sélections entre 2003 et 2010). Il est impliqué dans Pacific Rugby Players Welfare (PRPW), une association d'aide aux joueurs des Fidji, Tonga ou Samoa souvent déracinés lorsqu'ils quittent leur pays d'origine pour leur carrière sportive.
Un mal-être que peuvent vivre des joueurs français repérés dans les clubs du Pacifique de Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie pour jouer au haut-niveau.
AFP: Avez-vous des nouvelles de Waisea et Raisuqe?
Joe Rokocoko : "Ils sont passés par une période très compliquée. Ils disaient avoir fait les mauvais choix et regrettaient vraiment. J'ai essayé de faire passer ce message: Vous êtes jeunes, nous faisons tous des erreurs mais c'est important d'apprendre d'elles et d'avancer. C'est dur pour eux et c'est important de leur parler parce que le risque de dépression est là, quand ils rentreront aux Fidji et que tout le monde saura. Il faut qu'ils sachent qu'ils auront toujours du soutien, qu'il suffit juste de passer pour parler."
AFP: Raisuqe, jugé en plus pour agression sexuelle, a été licencié du Stade Français, contrairement à Waisea. Comment va-t-il maintenant?
Joe Rokocoko : "Il a eu une seconde chance (recruté par Nevers, D2, NDLR). Il va bien. Il prend plaisir à jouer et il parvient de nouveau à se concentrer sur son rugby, sa foi l'aide beaucoup. Une arrivée dans une grande ville peut vous faire dévier facilement... Pour Waisea, tout va bien, il a eu une seconde chance avec le Stade Français. (Cette affaire) n'est pas une bonne chose mais c'est un bon moyen pour nous, joueurs fidjiens, d'ouvrir les yeux: cela peut nous arriver aussi."
AFP: Les clubs français recrutent des Fidjiens en masse. Clermont et Brive ont même des académies sur place. Est-ce une bonne chose pour le pays?
Joe Rokocoko : "C'est une question difficile parce qu'elle est très sensible pour les joueurs. Pour moi, personnellement, la réponse est mitigée. D'un côté, ils prennent les joueurs tellement jeunes et parfois la fédération n'est même pas au courant. Le salaire ou la rémunération sont très faibles et les Fidji, les Tonga, les Samoa, y perdent. C'est ce qu'on peut entendre là-bas. Du côté positif, c'est une occasion pour le joueur de partir outre-mer, de se confronter à une culture différente, d'apprendre à bien jouer et de développer son jeu."
AFP: Sur place, a-t-on conscience des dangers qu'un tel exil comporte?
Joe Rokocoko : "Il y a une prise de conscience, l'éducation progresse. Je ne sais pas si les académies le font déjà, mais il devrait y avoir des cours d'un mois pour apprendre le mode de vie français, les impôts, et tout ce qu'un joueur devrait savoir avant de quitter le pays. Faire en sorte qu'un Fidjien qui ne connaît pas le système français, ne sait pas ce qu'un contrat signifie, soit traité de manière équitable et qu'il n'ait pas de mauvaises surprises à son arrivée en France. Ces derniers mois, c'est devenu un sujet majeur." AFP : Comment remplissez-vous votre rôle de parrain?
Joe Rokocoko : "Notre réseau est en train de se structurer et on me dit: Parle avec tel joueur. C'est plus un pansement, surtout avec ceux souffrant de dépression. Nous avons vu des exemples de suicide (Isireli Temo, pilier de Tarbes, fin 2016, NDLR), nous regrettons de n'avoir pas agi avant. Une personne française va penser que tout va bien chez le joueur parce qu'elle le voit sourire. C'est normal, ils n'expriment pas leurs sentiments, ne montrent pas leurs problèmes. Aux Fidji, on sourit et on avance. C'est une mentalité que nous tentons de faire évoluer en partageant des moments. Essayer de faire en sorte qu'il n'ait pas le mal du pays. A la maison, ils ont un cadre strict avec leur famille. Ici, ils arrivent dans une grande ville dans laquelle ils ont le droit de tout faire. C'est dur parce qu'ils dépriment et cherchent des moyens pour ne pas penser à chez eux et à leur foyer qui leur manque."
Ils ont été interpellés après une altercation à Paris dans la nuit du 22 au 23 juillet 2017. Ils avaient été placés en garde à vue après leur arrestation près d'une boîte de nuit du XIIIe arrondissement.
Josaia Raisuqe est aussi poursuivi pour « agression sexuelle ». L’une des victimes est une éducatrice spécialisée de 35 ans. Elle a rapporté à la police que Josaia Raisuqe avait « touché (sa) poitrine de manière brutale », selon sa plainte consultée par l’AFP.
S'en est suivie une altercation entre les deux sportifs et deux amis de la jeune femme, qui affirment avoir alors reçu plusieurs coups de poing. Ils se sont vus prescrire deux et trois jours d'interruption totale de travail (ITT). Les deux joueurs, qui évoluent au poste de trois-quarts aile, fortement alcoolisés au moment des faits, avaient été placés en cellule de dégrisement.
Josaia Raisuqe risque sept ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende pour agression sexuelle avec la circonstance aggravante de l’ébriété. Son ancien partenaire pourrait, quant à lui, écoper d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende s’il était condamné.
L’été dernier, Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu (27 ans) et Josaia Raisuqe (23 ans) avaient été interpellés après une altercation à Paris près d’une discothèque du XIIIème arrondissement. Josaia Raisuqe est aussi poursuivi pour « agression sexuelle ».
Joe Rokocoko est un ancien international néo-zélandais d'origine fidjienne (68 sélections entre 2003 et 2010). Il est impliqué dans Pacific Rugby Players Welfare (PRPW), une association d'aide aux joueurs des Fidji, Tonga ou Samoa souvent déracinés lorsqu'ils quittent leur pays d'origine pour leur carrière sportive.
Un mal-être que peuvent vivre des joueurs français repérés dans les clubs du Pacifique de Wallis-et-Futuna, Nouvelle-Calédonie et de la Polynésie pour jouer au haut-niveau.
AFP: Avez-vous des nouvelles de Waisea et Raisuqe?
Joe Rokocoko : "Ils sont passés par une période très compliquée. Ils disaient avoir fait les mauvais choix et regrettaient vraiment. J'ai essayé de faire passer ce message: Vous êtes jeunes, nous faisons tous des erreurs mais c'est important d'apprendre d'elles et d'avancer. C'est dur pour eux et c'est important de leur parler parce que le risque de dépression est là, quand ils rentreront aux Fidji et que tout le monde saura. Il faut qu'ils sachent qu'ils auront toujours du soutien, qu'il suffit juste de passer pour parler."
AFP: Raisuqe, jugé en plus pour agression sexuelle, a été licencié du Stade Français, contrairement à Waisea. Comment va-t-il maintenant?
Joe Rokocoko : "Il a eu une seconde chance (recruté par Nevers, D2, NDLR). Il va bien. Il prend plaisir à jouer et il parvient de nouveau à se concentrer sur son rugby, sa foi l'aide beaucoup. Une arrivée dans une grande ville peut vous faire dévier facilement... Pour Waisea, tout va bien, il a eu une seconde chance avec le Stade Français. (Cette affaire) n'est pas une bonne chose mais c'est un bon moyen pour nous, joueurs fidjiens, d'ouvrir les yeux: cela peut nous arriver aussi."
AFP: Les clubs français recrutent des Fidjiens en masse. Clermont et Brive ont même des académies sur place. Est-ce une bonne chose pour le pays?
Joe Rokocoko : "C'est une question difficile parce qu'elle est très sensible pour les joueurs. Pour moi, personnellement, la réponse est mitigée. D'un côté, ils prennent les joueurs tellement jeunes et parfois la fédération n'est même pas au courant. Le salaire ou la rémunération sont très faibles et les Fidji, les Tonga, les Samoa, y perdent. C'est ce qu'on peut entendre là-bas. Du côté positif, c'est une occasion pour le joueur de partir outre-mer, de se confronter à une culture différente, d'apprendre à bien jouer et de développer son jeu."
AFP: Sur place, a-t-on conscience des dangers qu'un tel exil comporte?
Joe Rokocoko : "Il y a une prise de conscience, l'éducation progresse. Je ne sais pas si les académies le font déjà, mais il devrait y avoir des cours d'un mois pour apprendre le mode de vie français, les impôts, et tout ce qu'un joueur devrait savoir avant de quitter le pays. Faire en sorte qu'un Fidjien qui ne connaît pas le système français, ne sait pas ce qu'un contrat signifie, soit traité de manière équitable et qu'il n'ait pas de mauvaises surprises à son arrivée en France. Ces derniers mois, c'est devenu un sujet majeur." AFP : Comment remplissez-vous votre rôle de parrain?
Joe Rokocoko : "Notre réseau est en train de se structurer et on me dit: Parle avec tel joueur. C'est plus un pansement, surtout avec ceux souffrant de dépression. Nous avons vu des exemples de suicide (Isireli Temo, pilier de Tarbes, fin 2016, NDLR), nous regrettons de n'avoir pas agi avant. Une personne française va penser que tout va bien chez le joueur parce qu'elle le voit sourire. C'est normal, ils n'expriment pas leurs sentiments, ne montrent pas leurs problèmes. Aux Fidji, on sourit et on avance. C'est une mentalité que nous tentons de faire évoluer en partageant des moments. Essayer de faire en sorte qu'il n'ait pas le mal du pays. A la maison, ils ont un cadre strict avec leur famille. Ici, ils arrivent dans une grande ville dans laquelle ils ont le droit de tout faire. C'est dur parce qu'ils dépriment et cherchent des moyens pour ne pas penser à chez eux et à leur foyer qui leur manque."
Rappel des faits : deux joueurs du Stade Français jugés pour violences en état d’ivresse
Les deux joueurs fidjiens du Sade Français Waisea Nayacalevu Vuidravuwalu et Josaia Raisuqe comparaissent pour « violences en état d’ivresse » devant la 24ème chambre du tribunal correctionnel de Paris.Ils ont été interpellés après une altercation à Paris dans la nuit du 22 au 23 juillet 2017. Ils avaient été placés en garde à vue après leur arrestation près d'une boîte de nuit du XIIIe arrondissement.
Josaia Raisuqe est aussi poursuivi pour « agression sexuelle ». L’une des victimes est une éducatrice spécialisée de 35 ans. Elle a rapporté à la police que Josaia Raisuqe avait « touché (sa) poitrine de manière brutale », selon sa plainte consultée par l’AFP.
S'en est suivie une altercation entre les deux sportifs et deux amis de la jeune femme, qui affirment avoir alors reçu plusieurs coups de poing. Ils se sont vus prescrire deux et trois jours d'interruption totale de travail (ITT). Les deux joueurs, qui évoluent au poste de trois-quarts aile, fortement alcoolisés au moment des faits, avaient été placés en cellule de dégrisement.
Josaia Raisuqe risque sept ans d’emprisonnement et 100.000 euros d’amende pour agression sexuelle avec la circonstance aggravante de l’ébriété. Son ancien partenaire pourrait, quant à lui, écoper d’une peine allant jusqu’à trois ans de prison et 45.000 euros d’amende s’il était condamné.